En novembre 2016, une délégation normande sétait rendue en Iran. Lors d'une réception à l'ambassade de France, le patron d'un abattoir iranien avait interpellé Hervé Morin. L'homme d'affaire était très intéressé par les vaches de notre région. Les premiers animaux vont bientôt prendre l'avion.
Si tout se passe bien, elles devraient embarquer au mois de juin. La direction des services vétérinaires iranienne est attendue en Normandie la semaine prochaine pour sélectionner les 400 animaux qui feront le voyage. Un premier voyage qui a valeur de test. Si l'expérience se révèle concluante, plusieurs millers suivront.
L'histoire commence en novembre 2016. Une délégation de 13 entreprises normandes, emmenée Hervé Morin, est en Iran pour prospecter de nouveaux marchés. A l'occasion d'une réception à l'ambassade de France, un homme d'affaire iranien interpelle le président de Région. Il a racheté et réhabilité cinq ans auparavant un abattoir (construit, pour la petite histoire, par des Américains au début des années 70) situé à 120 km à l'ouest de Téhéran. Mais le chef d'entreprise ne dispose pas des animaux nécessaires.
Six mois plus tard, l'accord conclu sur un coup de tête entre Hervé Morin l'entrepreneur iranien prend forme. Par l'intermédiaire de la sénatrice de l'Orne, Nathalie Goulet, un exportateur de viande bovine originaire de Bourgogne, Jean-Louis Riotte, a été sollicité pour organiser cette opération. L'homme a l'habitude de travailler avec cette région du monde, notamment l'Azerbaïdjan, pays voisin de l'Iran.
C'est lui qui a opté pour le transport aérien, préférable au voyage par la route, en raison de la dangerosité de certaines zones traversées et du "bien-être" des animaux (12 jours de voyage avec des températures pouvant atteindre les 40 degrés par la route). De plus, l'abattoir iranien dispose d'une piste d'atterrissage.
Des vaches de Normandie...mais charolaises
Si les vaches qui feront le voyage sont toutes originaires d'exploitations normandes, c'est la race charolaise qui a été retenue par le client iranien qui cherche avant tout une race à viande (quelques laitières normandes seront toutefois du voyage). L'Iran est un gros consommateur de viande rouge. Jusqu'à présent, le pays importe de la viande brésilienne congelée, une viande qui n'a plus les faveurs d'une certaine clientèle, plutôt aisée.Pour ce voyage, ce sont essentiellement des jeunes broutards qui seront retenus, pour des raisons de poids. Car les 400 animaux embarqueront dans le même avion. Ils seront engraissés par la suite sur place, en Iran. Il seront les premiers bovins non seulement français mais aussi européens à être exportés dans ce pays. Les Normands grillent ainsi la politesse aux Allemands qui, déjà très présents dans l'industrie, tentent depuis quelques temps de s'implanter dans l'agro-alimentaire. D'autres animaux pourraient suivre. L'abattoir iranie estime ses besoins à 20 000 bêtes par an.
Reportage d'Alexandra Huctin et Gwenaëlle Louis
Intervenants:
- Jean-Louis Riotte, négociateur français, représentant de l'acheteur iranien
- Hervé Morin, président de la Région Normandie