#OnVousRepond : peut-on se faire soigner normalement les dents pendant le confinement ?

Lors du premier confinement, les chirurgiens dentistes ont dû stopper leur activité pendant huit semaines. Un an plus tard, l'épidémie est toujours là. Et la rage de dents n'attend pas ! 

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Durant huit semaines, les 40 000 chirurgiens dentistes se sont retrouvés en vacances forcées. Avec l'apparition de la covid-19 en France et l'instauration du confinement, leur activité a été purement et simplement arrêtée sur recommandation de l’ordre national des chirurgiens-dentistes. Pour assurer la continuité des urgences, l'ordre avait mis en place un parcours de soins adossé à des centres de régulation départementaux.

Les cabinets ont pu rouvrir deux mois plus tard, quand la profession a pu convenablement s'approvisionner en équipement de protection (masques FFP2 par exemple) et quand un protocole sanitaire spécifique a obtenu la validation de la Haute Autorité de Santé. Ce guide des bonnes pratiques a obtenu le feu vert le 14 mai 2020 et a été mis à jour plusieurs fois depuis. La dernière version date du 21 janvier dernier et s'étale sur plus d'une vingtaine de pages. L'Association Dentaire Française en a publié une version illustrée et plus digeste, accessible au grand public. De quoi, peut-être, rassurer

Est-ce que le nombre de rendez-vous a été divisé par deux dans les cabinets dentaires ?

Lors de la réouverture des cabinets dentaires, plusieurs médias ont titré sur des rendez-vous réduits de moitié dans les cabinets dentaires. Une information accréditée dans l'esprit des patients par la difficulté d'obtenir aujourd'hui un rendez-vous. Elle ne figure pourtant pas parmi les recommandations faites aux praticiens.

"Hors covid, il y a un problème national, et particulièrement dans notre région : il n'y a pas assez de dentistes", explique Paul Rebmann, chirurgien-dentiste à Caen, "On n'a pas divisé le nombre de rendez-vous. On a juste mis en place un temps d'attente d'un quart d'heure entre chaque rendez-vous pour nettoyer et aérer les locaux (ndlr : une des bonnes pratiques validées par la HAS). Mais ce n'est pas ça qui explique la difficulté à obtenir un rendez-vous. C'est plutôt le manque de praticiens."

La crise sanitaire a pourtant une influence, indirecte, sur les plannings des dentistes et l'allongement du temps d'attente des patients. "Beaucoup de patients ont remis à plus tard leur visite chez le dentiste. Ça a été beaucoup plus calme pendant une période : le téléphone sonnait moins. Et là, depuis deux mois, on s'est fait complètement submerger. Les gens ont compris que ça allait durer un peu et que de toute façon il fallait bien qu'ils aillent chez le dentiste", raconte Paul Rebmann, "Beaucoup de gens ont attendu et ça complique un peu les choses. Quand les patients arrivent, si la situation est beaucoup plus grave qu'elle n'était six mois auparavant, le nombre de rendez-vous à mettre en conséquence est plus long pour gérer le problème. Pour trouver une place pour pouvoir faire un soin, il me faut trois mois minimum et pour faire des contrôles on est au moins à six-sept mois."

Est-ce que je peux me faire détartrer ?

A la réouverture des cabinets en mai 2020, le détratrage était aux abonnés absents, un soin générateur d'aérosols potentiellement contaminés par la covid-19. "Au tout début, on essayait de ne pas en faire. Mais ce n'était pas interdit. C'est une question de politique de cabinet. On peut décider de ne pas faire de détartrage, de contrôle mais après ça vous revient comme un boomerang. Il y a beaucoup de cabinets qui se sont faits surprendre comme ça. Si il n'y a pas de prevention, quand les gens arrivent, ce ne sont que des trucs lourds à gérer", estime le dentiste caennais, "Il n'y a pas de soin proscrit."

Et en effet, dans les recommandations validées par la Haute Autorité de Santé, aucune intervention ne fait l'objet d'une interdiction. Le guide des bonnes pratiques fait seulement une distinction entre des soins urgents (inflammations aigues, infections, traumatismes, hémorragies) et des soins non-urgents, et conditionne l'accès d'un patient à ces deux types de soins en fonction de sa potentielle ou avérée contamination au coronavirus. "Le détartrage permet d'éviter tous les problèmes qu'il y a au niveau de la gencive. Il y a des patients qui ont des besoins vraiment importants et ça évite le déchausssement des dents par exemple", rappelle Paul Rebmann.

Toutefois, "la possibilité de reporter des soins non urgents, notamment ceux générant le plus d’aérosols potentiellement contaminés, doit être envisagée dans les zones à forte transmission de la COVID-19", stipule le guide validé par la HAS.

Je suis cas contact ou positif à la covid : puis-je me faire soigner ma rage de dents ?

"Hier, on a eu une petite fille qui avait des douleurs. Sa maman nous a appelés et nous a dit qu'elle était cas contact. Je l'ai vue en fin de journée, je l'ai mise en dernier rendez-vous pour éviter au maximum le risque." En procédant de cette manière, le dentiste caennais suit à la lettre les consignes sanitaires. "On ne peut pas la laisser comme ça." Les patients du groupe 2 (cas de covid confirmé, potentiel ou contact) peuvent recevoir des soins urgents "sur des plages horaires dédiées". En revanche, pour la classique visite de contrôle, il faudra attendre que le test revienne négatif. 

Mon dentiste est installé dans un autre département ou une autre région : puis-je m'y rendre ?

En attendant le déconfinement, les déplacements sont soumis à des limites d'horaire (le couvre-feu à 19 heures) et de distance. A quelques exceptions. Et la raison médicale - achat de médicaments ou visite chez le médecin - en est une. A condition de se munir d'une attestation et de cocher la case "Consultations, examens et soins ne pouvant être assurés à distance ni différés". Comme l'indique la formulation, la consultation doit revêtir un caractère d'urgence. A plus forte raison si vous devez changer de région ou de département. Un mail ou un SMS de confirmation du rendez-vous ainsi qu'une ordonnance mentionnant l'adresse du praticien pourront s'avérer utile pour convaincre les forces de l'ordre, en cas de contrôle, du bien-fondé de votre déplacement.

 

 

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