Saillies naturelles ou inséminations artificielles. Tout savoir en 6 questions et 8 photos

Publié le 07/05/2015 à 10h58 Mis à jour le 11/06/2020 à 03h28

Le temps des naissances et des poulains à venir. Monte naturelle, insémination artificielle directe ou via des paillettes congelées. Nous avons suivi en clinique Thomas, vétérinaire percheron et Charlie, inséminatrice. Vous saurez tout en 6 questions et 8 photos. Prochain épisode : en élevage.

Pourquoi une insémination artificielle ?

L’insémination artificielle a été rendue possible avec les progrès de la science mais aussi favorisée pour des raisons économiques. « Les risques sanitaires existent dans la monte naturelle : les infections ou les blessures toujours possibles durant les saillies disparaissent en cas d’insémination. »

Un court délai d’intervention. « La jument est suivi médicalement en début de chaleur : une échographie toutes les 48 heures pour déterminer le moment de l’ovulation. Le sperme, dans le cas de la monte naturelle peut être efficace jusqu’à 5 jours ; en congelé la durée de vie est seulement de quelques heures, une journée tout au plus. La semence fraîche permet une latitude un peu plus grande. Puis les tests sont réalisés toutes les six heures (durée de vie de l’ovule). Des images de l’utérus montrent la présence forte d’oestrogènes. Puis la croissance du follicule. Une pur sang est fécondable avec des follicules de 35 mm en moyenne. Une frisonne ovule à 60 mm. Quelques autres critères permettent de préciser, mais l’expérience est fondamentale. » • © F-m.L

Quel avantage ?

Hier par la monte naturelle, un étalon pouvait saillir une à deux juments par jour. Aujourd'hui avec l'insémination artificielle, la capacité de reproduction est bien plus importante. « Produire beaucoup de poulains c’est aussi permettre une sélection plus facile donc favoriser des progrès génétiques. La chance de détecter les très bons parmi 250 sujets est plus importante que dans un nombre plus restreint. »

Deux méthodes. « Les paillettes sont stockées en container dans l’azote liquide. Il y a la méthode classique, où la semence est déposée dans le corps utérin. On a récemment mis au point l’insémination artificielle profonde. La semence est placée devant l’ovaire identifié comme opérationnel. Le chemin à parcourir est plus court favorisant ainsi la rencontre et l’ovulation. La technique est controversée. Les étalonniers disent que cela fonctionne mieux. D’autres, comme les Haras Nationaux estiment que c’est une démarche à visée économique pour mettre à disposition moins de paillettes. Je sais seulement que la technique nouvelle est plus pratique car elle permet d’éviter les pertes au moment de la manipulation. » • © F-m.L

Quelle est la réglementation ?

Le Pur Sang ne peut être exploité qu'en monte naturelle. Pour le Trotteur Français il n'est autorisé que l’insémination immédiate donc forcément sur place. « Aucun transport de semence n’est possible ». Les chevaux de sports enfin, « on fait ce que l'on veut. Sur place en immédiat, ou par l’intermédiaire de paillettes congelées ou en monte naturelle ».

Chronométrage. « Un plan de cuve est indispensable pour aller le plus vite possible, dès l’ouverture du contener d’azote. Toutes les opérations sont également inscrites dans la rapidité d’exécution.
Tous les gestes sont importants. Dans une cuve à l’azote, sans rupture de la chaîne du froid, la semence a une durée de vie éternelle. » — Chronométrage. « Un plan de cuve est indispensable pour aller le plus vite possible, dès l’ouverture du contener d’azote. Toutes les opérations sont également inscrites dans la rapidité d’exécution. Tous les gestes sont importants. Dans une cuve à l’azote, sans rupture de la chaîne du froid, la semence a une durée de vie éternelle. » • © F-m.L

Quelles conséquences ?

Cela peut expliquer que pendant longtemps, la qualité des trotteurs a été moins bonne au sud de la Loire. « Les meilleurs reproducteurs se trouvant dans l’Ouest, les grandes distances ne simplifient pas la propagation des « Tops Etalons ». Pour les éleveurs de PACA, prendre un camion et monter dans les temps d’ovulation de la jument, l’attendre ou venir la récupérer… C’était beaucoup de contraintes logistiques. Les gains de performances ont été bien plus grands parmi les chevaux de sport.»

Traçabilité
« Une paillette (qui contient en France : 50 millions de spermatozoïdes) permet une traçabilité totale. Sont inscrits sur chacune le nom de l’étalon, le numéro sire (identité), le numéro du centre de congélation et le quantième de l'année. Un test de paternité est toujours possible. » — Traçabilité « Une paillette (qui contient en France : 50 millions de spermatozoïdes) permet une traçabilité totale. Sont inscrits sur chacune le nom de l’étalon, le numéro sire (identité), le numéro du centre de congélation et le quantième de l'année. Un test de paternité est toujours possible. » • © F-m.L

Une méthode meilleure qu’une autre ?

«La non intervention humaine est malgré tout gage d’efficacité… Le meilleur taux de fécondité est encore généré par le mode traditionnel : la monte naturelle. Elle précède l’insémination immédiate, en frais, sur place, avant la semence transportée. Enfin l’insémination par paillettes (congelées) ferme la marche. Les spermatozoïdes n’aiment pas les chocs thermiques. Ils n’apprécient donc ni la congélation, et moins encore la décongélation. »

Environnement stérile
« La technique du double gant permet de garder la pipette et la paillette placée à l’intérieur à l’abri des saletés. Le vagin, surtout dans sa première partie, est particulièrement bouillonnant de bactéries. Le problème se pose peu pour une jument et un étalon fertiles tous les deux. Pour les autres, la moindre seconde, le moindre détail compte. La pipette passe ensuite le col de l’utérus et est dirigée vers l’ovaire. » — Environnement stérile « La technique du double gant permet de garder la pipette et la paillette placée à l’intérieur à l’abri des saletés. Le vagin, surtout dans sa première partie, est particulièrement bouillonnant de bactéries. Le problème se pose peu pour une jument et un étalon fertiles tous les deux. Pour les autres, la moindre seconde, le moindre détail compte. La pipette passe ensuite le col de l’utérus et est dirigée vers l’ovaire. » • © F-m.L

Le piston permet d’expulser la semence. L’ovocyte libéré descend à la rencontre des spermes qui arrivent un à un.
Il y a des paramètres que l’on ne maîtrise pas. Si tout se passe bien, une échographie réalisée 14 jours après confirme que la fécondation est un succès ; sinon il faut recommencer.» — Le piston permet d’expulser la semence. L’ovocyte libéré descend à la rencontre des spermes qui arrivent un à un. Il y a des paramètres que l’on ne maîtrise pas. Si tout se passe bien, une échographie réalisée 14 jours après confirme que la fécondation est un succès ; sinon il faut recommencer.» • © F-m.L

Quelle est la carrière d’un étalon ?

Un cheval de course devient étalon par les performances sur les champs de courses. « C’est la raison pour laquelle il est bien rare qu’un étalon- je n’ai pas d’exemple à l’esprit, pour les galopeurs- cumule les deux activités. Les trotteurs peuvent cumuler : ils sont prélevés 3 fois par semaine et peuvent continuer à s'entraîner et courir. »
Pour un cheval de sport le choix va dépendre de différents critères et d’un système de sélection. « La génétique, son ascendance, puis ses résultats en compétition dans les cycles classiques jeunes chevaux. En clair il gagne ses galons sur le terrain mais reste étalon s’il continue a être un bon « performer » en concours. Il mène ses deux carrières de front. Grâce à l’insémination artificielle. »