Ministre délégué au budget entre 2002 et 2004, Alain Lambert nous a livré ses souvenirs des coulisses du Président Jacques Chirac. Un élu pas comme les autres.
Il a appris la nouvelle de la mort de Jacques Chirac ce jeudi matin, avec tristesse évidemment. Choisi par le Président de la République pour être ministre du budget, Alain Lambert avait découvert un autre homme, derrière la personne politique. Un homme dont il avait pu "mesurer la hauteur de vue".
Petit tacle au passage pour les successeurs, quelque soit leur couleur politique.Il etait conscient qu'il écrivait une page d'histoire de la France. Les Français peuvent être fier du chef d'Etat qu'ils ont eu, car il avait une connaissance encyclopedique du monde. C'est la disparition de la génération de chefs d'Etat calmes, posés, pondérés, et qui étaient à la hauteur de l'histoire de leur temps.
Si le Maire honoraire d'Alençon (ex-UDF) n'était pas totalement du même bord politique que Jacques Chirac (fondateur du RPR), il se rappelle d'un homme avec "une chaleur humaine absolument débordante."
Un jour, il appelle à la maison à Alençon. Nous étions sortis ma femme et moi. C'est notre fille Elise, qui devait avoir 15 ans à l'époque, qui décroche. Il lui demande son prénom, lui demande dans quelle classe elle est... Il parle avec elle quoi. Il y a très peu de chefs d'état au monde capable de ça.
C'était Jacques Chirac lui-même qui avait choisi Alain Lambert pour intégrer le gouvernement Raffarin, et être "contre les dépenses". L'anecdote qui l'a le plus marqué, et résume très bien l'ancien Président, remonte à un conseil de défense :
J'explique que nous n'avons pas les moyens de la politque qui venait de m'être présentée. Ca agace Jacques Chirac et il me dit de manière très solennelle : "M. le Ministre, je n'ai pas le souvenir que vous aillez été elu président de la République française."
Dans ces cas là, on est pétrifié. On n'a qu'une envie, c'est que la séance soit terminée et rentrer chez soi.
A l'issue de la reunion, il m'a envoyé une grande tape dans le dos... C'était Chirac !