Après 54 ans d'existence, l'usine Marelli ferme ses portes dans les larmes, l'amertume et la résignation

Le fabricant de pièces automobiles Marelli ferme ses portes ce mercredi 31 janvier 2024 avec le licenciement de 167 personnes. L'entreprise était installée depuis 1970 à Argentan dans l'Orne.

Un moment de convivialité autour d'un buffet pour marquer la fin d'une histoire et des larmes sur certains visages. C'est avec le cœur lourd que les salariés passent leurs derniers instants sur leur lieu de travail. Dès ce mercredi 31 janvier au soir, l'usine Magnetti-Marelli à Argentan, dans l'Orne, ferme définitivement ses portes : "On n'est pas très bien, on se sent délaissé, je suis triste", nous confie Eloïse.

"Ça me fend le cœur"

L'idée qu'il n'y ait plus d'activité à partir de jeudi est compliquée à avaler : "Ça me fend le cœur, ça fait 41 ans que je bossais ici. C'est grâce à cette entreprise que j'ai pu élever mes enfants. J'ai aimé mon entreprise", raconte Carole. 

Comme elle, beaucoup ont fait leur vie à Marelli : "J'ai 57 ans, j'ai toujours travaillé ici", nous dit Loïc."Je fais partie des plus anciennes, j'arrive à la fin de ma carrière moi. Mais je pense aux jeunes qui vivent à Argentan et au moins jeunes pour qui je suis inquiète. Pourtant, il y a du travail ici. C'est du gâchis", lance une autre salariée. 

167 personnes sur le carreau

Le site était implanté depuis les années 1970 à Argentan. Il employait 167 salariés au total. Tous vont perdre leur travail. 

C'est en octobre 2023 que les employés apprennent la fermeture de leur usine. La direction leur annonce que la production sera délocalisée à Kechnec en Slovaquie, près de la frontière bulgare. Les actionnaires du fonds de pension américano-japonais KKRL estiment que la main-d'œuvre y est beaucoup moins chère et la rentabilité plus importante.

De leur côté, les syndicats affirment que le site d'Argentan était bénéficiaire en 2022 et devrait l'être en 2023. Environ deux millions de pièces destinées à être installées entre le filtre à air et le moteur des voitures thermiques sortaient de l'usine normande. Une entreprise qui économiquement était encore rentable. L’actionnaire principal en a décidé autrement. Un vrai gâchis selon les salariés : "On pouvait continuer à produire, mais KKR en a décidé autrement... on n'a pas le choix, on subit", lance Didier, totalement dépité. 

Pour Jean-Philippe Fresny qui fait partie de l'intersyndicale Marelli : "C'est 54 ans d'histoire de ce site qui prend fin ce soir et 167 personnes qui vont perdre leur travail. À cette même date, l'année dernière, on sortait de 22 jours de grève. Il y avait de la colère. Pendant un an, on a discuté de la suite des événements en ce qui concerne Marelli et là, depuis trois mois, on parle du plan social. C'est pénible. Pendant longtemps, on a ressenti un sentiment d'injustice, mais maintenant les gens sont résignés, on ne peut pas lutter contre ces grands groupes-là".

"On tombe sur des salopards"

Selon nos confrères de Ouest-France, le groupe Lemoine, un fabricant de produits de soin basé à Flers dans l'Orne, est intéressé par le site Marelli à Argentan. Mais le vendeur en demanderait 4 millions d’euros, montant bien plus élevé que ce que pourrait proposer l’acheteur. Les négociations sont donc loin d'être finalisées.

Au micro de France Bleu Normandie, Hervé Morin, président de la Région Normandie a confié que cette somme était bel et bien exorbitante : "Ils étaient prêts à le vendre pour quasiment rien et tout à coup, ils annoncent que ça vaut plus de 4 millions d'euros. Tout ça ne rime à rien. Personne ne va acheter un site à ce prix à Argentan qui est un des lieux les plus difficiles économiquement de la Normandie. Là, on avait la chance d'avoir pour une fois un projet industriel solide porté par une entreprise familiale et qui donnait un nouvel espoir d'une nouvelle activité industrielle à Argentan, qui allait embaucher plusieurs dizaines de salariés. Et on tombe sur des salopards quoi, c'est tout !". 

Environ 20% des salariés vont pouvoir partir à la retraite. Mais pour la majorité, ce licenciement ouvre une période difficile. Une cellule de reclassement va les accompagner pendant un an avec le maintien de leur salaire durant toute cette période. 

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