2020 s’annonce catastrophique pour l’agriculture : témoignages dans le Perche

De mauvaises récoltes de blé, des prévisions catastrophiques pour le maïs, des prairies asséchées : les céréaliers et les éleveurs du Perche tirent la sonnette d’alarme. Après un hiver particulièrement humide, la sécheresse annonce une année noire pour l’agriculture.
 

« Dans la région la situation devient vraiment dramatique : les terres sont très sèches. »  Céréalier à Suré dans le Perche, Didier Loiseau désespère de voir venir la pluie. « Depuis la mi mars, quelques rares pluies d’une dizaine de millimètres sont tombées, mais sur des terres très sèches cela n’a pas d’efficience. »  

Comme si cela ne suffisait pas, ces mois de sécheresse succèdent à un hiver très humide. Les sols gorgés d’eau ont compliqué l’ensemencement. Résultat : les récoltes de blé, orges et colza ont été catastrophiques. Les rendements de blé (40 quintaux), orges (40 quintaux), colza (20 quintaux) sont divisés par deux par rapport aux années précédentes.
 

La récolte de maïs s’annonce très mauvaise

Et avec la sécheresse qui s’installe, les récoltes de tournesol et de maïs s‘annoncent très mauvaises.
 

Sans eau, le maïs ne se développe pas. Dans ses parcelles, Didier Loiseau constate que certains brins n’ont même pas d’épi. 
 

On ne peut plus sauver la récolte de maïs : la floraison est passée, s’il n’y a pas d’épi, il n’y a pas d’épi ! Une récolte sans grain sera une récolte nulle.

Didier Loiseau, céréalier à Suré (61)

 

« Certains éleveurs devront se séparer d’animaux »

Ces mauvaises nouvelles chez les céréaliers assombrissent l’avenir des éleveurs. En effet, les vaches et les chevaux du Perche peinent déjà à trouver de quoi se nourrir dans les prairies, asséchées. « Il faut déjà complémenter la ration des prairies », explique Guillaume Larchevêque, éleveur à Ménil Erreux (61) et vice- président de la chambre d’agriculture de l’Orne.
 

« Les stocks fourragers du printemps sont faibles, les stocks de paille aussi, nous devons donc anticiper un approvisionnement mais beaucoup de régions sont touchées par les mauvaises récoltes. Et avec les maïs qui risquent de dessécher sur pieds, les prix vont flamber. »

Guillaume Larchevêque craint le pire pour les mois à venir, car les trésoreries de nombreux agriculteurs de la région sont déjà très tendues : «  Certains éleveurs devront se séparer d’animaux car ils n’auront pas les moyens de les engraisser. »

Sécheresse dans l’Orne : quelles solutions à court terme ?

Dans l’immédiat, à part « une grosse pluie d’au moins 20 millimètres qui permettrait de relancer les stocks d’herbe », Guillaume Larchevêque ne voit pas d’autre solution.
La récente décision du ministère de l’agriculture et de l’alimentation d’autoriser les éleveurs à utiliser les surfaces en jachère pour faire pâturer leurs troupeaux ou faucher pour produire du fourrage ne soulage qu’une partie des éleveurs, selon le vice-président de la chambre d’agriculture de l’Orne.  
En effet, cette autorisation ne concerne que les parcelles détenues par les éleveurs. Guillaume Larchevêque plaide pour aller au-delà : «  Il faudrait que les céréaliers puissent mettre à disposition leurs parcelles pour les éleveurs, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. »

Climat : les agriculteurs normands vont devoir s’adapter

2020 semble donc être une année noire pour l’agriculture française, et l’Orne ne fera pas exception.
 

2020 est exceptionnelle : de l’orge au maïs, les récoltes n’auront jamais été aussi mauvaises, tout au long de l’année

Didier Loiseau, céréalier à Suré (61)


Mais les deux agriculteurs du Perche constatent que les cinq dernières années se suivent et se ressemblent : des hivers doux et humides, suivis par des printemps et étés très secs. Guillaume Larchevêque compare maintenant « le climat de la pointe du Perche à celui des pays de Loire ».
 

Les agriculteurs normands doivent donc songer à l’irrigation, notamment pour le maïs, comme le font de nombreuses régions françaises. Face aux détracteurs de cette plante accusée d’être très gourmande en eau, Didier Loiseau explique que « le maïs est en fait la céréale qui consomme le moins d’eau par rapport au quintal produit, mais son besoin en eau concentré l’été. »

Et face à ces années trop humides en hiver et trop sèches en été, les deux agriculteurs plaident pour une même solution : stocker l’eau.
 
Didier Loiseau estime que l’irrigation sera nécessaire dans les années à venir, avec des solutions collectives comme la création de bassins de rétention.
 

Il est aberrant de voir tant d’eau passer tout l’hiver dans nos fossés et de ne pas pouvoir la stocker

Guillaume Larchevêque, éleveur à Ménil Erreux (61) et vice- président de la chambre d’agriculture de l’Orne



En attendant que ces solutions durables soient mises en place, les agriculteurs normands n’ont plus qu’à prier le ciel pour qu’il amène la pluie et permette de limiter l’étendue de la catastrophe pour 2020.





 
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