Un colis de Noël reçu par un détenu crée la polémique à la prison d’Alençon-Condé-sur-Sarthe dans l’Orne. En cause : la direction du centre pénitentiaire qui aurait « redistribué » ce colis trop lourd à d’autres prisonniers.
Le Père-Noël vit-il dans la prison la plus sécurisée de France ? La question est fantaisiste mais l’histoire qui va suivre est digne des contes les plus abracabrantesques.
Tout commence samedi dernier, lorsqu’un détenu reçoit ses proches en unité de vie familiale (UVF), un petit appartement de deux pièces qui permet de passer un peu de temps en famille.
Le détenu en question se voit remettre un colis de Noël de 18 kg. Problème : le poids maximum autorisé est de 5 kg. L’année dernière à la même période un épisode du même genre avait d’ailleurs fait polémique lorsqu’un colis de 59 kg avait été déposé.
Un système de "prête-noms" dans la hotte de la direction ?
Pourtant, selon un communiqué du Syndicat local pénitentiaire Force ouvrière, une partie du colis est remis au détenu en UVF (ce qui serait contraire au règlement selon FO) et le reste est placé en chambre froide au lieu d’être détruit ou restitué à la famille.
Le week-end se passe et le lundi, la direction du centre pénitentiaire se met en quête d’une solution. « L'administration va demander elle-même à d'autres détenus de devenir des prêtes-noms pour que le reste du colis qui a été bloqué plus tôt puisse rentrer ! », poursuit FO dans son communiqué.
Un détenu en quartier d’isolement, qui ne connaît pas le destinataire du colis, aurait ainsi accepté de jouer le jeu.
Le colis, selon la direction de l’administration pénitentiaire que nous avons contactée, aurait été séparé en parts égales afin de « ne pas faire de gaspillage » et de contenter des détenus « qui ont un bon comportement et qui n’ont pas de liens familiaux ».
Autrement dit : la direction aurait voulu faire un cadeau de Noël aux plus sages. Ensuite les versions divergent.
La chasse au gaspillage
Selon FO, le « prête-nom » n’a eu qu’une faible part des 18 kg en guise de remerciement, et le reste est revenu au détenu à qui était destiné le colis afin de ne pas créer d’incident avec ce dernier.
Emmanuel Guimaraes, secrétaire FO pénitentiaire, dénonce « l’irresponsabilité de la direction qui fixe et contourne les règles elle-même », et de poursuivre : « Imaginez si le détenu prête-nom avait eu une intoxication ou une réaction allergique, qui aurait été responsable de cela ? »
Du côté de l’administration pénitentiaire, on reconnaît « une petite erreur d’aiguillage » mais on affirme que « la même règle vaut pour tout le monde » : à aucun moment le détenu en UVF n’aurait reçu la quasi-totalité du colis. La direction ajoute « qu’il aurait été dommage de jeter 10 kg de nourriture ».
Comme quoi, même en prison, on peut encore croire au Père-Noël …