C'est l'une des courses les plus difficiles au monde. Le 19 octobre, 2900 traileuses et traileurs s'élanceront de St-Pierre au sud de la Réunion pour, en moyenne, 50 heures de course. Parmi tous ces fous se trouve Alain, menuisier dans l'Orne et impatient d'arriver.
Chaque année, c'est le graal pour de nombreux coureurs. Les paysages contribuent au rêve mais ils y vont surtout pour se donner une certaine idée de l'enfer.
Une course de dingues
Avec ces 165 km, qui traversent en diagonale l'île de la Réunion et ses dénivelés positifs et négatifs d’environ 10 000 mètres - soit deux fois le Mont-blanc - le grand Raid de la Réunion est devenu une épreuve sur soi-même, qui attire des milliers de dingues.
Tellement nombreux que tous ne peuvent pas parcourir. Il faut payer son ticket - 190 euros puis avoir la chance d'être tiré au sort.
Alain y pensait sans trop y croire. En tout cas pas maintenant. Menuisier à Tinchebray, dans l'Orne, il commence le trail par des distances plus raisonnables, 50 Kms , 63 km puis en juin dernier, il franchit le cap symbolique des 100 km. Une fin en soi ? Un accomplissement ? Pensez-vous. Le hasard a l'art de rallonger les lignes d'arrivée.
"En étant finisher sur les 110 km, j'ai gagné le tirage au sort, organisé à la fin de la course pour la Réunion. Quitte à être fou, autant y aller jusqu'au bout. C'est la course d'une vie !
Alain Lehugeur, participant au Grand Raid de la Réunion 2023
Ses compagnons de course se préparent depuis un voire deux ans. Alain n'aura donc que quatre mois. Quatre mois pour sillonner les points hauts de Normandie qui affichent 300 mètres de dénivelé. Sacré contraste avec l'île de l'océan indien, qui réserve son volcan encore actif, le Piton de la Fournaise (2632m) , ses cirques comme Cilaos, Mafate et Salazie sans oublier la chaleur et l'humidité.
Une aventure qui se partage en famille
Pour sa femme et son fils, la course s'annonce également rythmée car toute la famille a décidé de prendre l'avion pour le suivre tout au long du parcours, au moment des points de ravitaillement. "Cela va être intense car on va courir un peu pour aller le rechercher mais ça va être un grand moment", raconte Martine Lehugeur.
Comme toute épreuve physique, le corps a besoin de l'esprit et le soutien moral compte. Laurent Marin, participant caennais l'an dernier, en sait quelque chose. Son Grand Raid a commencé dès l'aéroport.
Arrivé in extremis le Jour-J, il s'est précipité pour récupérer son sésame. Sans dossard, pas de ligne de départ.
L'effort et la solidarité restent de grands vainqueurs
Il a réussi à partir, mais avec une nuit blanche dans les jambes, il a dû batailler avec lui-même et ... Le chrono. Car il faut franchir la barrière du temps et ne pas excéder 66 heures de course, au risque d'être disqualifié.
Dans ces moments-là, et c'est la beauté de ce sport, se lient de belles histoires.
J'en garde un excellent souvenir. Il y a une ambiance incroyable sur cette course et comme j'ai fini dernier, je me suis retrouvé accueilli avec tous les honneurs.
Laurent Marin, participant caennais du Grand Raid 2022
"J'ai fini avec un breton, qui est devenu un ami d'ailleurs. Nous nous sommes soutenus mutuellement et c'était merveilleux. Nous étions tellement contents d'arriver après s'être battus comme des diables. On a tenu." précise cet avocat caennais, qui regarde avec des yeux pétillants Alain, en lui donnant de précieux conseils.
"L'ultra, ce n'est que la gestion de l'effort et du plaisir. C'est trop bien. Je l'envie", conclut-il.