En Normandie, le monde de la nuit ne veut pas être le grand oublié du déconfinement

Le déconfinement connait une phase d'accélération ces derniers jours. Mais un secteur ne dispose toujours pas de visibilité sur son avenir. Le monde de la nuit s'estime oublié par l'Etat. A Saint-Lô, des patrons de discothèques se sont rassemblés devant la préfecture ce mercredi 17 juin.

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"Soutenons le monde de la nuit, il y a urgence." Le message inscrit sur leurs pancartes, c'est celui qu'ils sont venus porter à la préfecture de la Manche ce mercredi matin. Si le déconfinement s'accélère en France, eux sont réduits à regarder le train passer, sur le bas-côté. Les restaurants et cafés ont rouvert, y compris en Île de France, les salles de spectacle sont autorisées à la faire (sous certaines conditions) et les cinémas devraient accueillir lundi prochain leurs premiers spectacteurs depuis plusieurs semaines. Mais les discothèques, elles, n'entrevoient toujours pas le bout du tunnel. "On est complètement oublié de l'Etat", déplore Matthieu Lebrun, gérant du Milton club, à Baudre, "On est complètement dans l'attente, à l'arret. C'est très difficile pyschologiquement et financièrement."

Ils étaient une quinzaine de patrons de boites de nuit à se rassembler ce mercredi matin devant les grilles de la préfecture de Saint-Lô. Trois d'entre eux ont été reçus par la directrice de cabinet du préfet, qui, selon eux, a reconnu méconnaître leur problématique. La délégation espère que cet entretien permettra de faire remonter leurs préoccupations, plus larges que le simple sort des discothèques. "Il y a énormément de métiers derrière", plaide Emmanuel Giard, gérant de la discothèque le Gipsy, à Lessay, "Ce n'est pas que les patrons de discothèque. Moi, j'ai une dizaine de salariés. Ils attendent aussi, bien évidemment. Pour certains, c'est leur activité principale. Mais il y a aussi les intermittents du spectacle, les DJ "guest" qui ne sont pas résidents et qui, eux aussi, attendent nos appels pour travailler."

"Sans visibilité, on est condamné"

A Alençon, Henri-Pierre Danloux, le patron du Bayokos, partage pleinement les préoccupations de ses confrères de la Manche. "Dans quatre jours, je dois faire ma déclaration de TVA, je saurai alors à combien s'élève précisément mon manque à gagner mais je peux déjà vous dire que ça se chiffre à plusieurs dizaines de milliers d'euros." Le chef d'entreprise, qui emploi "6 à 7 salariés en équivalent temps plein", tient d'abord à saluer l'aide de l'Etat pendant le confinement. "Les mesures de l'Etat fonctionnent très bien : le fond de solidarité, le chômage partiel et le prêt garanti. En trois jours, c'est fait, il y a une rapidité extraordinaire. L'Etat a joué le jeu. Maintenant, pas de chiffre d'affaire pendant trois mois, c'est compliqué"."

Et au moment de donner de la visibilité quant à l'avenir, le rythme est beaucoup moins sotenu. "Comme toute entreprise en France, sans visiblité, on est condamné. Qu'on nous donne au moins un planning !", implore Henri-Pierre Danloux, "Qu'on rouvre dans 15 jours ou dans six mois, ça fait une énorme différence, en terme de prévision de trésorerie ou de charges. Mais on n'a rien, aucune info, les seules infos qu'on a ce sont les allocutions du président de la République ou du premier ministre." Le patron du Bayokos et ses confrères de l'Orne ont eux aussi sollicité un rendez-vous en préfecture. Un rendez-vous qu'ils préparent déjà depuis plusieurs semaines.

Aux antipodes de la distanciation sociale

Les quatre chefs d'entreprise se sont mis autour de la table pour élaborer un protocole sanitaire. "Le maître mot c'est de ne pas mettre en danger la santé de nos personnels et de nos clients", souligne Henri-Pierre Danloux, "Il y a les mesures habituelles comme la mise à disposition de masques et de gel hydroalcoolique mais aussi des solutions innovantes comme la prise de température à l'entrée ou la création d'un fichier de coordonnées des personnes qui entrent dans l'établissement." Le collectif ornais revendique "une démarche constructive" et sait la tâche difficile.

"Les discothèques sont aux antipodes de la distanciation sociale", reconnait le patron du Bayokos, qui a également envisagé de réduire la jauge, une disposition qui, immanquablement, entrainerait une perte de rentabilité. "On veut travailler main dans la main avec les autorités. On ne veut pas faire n'importe quoi. On est conscient qu'il faut suivre l'évolution de l'épidémie. On ne veut pas de réouverture à tout prix.

Louper la saison estivale ?

Cette position, comme le rapportent nos confrères de Libération, c'est en substance celle d'organisations professionnelles comme l’Association française des exploitants de discothèque et dancing (Afedd) ou la Chambre syndicale des lieux musicaux, festifs et nocturnes (CSLMF). D'autres, comme la branche nuit de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih-Nuit) plaident en revanche pour une réouverture le plus tôt possible, afin de ne pas louper la saison estivale. Tou s'accordent néanmoisn sur la nécessité d'obetnir des autorité un calendrier clair et précis. 

Dans la Manche, la quinzaine de gérants de discothèques réunis devant la préfecture espéraient ne pas avoir à monter sur Paris pour faire entendre leurs voix. 

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