Un incident diplomatique a éclaté vendredi entre la Turquie et la France, qui était représentée par la députée de la Manche, Sonia Krimi. Au ceur de l'incident, le génocide arménien. La députée a reçu depuis une menace de mort. Et dénonce une campagne de fake news international.
Le ton monte entre Paris et Ankara. La députée de la Manche Sonia Krimi était en déplacement en Turquie vendredi 12 avril en tant que membre titulaire de l’Assemblée parlementaire de l’Otan. Au sein de cette assemblée, elle fait partie du groupe spécial Méditerranée et Moyen-Orient, du comité politique et du comité défense et sécurité.
Mais à l’ouverture de la réunion de l’Assemblée parlementaire de l’Otan à Antalya (sud), le président du parlement turc Mustafa Sentop a une nouvelle fois attaqué la France, l’accusant de « manipuler l’histoire » et la tenant pour responsable des massacres commis en Algérie à l’époque coloniale et au Rwanda.
Sonia Krimi s'est dit choquée par ces propos.
Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu s’en est pris violemment de son côté à la France :La France, elle, sait regarder son histoire avec lucidité. En déclarant, le #24avril, « journée nationale de commémoration du #génocidearménien », la #France ne donne de leçons à personne. Elle ne doit en recevoir d’aucun pays, y compris de la #Turquie. #MevlütÇavuşoğlu pic.twitter.com/TJOu0asYuS
— Sonia Krimi (@Sonia_Krimi) 12 avril 2019
" En termes de génocide et d’histoire, la France est bien le dernier pays à pouvoir donner des leçons à la Turquie parce que nous n’avons pas oublié ce qu’il s’est passé au Rwanda et en Algérie. Vous pouvez continuer à regarder les choses de haut mais nous continuerons à vous remettre à votre place de cette façon ».
Sonia Krimi et la délégation française ont quitté la salle en signe de protestation.
Nous allions dire qu’après s’être fait remettre à leur place par @MevlutCavusoglu, @Sonia_Krimi & @senateurJGM s’éclipsent à ...l’anglaise, sauf que "ytö izö anbilivabale" mais il nous faudrait un traducteur pour comprendre les derniers mots prononcés.pic.twitter.com/Rdh8sgj1KA
— FATSR - BİTDEFE ✒️ (@fatsr_bitdefe) 12 avril 2019
Dans un facebook live postée aujourd'hui depuis Antalya, la députée dénonce une campagne de fake news internationale, un révisionnisme historique mâtinée de racisme.
" Je n'ai pas fui, c'est faux, c'est du montage, ceux qui croient ça sont des blaireaux, je n'avais simplement pas le droit de prendre la parole, insultée, j'ai quitté la salle avec toute la délégation française...(...) Circulent partout des montages, des fakes news où l'on me voit partir avec des images accelérées, avecde la musique"
" Sur le génocide arménien, peut-être s'agit-il d'un suicide collectif d'un million et demi de personnes?"
" On me ramène à mes origines tunisiennes, je note des points communs entre les thèses de l'extrême-droite et le parti islamo-conservateur turque"
Le génocide arménien au coeur du conflit
Dans ces tweets, Sonia Krimi utilise les hastags #24avril et #genocidearmenien. La Turquie refuse l’utilisation du terme « génocide », estimant des massacres réciproques avec l’Arménie sur fond de guerre civile et de famine ayant fait des centaines de milliers de morts de part et d’autre.
Le Ministre turc des affaires étrangères a qualifié de populiste la reconnaissance par la France du génocide arménien, à la suite de mon intervention qu’il a jugée « méprisante » (…). En déclarant le 24 avril « journée nationale de commémoration du génocide arménien », la France ne donne de leçons à personne. Elle ne doit en recevoir d’aucun pays, y compris de la Turquie. »
Menaces de mort sur Twitter
— Ali (@Ali41259942) 13 avril 2019
Une photo d’armes à feu et de balles a été postée sur Twitter par un certain Ali (anonyme, forcément)en réponse à Sonia Krimi, la menaçant ainsi de mort. Ce compte Twitter n’a été créé qu’en mars dernier et ne compte pas d’autres posts.