Des commerçants ambulants de la Manche manifestent pour la réouverture des marchés

Une trentaine de camions de commerçants ont défilé dans les rues de Saint-Lô (50) lundi 20 avril après-midi, malgré l'interdiction des rassemblements. Bouchers, poissonniers, fromagers demandent au préfet de la Manche d’ouvrir à nouveau les marchés alimentaires.

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« Nous voulons la réouverture des marchés plein air dans toute la Manche ». Ce sont les mots qui figurent sur la pancarte accrochée aux grilles de la préfecture du département, à Saint-Lô.


Un rassemblement en plein confinement

Fromagers, bouchers ou encore poissonniers bravent les interdits pour défiler dans les rues de Saint-Lô, ce lundi 20 avril 2020. Avec cette action, ils demandent au préfet de la Manche la réouverture des marchés alimentaires.

Conformément aux annonces du Premier ministre du 23 mars 2020, les marchés sont fermés. Le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume a appelé les maires et les préfets à favoriser leur réouverture en respectant les normes sanitaires.

« La règle, c'est l'interdiction et l'exception, c'est la dérogation », rappelle le préfet de la Manche Gérard Gavory. Le département compte 102 marchés alimentaires. Le préfet a délivré des dérogations à « 40 communes » sur les 60 demandes, précise-t-il. La Manche est le département normand ayant accordé « le plus de dérogations », souligne le préfet.

 


Gérard Gavory ajoute qu'il accorde les demandes selon les critères suivants : « est-ce qu'il y a un besoin d'approvisionnement de la population sur le territoire de la commune ? Si oui, est-ce qu'il y a des mesures de sécurité qui peuvent être prises pour assurer la disposition des étals ? ».

Les dérogations ont été délivrées aux petites communes manchoises dont l'offre commerciale est moindre. 

Des drives ont donc été mis en place notamment dans les grandes villes comme Avranches, Saint-Lô et Coutances. Pour le marché de Saint-Lô, composé de 90 étals, le préfet a privilégié une organisation différente, comme les points d'approvisionnement. La raison ? Ne pas mettre en jeu la sécurité sanitaire de la clientèle. 
 

Les systèmes de drive insuffisants pour les commerçants

Equipé d’un masque et de gants, le poissonnier Ulrich Dumont klaxonne au volant de son utilitaire dans le cortège de commerçants. Depuis le confinement et la fermeture des marchés, ce Manchois a perdu 50 % de son chiffre d’affaires. « Il faut rouvrir les marchés : c’est une question de survie », lance Ulrich Dumont.

« On survit », Ulrich Dumont, poissonnier sur les marchés


Le poissonnier maintient son activité grâce aux points d’approvisionnement mis en place dans certaines communes, comme à Saint-Lô. Mais ce drive ne permet pas d’effectuer autant de ventes qu’un jour de marché. Le commerçant n’a « qu’une heure pour distribuer les commandes aux clients », indique-t-il.

Même constat pour Samuel Quinette, boucher-charcutier dans le secteur de Coutances. Le drive n'est pas suffisant pour ce participant au rassemblement. Son manque à gagner est également important. Il estime avoir perdu « les trois quarts de son chiffre d'affaires au mois d'avril ». Le commerçant ajoute indigné : « C'est de l'alimentaire, on ne vend pas des fringues ». 

« Je peux comprendre que les commerçants et toutes les catégories socio-professionnelle souffrent », concède le préfet de la Manche Gérard Gavory. Attaché à protéger la santé et à appliquer le décret, il indique : « tous les commerçants touchés par cette crise ont la possibilité de solliciter une aide », comme le fonds de solidarité et les crédits de trésorerie auprès des banques.
 
 

Plus de sécurité sur les marchés que dans les grandes surfaces ?

Le poissonnier approvisionne habituellement des restaurants et travaille sur quatre marchés manchois. Seul un d’entre eux a obtenu une dérogation. A Hauteville-sur-Mer, le marché se tient une fois par semaine malgré la crise sanitaire. « Un sens de la circulation est imposé à la clientèle, les distances et les mesures de sécurité sanitaire sont respectées », constate Ulrich Dumont. Pour lui, les marchés sont plus « sains » que les grandes surfaces. Il ajoute énervé : « les supermarchés sont des nids à microbes ».

La Confédération paysanne de la Manche « partage la colère des commerçants ambulants », dans un communiqué paru samedi 18 avril 2020. Elle apporte son soutien à l’action organisée ce lundi mais n’appelle pas à la mobilisation.
Le porte-parole Yves Sauvaget dénonce « l’attitude excessive et incohérente du préfet » à ne pas autoriser la tenue de certains marchés. Il constate aussi que « les mesures sanitaires sont plus drastiques sur les marchés que dans les grandes surfaces ». 
 
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