Selon les agences immobilières du Perche, c’est du jamais vu. Depuis la présence du Covid19, la demande des parisiens a doublé : nombreux sont ceux à vouloir acheter à la campagne pour se réfugier en cas de nouvelle crise sanitaire.
Depuis le premier jour du déconfinement, Aurore Perret, directrice de l’agence l’Etoile Immobilière, est une femme pressée. Elle multiplie les visites pour répondre à un engouement inattendu.
Fermée pendant les deux mois de la crise sanitaire, son agence a néanmoins reçu des dizaines d’appels de parisiens intéressés par un pied à terre dans le Perche.
Pendant le confinement, on voyait que les parisiens cherchaient activement. Certains voulaient absolument visiter, quitte même à braver l’interdiction de circuler. Aujourd’hui, ils cherchent tous la même chose : la maison de campagne avec jardin, une belle vue et peu de travaux. Là ce qu’ils veulent, c’est du rapide !
"Ce n’est plus trop l’Amérique à Paris", Aurore Perret
Une sensation d’urgence, un ras le bol après deux longs mois d’enfermement dans leurs appartements. C. D, avocate à Paris, a cherché activement sur les sites internet et vient de trouver son bonheur.
« Ça faisait longtemps qu’on réfléchissait à acheter à la campagne. Avec le confinement, le fait d’être sans espace vert, coincé à Paris, ça nous a renforcés dans cette idée-là, ça a précipité les choses. On a acheté une maison très au calme, sans voisin avec juste des vaches pour compagnie. Quelque chose d’authentique »
Pour Aurore Perret, responsable des ventes à l'Etoile Immobilière, la crise sanitaire a été, en quelque sorte, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Déjà ce qui avait bien fait fonctionner notre commerce, c’était les attentats, le bataclan. A l’époque les gens sentaient une insécurité grandissante à Paris. Avec ce virus, ils se rendent compte que c’est plus trop l’Amérique à Paris
La découverte du télétravail
A l’annonce du confinement, de nombreux parisiens ont pris la fuite. Certains se sont réfugiés dans leurs familles, d’autres ont loué à la hâte une maison à la campagne ; l’occasion pour beaucoup de découvrir les joies du télétravail dans un environnement privilégié. Après cette parenthèse confinée, de nouvelles habitudes se sont installées et le champ du possible s’est ouvert à de nombreux franciliens. Bruce Fontaine avait, lui, déjà travaillé quatre ans en télétravail à Paris. Au moment de créer sa société, l'évidence s'est imposée :
On vient de créer une start-up de vente privée de luxe. On s’est rendu compte qu’on n'avait plus besoin d’être en région parisienne pour exercer notre activité professionnelle et que vu le coût des logements à Paris, on avait tout intérêt à s’installer en province. Idéalement, on cherche une maison dans le vieux Bellême, avec un jardin et des travaux. On veut repartir sur une copie neuve. On a la chance de pouvoir le payer cash ; on a un budget de 150 à 200 000 euros.
Un marché très ciblé
Une balade dans le Perche, permet rapidement de comprendre le coup de cœur des parisiens pour ces collines verdoyantes. A 150 kilomètres de Paris, le contraste est saisissant : des champs à perte de vue oú s’éparpillent de belles maisons en pierre ou d’anciennes fermes fortifiées. Une densité immobilière très faible qui fait que les maisons à vendre ne sont pas si nombreuses. Romain Le Roy, de l’agence Lair Immobilier, a dans son portefeuille une centaine d’annonces mais seulement 1/3 de celles-ci peuvent réellement intéresser la clientèle parisienne.
On est sur une clientèle très CSP +, chef d’entreprise. Le client ce qu’il veut, c’est une maison avec un environnement génial. La maison en pierre, authentique, pas dénaturée par la main de l’homme. Le parisien, il a déjà son appartement à Paris, ce qu’il vient chercher c’est les murs à la chaux, les tommettes anciennes, les poutres apparentes, les vieilles huisseries en bois. Mais la priorité c’est l’environnement ! En quittant Paris, ce qu’il veut c’est prendre son pied visuellement en ouvrant les volets le samedi matin
Combien vont réellement passer à l’acte, l’engouement ne va-t-il pas retomber au gré du retour à la vie normale ? Un bilan que les agences immobilières tireront à l’issue de la période estivale. Mais pour les personnes intéressées par une vie de télétravailleur à la campagne un problème reste entier. De nombreux secteurs dans le Perche ne bénéficient pas encore d’une connexion internet à très haut débit : l’un des premiers points testé par les parisiens lors de leurs visites.