Marché de l'immobilier en Normandie : quelles sont les tendances du secteur après la crise sanitaire ?

En raison de la période d'urgence sanitaire, pour la première fois, le marché de l'immobilier, comme beaucoup d'autres secteurs économiques a été mis en pause plusieurs semaines. Désormais l'activité reprend doucement et selon les professionnels la Normandie ne devrait pas souffrir de la crise.

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La crise sanitaire que la France a traversé a fortement ralenti l'économie qui reprend aujourd'hui lentement.
Le marché de l'immobilier n'a pas été épargné. Les volumes de ventes ont été fortement diminué en raison de l'impossibilité de se déplacer et donc de visiter des bien.

Il est en tout cas encore difficile de quantifier les pertes et les effets de cette période de confinement sur ce secteur. En revanche, la reprise s'opère déjà depuis plusieurs jours et la Normandie pourrait tirer son épingle du jeu dans les mois à venir et les professionnels sont confiants.


La Normandie est "solide"

Notre région fait partie des régions françaises qui n'a subit quasiment aucune plus-value immobilière durant ces 10 dernières années. En d'autres termes, le marché était depuis longtemps très stable avant la crise du coronavirus, les prix des biens en Normandie étaient en adéquation avec le pouvoir d'achat et il n'y a pas de raison que cela change. 

Ce n'est pas nous qui connaîtrons les plus grandes difficultés, ça c'est certain.
Maître Eric Rungeard, notaire à Déville-lès-Rouen

Selon Maître Eric Rungeard, notaire à Déville-lès-Rouen et représentant des notaires de l'Eure et de la Seine-Maritime, la Normandie sera donc moins impactée par la crise sanitaire que d'autres régions : "Dans notre région, les prix étaient plutôt dans la fourchette basse par rapport au reste de la France. On a un marché de l’immobilier qui est majoritairement composé de maisons. Or il y a en ce moment une bonne attractivité pour le jardin, surtout quand on est confiné".
 


La proximité de la Normandie avec la capitale sera un atout encore plus fort dans les mois à venir explique le professionnel :"Si vous comparez la couronne parisienne et puis la campagne normande, on a des prix qui sont à des opposés. Or aujourd’hui avec le développement du télétravail et la proximité avec une région où les prix sont très importants, ce n’est pas nous qui connaîtrons les plus grandes difficultés ça c’est certain. On a un marché qui est solide".
 


Des modes de vie repensés et des déménagements forcés

Cette période très sombre a certainement alteré le moral de la population, certains n'ont peut-être plus trop confiance en l'avenir ou ont des difficultés à se projeter.

Aujourd'hui, avec le télétravail qui va rentrer dans les moeurs, les gens auront moins de scrupules à habiter à 30 kms de l’autoroute et à acheter une maison pas très chère mais avec un beau terrain et une bonne connexion internet.
Maître Eric Rungeard, notaire à Déville-lès-Rouen

Maître Rungeard aura perdu environ 15% de son chiffre d'affaires annuel à cause du confinement et compte sur les optimistes pour favoriser le marché de l'immobilier. D'après lui, les gens vont repenser leur vie et voudront désormais plus de confort.

Les modes de vie vont évouluer et ce sera à la faveur des campagnes : "Il y avait une perte d’appétence vraiment énorme pour la campagne, un peu lointaine des grands axes. Aujourd'hui avec le télétravail qui va rentrer dans les moeurs, on aura moins de scrupules à habiter à 30 kms de l’autoroute et à acheter une maison pas très chère mais avec un beau terrain et une bonne connexion internet. Avec tout ça, il suffit d'aller 2-3 fois en ville la semaine pour aller au siège de sa société et c'est tout".
 
Dans les agences immobilières aussi, ces nouveaux besoins et ces nouvelles envies se font sentir. Damien Perrard, directeur d'une agence à Isneauville près de Rouen l'a constaté aussi depuis le début de la semaine, "on a beaucoup d'appels d'urbains, de personnes qui habitent en appartement ou en ville avec un balcon ou très peu d'espaces verts et qui cherchent quelque chose à la campagne parce qu'ils en ont besoin aujourd'hui".

Il y a de nombreux couples pour qui le confinement à sceller une situation qui était déjà latente.
Damien Pierrard, directeur de l'agence Guy Hoquet d'Isneauville

Autre situation que le professionnel a vu arriver dans son agence : des demandes d'estimations de biens en raison de séparations de couples : "le fait d’être confiné avec enfants et conjoint pendant deux mois, ça a un peu scellé le sort, explique t'-il. On a eu beaucoup de demandes pour estimer des maisons et pour rechercher de biens car les personnes ont besoin de nouveau logement".

 

Vers une baisse des prix ?

Le seul point d'interrogation reste celui des prix de l'immobilier. Selon les prévisions des notaires, le seul phémonène que l'on peut craindre, et c'est dommageable pour les vendeurs, c'est une baisse des prix de l'immobilier. Il y a plusieurs explications à cela.
 

S'il y a un risque de licenciement de l'emprunteur, la banque aura peur de prêter de l'argent.
Maître Rungeard, notaire à Déville-lès-Rouen

La première est liée au contexte économique. La période que nous venons de vivre a affaibli beaucoup d'entreprises obligeant certains d'entre elles à se séparer de salariés, permanents ou non. Ces pertes d'emploi vont logiquement diminuer le nombre de candidats à l'acquisition.


La seconde concerne les banques et la difficulté pour obtenir un prêt. La crise du coronavirus va accentuer leur frilosité. "Les banques vont avoir peur d’une crise économique et donc peur de la solidité du métier de l’emprunteur", explique Maître Rungeard.

Sa théorie est simple : moins il y aura d'acheteurs, plus les biens seront nombreux sur le marché et plus les prix baisseront. Le marché s'en trouvera modifié probablement aux alentours de l'automne ou de l'hiver 2020.
 

Une hypothèse qui n'est pas partagée par Damien Pierrard, agent immobilier près de Rouen. Pour lui, les futurs acheteurs qui tablent sur une baisse des prix "se bercent d'illusion" : "Même si on a une remontée des taux, on a plus de demandes que d’offres. On est quasiment sur un rapport de 1 à 5, on a presque un bien pour 5 acquéreurs. Je ne vois pas une baisse des prix de 10% c’est impossible".

Aujourd’hui sur plus de 200 clients de mon portefeuille,  j’en ai 5 qui ont mis leur projet en veille.
Damien Pierrard, directeur de l'agence Guy Hoquet d'Isneauville.


Les professionnels s'accordent à dire en tout cas que le regain d'activité est bien là désormais. Dans l'agence de M. Pierrard, parmi son portefeuille de 200 clients, seule une poignée a mis son projet de vente ou d'achat en veille. Tous les vendeurs sont toujours prêts à vendre et les acquéreurs prêts à acheter.

Les beaux jours sont arrivés, les gens ont à nouveau envie de visiter des biens immobiliers grâce à la possibilité de se déplacer librement depuis le 11 mai.
Pour les agents et les notaires, les démarches sont aussi redevenues "normales" car tous les interlocuteurs nécessaires à une transaction immobilière (services d'urbanisme, banquiers etc) ont repris le travail.

La vitesse de reprise de l'immobilier dépendra de la suite de la crise sanitaire, s'il y a une seconde vague de contamination, il est évident que le marché en pâtira.
 
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