L'ambiance est de nouveau électrique sur les eaux de la Manche entre les pêcheurs français et britanniques. Les coquillards normands ont décidé d'avancer de 3 semaines leur arrivée dans la zone des 12 - 20 000 qui devait ouvrir le 1er novembre.
La saison s'annonçait belle avec cette année un gisement de coquilles satisfaisant. Mais dès le printemps, on voyait poindre les premiers nuages à l'horizon. Une semaine après l'ouverture, l'ambiance est de nouveau à l'orage entre les pêcheurs britannniques et français.
Un accord réglemente pourtant les bonnes pratiques entre les professionnles de part et d'autre de la Manche. Problème: certains bateaux passent au travers des mailles du filet de la réglementation, les navires de moins de 15 mètres et ceux venus d'Irlande, récemment arrivés sur la zone et non-signataires. Ces derniers s'autorisent à draguer les fonds de la zone de pêche qui ne devait ouvrir que le 1er novembre. Et selon certains pêcheurs rencontrés à la débarque à Port-en-Bessin, il ne s'agit pas de petites navires.
La France a donc dénoncé cet accord et la zone litigieuse est désormais ouverte à tous. Mais la situation n'est pas pour autant apaisée. Les quotas, destinés à préserver la ressource et fixés par le comité des pêcheurs normands, restent en vigueur. Ces quotas, qui ne s'imposent qu'aux Français, sont de plus en plus mal vécus. "Les bateaux anglais n'ont aucune limite, ils pêchent tout ce qu'ils veulent et comme ils veulent", reconnait Dimitri Rogoff, président de la commission inter-régionale coquille.
A ce contexte déjà tendu s'ajoute les possibles conséquences du Brexit. La Grande-Bretagne veut couper les ponts avec l'Europe et se refermer sur elle-même, y compris ses eaux. "Depuis le vote du Brexit, la pêche anglaise s'est un petit peu raidie par rapport aux Français et on sent bien que certains Anglais voudraient bein mettre les Français hors de leurs eaux". Dès le mois de juillet dernier, le comité national des pêches avait écrit au premier ministre Manuel Valls pour lui faire part de ses inquiétudes. Il estimait que "les régions Hauts-de France, Normandie et Bretagne" seront "très fortement impactées" par la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.
Reportage de Jérôme Raguenau et Carole Lefrançois
Intervenants:
- Thierry Lefrançois, patron du Thiérisa
- Dimitri Rogoff, président de la commission inter-régionale coquille