Les oubliés d’internet à l’heure du confinement

L’Orne à la particularité de conserver sur son territoire quelques zones blanches. Des villages coupés du monde connecté. Une réalité bien difficile à vivre à l’heure du confinement.
 

A Saint Georges d’Annebecq, la crise sanitaire, a comme une saveur de cuivre rouillé. Comme ces fameux câbles qui sont censés les raccorder au monde moderne. Depuis des années, l’opérateur Orange traîne des pieds pour effectuer les travaux nécessaires qui permettraient une bonne connexion Internet et un bon réseau téléphonique. Il faut dire que ce petit village est loin d’être « bancable ». Il ne compte que 150 âmes, seulement 90 maisons habitées.

Aurélien Baudoux, le maire du village, mène la bataille avec le géant d’Internet depuis 2014. Quelques menus travaux sont effectués de temps à autres mais le problème est bien plus vaste.


Un débit cent fois inférieur à la moyenne française

Les différentes études montrent que le réseau cuivre est très vieillissant, le signal ne passe pas bien. Nous avons un sous répartiteur sur lequel Orange est intervenu au mois de décembre. Il y avait beaucoup de matériaux oxydés. 500 mètres de câble cuivre ont été changés. Il était percé, il y avait de l’eau dedans...
explique le maire

"On est en confrontation directe avec l’opérateur pour trouver des solutions" poursuit Aurélien BaudouxUn transport du signal "pas très étanche" diminue forcément le débit. Ici, il est de 0.135 Mégabit/sec, environ cent fois moins que la moyenne des français. En notre présence, monsieur le Maire a chargé ses mails. Résultat : dix minutes d'attente avant de pouvoir les consulter.

"A l’heure actuelle on reçoit beaucoup de circulaire de la préfecture, des ministères, on est censé se tenir à jour de tout ce qui se passe par rapport au covid19 et au confinement. La solution c’est de se connecter à distance sur le téléphone de mon travail. "

Le système D pour obtenir un signal sur son téléphone portable : le coller à l'antenne de sa voiture

Il  y a des endroits où on est obligé de coller le téléphone à l’antenne de voiture pour amplifier le signal afin que les sms puissent partir. 

David et Delphine Saussais vivent avec leurs trois enfants dans une belle longère au lieu-dit "La Chauvinière". Que ce soit pour le travail ou pour l’école tous ont besoin, en ce moment, d’Internet, du mobile ou du téléphone fixe. Une situation aujourd’hui ingérable.

'On ne peut pas être à quatre sur Internet", explique Delphine Saussais, '"si quelqu’un est au téléphone on ne peut pas en même temps télécharger une vidéo, ça bloque. Ou  alors, il y a des coupures dans la conversation téléphonique, on va avoir un mot sur deux. Avec le confinement, ça accentue la problématique. Nos besoins ont changé, nous devons tous être connectés en même temps".

Léo est en classe de 3ème : «Internet, c’est soit le matin très tôt, soit le soir très tard. J’attends que personne ne soit sur la connexion. S’il faut que je regarde tout de suite une vidéo pour faire mes devoirs, je ne peux pas ».

La zone blanche ne favorise pas le maintien à domicile des aînés

Une situation qui pourrait même devenir dangereuse pour certains habitants. Des hameaux reculés sont parfois coupés du monde sans même le téléphone fixe.  C’est ce qui est arrivé à Madeleine 85 ans et Gaston 91 ans pendant trois semaines. Sandra Lesure, leur petite fille, qui habite le même village est très inquiète pour eux.

"Ma grand-mère a souscrit à une montre connectée pour m'alerter en cas d’accident", explique Sandra, "mais elle a  souvent des problèmes de téléphone fixe. La montre passe par le téléphone et en cas d’urgence,elle ne peut pas nous appeler. On ne sait jamais ce qui se passe, on a toujours peur qu’il arrive quelque chose à mes grands-parents, qu’ils soient malades"

Le département de l’Orne a promis le très haut-débit pour tous les habitants du département en 2023. Une dépense de près de 52 millions répartie entre le département, la région et l’Etat. Espérons que les Géorgiens soient cette fois-ci éligibles. Lors du dernier plan numérique, le petit village n’avait pas atteint le seuil minimal des foyers mal raccordés pour prétendre au monde moderne.  
 
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