Discuté en ce moment à l'Assemblée nationale, le projet de loi asile et immigration divise au sein même de la majorité. Ce mardi 17 avril, la député LREM de la Manche Sonia Krimi expliquait au micro de France Inter qu'elle votera contre ou s'abstiendra.
Face à Léa Salamé dans la matinale de France Inter ce mardi 17 avril, la député de la République en Marche de la Manche Sonia Krimi a réaffirmé son opposition au projet de loi asile et immigration porté par le gouvernement. Une position déjà défendue en janvier dernier. Malgré les menaces à peine voilées de son président de groupe Richard Ferrand d'exclure les élus contestataires du groupe parlementaire, elle a défendu son droit à la dissidence promis aux électeurs. "En Marche c’est la liberté et la bienveillance. Ça c’est le nouveau monde. L’ancien monde c’est les injonctions, les menaces… Donc le nouveau monde c’est moi. C’est cette diversité qu’on assume et pas cette fermeture. En Marche c’est et la droite et la gauche!" appuyait-elle ce matin.
La philosophie est bonne, mais il manque des éléments
Le ministre de l'intérieur Gérard Collomb a présenté ce projet de loi comme équilibré entre humanité et fermeté. Pour Sonia Krimi, l'idée globale et la philosophie du texte sont bonnes. Elle y voit une volonté de "mieux accueillir et mieux éloigner, mais tout ça dans la dignité". Mais pour la député, il manque quelques éléments au texte, notamment sur le délit de solidarité. Elle dit attendre des avancées sur cette interdiction d'aider les migrants. Elle est également fermement opposée au placement des enfants en détention, contrairement à Gérard Collomb. "On peut acter nos désaccords et travailler sur nos accords. Ça c'est un point de désaccord.", déclare-t-elle.
Même opposition concernant le délais de recours à la Cour nationale du Droit d'Asile réduit à 15 jours. "On oblige des personnes qui sont loin de leurs droits, donc encore les plus fragiles, à ne pas déposer de recours. Ils sont éloignés avant même de garantir leurs droits." argumente-t-elle.
Un positionnement influencé par son propre parcours?
Agacée d'être régulièrement ramenée à son statut de "franco-tunisienne" (elle a été naturalisée française en 2012), Sonia Krimi ne nie cependant pas l'influence de son propre parcours dans son positionnement. "Je n'ai pas connu les centres de rétention, mais j'ai connu les queues à la préfecture et le fait d'arriver à 4h du matin pour espérer prendre un ticket à 7h et attendre jusqu'à 15h pour passer devant des fonctionnaires dépassés par le nombre de dossier." témoigne-t-elle.
Il reste encore une semaine de discussion à l'Assemblée nationale, "il peut y avoir des surprises". Mais Sonia Krimi dit ne pas y croire. Elle décidera de son vote d'ici la fin de la semaine. Elle sait déjà que ça ne sera pas pour. Elle votera contre ou s'abstiendra.