« On espère que ça ne durera que trois semaines » : face à la fermeture des écoles, les parents normands dans l'embarras

Emmanuel Macron avait mis un point d’honneur à les maintenir ouvertes coûte que coûte. Finalement, face à l’ampleur de la troisième vague de Covid-19, le Président a dû se résoudre à fermer les écoles. Commence alors un casse-tête dans l’organisation des parents.

C’est le retour de l’école à la maison. Dès mardi, les crèches et les écoles fermeront pour trois semaines. Les collèges et les lycées pour quatre semaines. Après avoir renforcé plusieurs fois le protocole sanitaire dans les classes, l’exécutif a considéré cette fois-ci qu’aucune autre solution n’était possible pour freiner l’épidémie de coronavirus.

Dans le détail, les élèves des écoles, collèges et lycées bénéficieront de cours à distance la semaine du 4 avril. Puis les enfants auront le droit à des vacances de deux semaines sur tout le territoire national indépendamment de la zone où se situe leur académie. La rentrée en présentiel aura lieu le 26 avril pour les élèves de maternelle et du primaire. Pour les collégiens et lycéens, il faudra attendre une semaine de plus.

Comme lors du premier confinement au printemps 2020, les parents exerçant une profession essentielle, non organisable en télétravail comme les professionnels de santé, pourront tout de même faire garder leurs enfants par l’école pendant cette période. De même que les enfants en situation de handicap qui pourront continuer à être accueillis dans le secteur médico-social.

Une annonce attendue

"Je sais, croyez-moi, ce que cette réorganisation implique de changements profonds pour les parents d’élèves et pour les familles. Mais c’est la solution la plus adaptée pour freiner le virus tout en préservant l’éducation et donc l’avenir de nos enfants", justifie Emmanuel Macron dans son allocution du 31 mars.

"On espère que ça ne durera que trois semaines", soupire, pessimiste, Laurence*, maman de deux faux jumeaux de 7 ans scolarisés en CP à Caen. Les annonces du Président de la République ne sont pas une surprise métropole de Rouen. "Nous avons la chance d'avoir un jardin, cela permettra aux enfants de s'aérer", positive-t-il.

Concilier école et travail à la maison : une mission impossible

Laurence compte d'ailleurs sur son modeste carré d'herbe pour organiser les gardes d'enfants avec ses voisins. Chargée de mission pour une collectivité territoriale, elle considère que "télétravailler et faire l'école à ses enfants est une mission impossible". C'est pourquoi elle demandera une semaine de congé, tout comme son mari, pour assurer les vacances scolaires. Pendant cette période, ses deux enfants devaient initialement aller au centre aéré. Quant à la semaine prochaine, Laurence espère que son employeur fera preuve de mansuétude pour lui octroyer un chômage partiel. "Quoi qu'il arrive je ne veux pas installer mes enfants devant la télévision pendant des heures, car c'est contraire à nos valeurs d'éducation. Nous ferons en sorte qu'un de leurs deux parents soit là pour les occuper", explique-t-elle.

Pour Mathias et son épouse, l'organisation devrait être un peu plus simple du fait de l'âge de ses enfants. "Ils sont autonomes, s'ils avaient été au primaire ça aurait été plus compliqué", reconnait le papa. Entrepreneur, le travail à la maison n'a plus de secrets pour lui. Bien que sa famille ne vive pas dans une maison, le confinement du printemps 2020 s'est globalement bien passé. "Chacun à son espace. Les règles sont définies. Et je peux, tout comme ma femme psychologue, aménager mon emploi du temps comme je le souhaite afin de partager des activités avec mes deux garçons", analyse-t-il.

"C'est plutôt pour les enfants que ça va être dur de passer trois semaines sans voir les copains", relativise même un parent d'élève en primaire devant les grilles du groupe scolaire Henri Sellier, à Colombelles près de Caen.

"C'est sûrement la moins pire des solutions"

"C'est un échec du gouvernement, voilà plusieurs semaines que nous proposions des solutions pour éviter la fermeture des écoles comme le dédoublement de classes, le recrutement de personnels ou le choix de tiers lieux en extérieur", assène Elisabeth Lechevalier présidente de la Fédération des Conseils de Parents d'Élèves (FCPE) de Seine-Maritime.

Pour cette représentante, le choix de fermer les écoles est fortement préujidiciable pour les familles modestes qui ne possèdent pas les outils pour pratiquer l'école en distanciel dans de bonnes conditions d'apprentissage.

"C'est sûrement la moins pire des solutions", reconnait Maud Rothmann, représentante de la FCPE du Calvados." D'un point de vue pédagogique, les élèves de primaire ne vont perdre que trois jours de classes. Pour les collégiens et les lycéens ça risque d'être un peu plus lourd."

"C’est un effort pour vous protéger et pour protéger les autres", assure Emmanuel Macron. Les parents, eux, espèrent que cet effort durera le moins de temps possible.

*Les prénoms ont été modifiés

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