Ce lundi matin, la Chapelle-en-Juger est un village qui revit. Pendant bientôt trois ans, le pain a manqué. Ce matin, la première fournée de baguettes est sortie du four. La boulangerie a enfin trouvé un repreneur.
Ce lundi 20 janvier, il y avait déjà du monde à l'ouverture de la boulangerie. Ici, à la Chapelle-en-Juger, des années longues comme des jours sans pain se sont écoulées avant l'arrivée du nouveau boulanger. Trois ans sans boulangerie... Pourtant le nouveau repreneur était à deux pas.
Jonathan Rouland, 27 ans, est le nouveau boulanger. Ses beaux-parents habitent à la Chapelle-en-Juger. Ils découvrent un prospectus dans leur boîte aux lettres : recherche boulanger. "Mon beau-père m'a dit : ben tiens, c'est pour toi" explique Jonathan "toi qui cherches une boulangerie, celle-ci est pour toi, essaie !".
Je me suis renseigné et ça a été très vite, la Mairie a beaucoup investi, dans tout le matériel, parce qu'on pouvait pas s'installer autrement. On a un petit loyer pour nous aider
Jonathan Rouland
"On n'a pas dormi du tout avec le stress"
"On n'a pas dormi du tout avec le stress" explique le nouveau boulanger "il faut gérer les fournées (pas de perte mais pas de manque non plus). On cuit toute la journée, au fur et à mesure. On s'adapte."Ca fait bientôt trois ans que c'est fermé alors on ne s'attendait pas à avoir énormement de monde tout de suite. Au final je suis très surpris. Ce matin, ils sont au rendez-vous, ils sont là et on les remercie.
Ils sont là, comme promis... en septembre, 80 personnes s'étaient mobilisées pour réclamer la réouverture de la boulangerie. Ils sont au rendez-vous, à peine le pain sorti du fournil.
La disparition de la boulangerie de la Chapelle-en-Juger (50) avait ému jusqu'au journaliste du New-York Times, dépêché sur les lieux en octobre dernier. Dans un article intitulé "Des baguettes sorties d'un distributeur ? Quelle tragédie", il évoquait la particularité des villages français et de leur sacro-sainte boulangerie. Car un village sans boulanger est un village qui meurt doucement....
La réouverture ? "C'est une bonne chose, affirme Gaëtan Drots un habitant du village, son pain sous le bras, "dès la première journée, les gens sont déjà curieux de voir la tête des nouveaux boulangers". "Il y avait la queue tôt ce matin", enchaîne un ancien, pressé de voir, dans la foulée, revivre le côté épicerie de la boutique.
Les gens se croisent à nouveau, se parlent, ont le sourire : c'est un lieu de vie qui renaît...