Une jeune gendarme tuée lors d'un contrôle routier : dans l'Orne, le monde du judo pleure un de ses enfants

Une gendarme de 25 ans, Mélanie Lemée, a été percutée ce samedi soir à Port-Sainte-Marie par un automobiliste qui refusait d'obtempérer lors d'un contrôle routier. La jeune femme était orginaire de la Ferté-Macé, dans l'Orne, et une judokate de haut niveau.

Les secours n'ont rien pu faire pour sauver la jeune femme de 25 ans. Ce samedi 4 juillet, en début de soirée, un automobiliste refuse de s'arrêter à un contrôle de la Gendarmerie nationale sur la commune de Colayrac, dans le département du Lot-et-Garonne. Le conducteur fait alors l'objet d'un signalement aux services de police et de gendarmerie. Alors qu'il se dirige vers Agen, il fait demi-tour face à un barrage installé par des policiers. Les gendarmes mettent à leur tour en place un dispositif d'interception à Port Sainte-Marie, une commune voisine. "Lorsqu'il arrive sur le contrôle, le conducteur refuse à nouveau de s'arrêter, fait un écart pour éviter la herse déployée et quitte la chaussée. Il heurte violemment le gendarme Mélanie Lemée. Très grièvement blessée, elle décède malgré l'intervention des secours", indique le communiqué diffusé ce dimanche 5 juillet par le ministère de l'Intérieur.
 


Sans permis et de la cocaïne à bord

Le conducteur a été rapidement interpellé après le drame qui s'est déroulé vers 21 h 30. Il a été placé en garde à vue à la gendarmerie d'Agen. Le parquet qui a communiqué ce lundi 6 juillet 2020, sur les circonstances du décès, précise que le suspect a reconnu les faits et s'explique "par le fait qu'il conduisait sans permis, sous l'emprise de stupéfiants et avec de la de la drogue sur lui qu'il venait d'acheter."

L'homme est âgé de 27 ans et a déjà un casier judiciaire pour stupéfiant et délit routier. Il conduisait alors que son permis lui a déjà été retiré. 
"165 grammes de poudre blanche ont été retrouvés dans le véhicule, vraisemblablement de la cocaïne", précise le parquet d'Agen. Les analyses sont en cours. 
Selon les premiers éléments officiels, le véhicule roulait entre 130 et 160 km/h. Aucune trace de freinage n'a été retrouvée. 


L'hommage

Ce dimanche matin, plusieurs personnes sont venues déposées des fleurs devant les grilles de la gendarmerie d'Aiguillon endeuillée.
 

Dans le communiqué publié ce 5 juillet par le ministère de l'Intérieur, Christophe Castaner et Laurent Nunez "présentent leurs sincères condoléances à sa famille, à ses proches, ainsi qu'à l'ensemble de ses camarades de la Gendarmerie et de la grande famille du judo".
 

"C'est un enfant de la famille AJ 61 qui est parti"

Mélanie Lemée était originaire de la Ferté-Macé, dans le département de l'Orne. Elle avait commencé le judo dès l'âge de 4 ans et intégré six ans plus tard le club alençonnais alliance judo 61. "On est sous le choc, l'AJ 61 est peinée de cette horrible nouvelle", témoigne son président Tony Rouxel, "On a décelé très tôt qu'elle avait un gros potentiel, physique et mental. elle manquait un peu de confiance. On a réussi à la sortir de cette zone et c'est qu'elle a pu éclater, faire des résultats. Nos jeunes, on tient à eux. Nous, bénévoles, on fait ça pour ça, pour vivre des moments magiques avec eux, comme on a pu vivre avec Mélanie. Aujourd'hui, c'est un enfant de la famille AJ 61 qui est parti.
 

C'était une belle personne, une personne en or"

Joseph Terhec, champion de France de judo 2019



Joseph Terhec, le champion de France 2019 des plus de 100 kg, a également bien connu Mélanie Lemée. "On a grandi ensemble à travers le judo, on a fait nos premiers pas ensemble dans le haut niveau." Ce dimanche, le judoka originaire d'Alençon est traversé par plusieurs sentiments. "Il y a de l'incompréhension, de la haine, de la colère et bien sûr de la tristesse". Son ancien camarade de tatami garde bien sûr le souvenir d'une "très grande sportive" mais il loue avant tout ses qualités humaines. "Mélanie était une personne très gentille, elle ne disait jamais un mot plus que l'autre, elle n'avait jamais de pensées ou de propos négatifs à l'égard des autres, c'était une belle personne, une personne en or. Je me souviens perdre des combats et être au fond du trou. Elle venait immédiatement me réconforter en me disant que ce n'était pas grave. Elle ne se prenait pas la tête."

La jeune femme avait dû renoncer à une carrière professionnelle sur les tatamis après une rupture des ligaments croisés du genou alors qu'elle venait d'effectuer sa rentrée à l'INSEP. "L’entraîneur national m’a alors fait comprendre que c’était terminé pour moi comme j’étais en dernière année juniors", racontait-elle à nos confrères de Ouest-France en 2017. Elle avait ensuite passé le concours interne de la gendarmerie et intégré la brigade d'Aiguillon. Sans toutefois abandonné sa première passion. Elle avait remporté le titre de championne de France militaire dans sa catégorie en 2018 et participé à plusieurs tournois internationaux avec l'équipe de France militaire. 

Ce weekend, l'AJ 61 organisait un satge avec les enfants du club. "Si elle avait été dans le coin, elle serait venue boire un verre avec nous, refaire le monde et chercher de nouvelles idées pour le judo", déclare Tony Rouxel, "On est encore groggy par la nouvelle mais évidemment, c'est logique pour nous de lui rendre hommage. On fera quelque chose de beau à notre manière, dans la simplicité, parce que c'est ce qu'elle aimait.
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