Thierry Beaudet, "Option très sérieuse" d'Emmanuel Macron pour Matignon

Emmanuel Macron a reçu lundi Bernard Cazeneuve, avant Xavier Bertrand, mais c'est un troisième nom, plus inattendu, qui semble tenir la corde pour devenir Premier ministre dans une configuration quasi-ingouvernable: le président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) Thierry Beaudet, inconnu du grand public.

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Emmanuel Macron a reçu ce lundi Bernard Cazeneuve, avant Xavier Bertrand, mais c'est un troisième nom, plus inattendu, qui semble tenir la corde pour devenir Premier ministre dans une configuration quasi-ingouvernable: le président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) Thierry Beaudet, inconnu du grand public, né le  à Domfront (Orne). Ancien instituteur à Caen, Beaudet a été directeur adjoint de la section Mutuelle générale de l'Éducation nationale (MGEN) du Calvados en 1998. Il a été à élu à la présidence du groupe MGEN en 2016. 

Les consultations d'Emmanuel Macron sont présentées comme les dernières, huit semaines après les législatives qui ont débouché sur une Assemblée nationale sans majorité, et avant une possible nomination mardi. "L'idée générale est de regarder si les hypothèses Cazeneuve et Bertrand sont viables au regard du critère de stabilité", dit un proche du chef de l'Etat. Avant de prévenir qu'il peut "avoir d'autres noms en tête".
Et de fait, lundi, l'hypothèse du patron du Cese, âgé de 62 ans, a commencé à circuler. Certaines sources assurent même que l'affaire était entendue dès avant ces nouveaux entretiens à l'Elysée, qui seraient voués à écarter les ténors politiques reçus par le président. Emmanuel Macron a échangé avec Thierry Beaudet dans le cadre de ses précédentes discussions institutionnelles, a fait savoir son entourage.

Thierry Beaudet, "Option très sérieuse" à Matignon

"C'est une option très sérieuse", assure un proche du chef de l'Etat qui connaît "très bien" l'ex-responsable mutualiste et évoque des "indices sérieux" en faveur de sa nomination à Matignon. "C'est une réponse solide et nouvelle à ce besoin de dialogue dans la société, en particulier avec les forces sociales", plaide-t-il.
Chez les partenaires sociaux, cette option est accueillie avec une bienveillance teintée de prudence.
"Ça peut être une bonne surprise", veut croire François Hommeril, président de la CFE-CGC, notant qu'il "sait par expérience que la société est complexe". A l'Unsa, Laurent Escure salue "son goût pour la synthèse et l'intérêt général", tandis que côté patronal, François Asselin, de la CPME, évoque "quelqu'un de consensuel" issu "d'une culture de centre-gauche".
Au Cese, "troisième chambre" de la République après l'Assemblée et le Sénat, chargée de faire vivre la démocratie participative, Thierry Baudet a supervisé la convention citoyenne voulue par Emmanuel Macron sur la fin de vie, souvent érigée par le président en modèle d'une nouvelle gouvernance.
C'était pourtant en favori que Bernard Cazeneuve a ouvert le bal, lundi pendant une heure quinze, de ces nouvelles consultations à l'Elysée, avant d'être raccompagné jusqu'au vestibule par le chef de l'Etat qui lui a fait la bise.
Emmanuel Macron a ensuite reçu son prédécesseur socialiste François Hollande, puis un autre ex-président, Nicolas Sarkozy, qui plaide pour un Premier ministre de droite.
Des échanges sont aussi prévus dans l'après-midi avec des dirigeants de son camp, voire d'autres forces politiques, pour identifier un Premier ministre qui puisse éviter une censure immédiate à l'Assemblée.
C'est en avançant ce motif que le président a écarté la nomination de Lucie Castets, présentée par le Nouveau Front populaire, l'alliance de gauche arrivée en tête des législatives. La même mise en scène servira-t-elle à éconduire Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand?
"Bernard Cazeneuve n'est pas demandeur mais s'il le fait, c'est par devoir et pour éviter des difficultés supplémentaires au pays", avait prévenu dimanche son entourage.
L'ex-ministre de l'Intérieur pendant les attentats de 2015, puis Premier ministre des derniers mois du quinquennat Hollande, âgé de 61 ans, a quitté le PS en 2022, farouchement opposé à l'alliance avec La France insoumise. D'où l'interrogation sur le soutien que pourraient lui apporter les socialistes, outre celui du camp présidentiel et d'une partie de la droite.

Le patron du PS, Olivier Faure, est resté très réservé lundi, concédant seulement qu'il y "réfléchirait" si M. Cazeneuve "obtient l'abrogation" de la réforme des retraites. Tout en disant redouter qu'il soit "en réalité prisonnier d'une majorité, une coalition, celle d'Emmanuel Macron".
"Il appartient à l'ancien monde du hollandisme dont nous voulons tourner la page", a balayé la cheffe des députés insoumis, Mathilde Panot. 
Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, responsable du parti Les Républicains âgé de 59 ans, est lui arrivé à l'Elysée peu avant 15H30. Il n'a pas caché que la fonction l'intéressait et l'ex-président Sarkozy a jugé que ce serait "un bon choix".
Mais ce tenant d'une droite gaulliste et sociale n'a pas l'appui des dirigeants LR, Laurent Wauquiez en tête, qui refusent toute coalition ou participation au futur gouvernement.
Pour le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy, MM. Cazeneuve et Bertrand "sont des macronistes plus ou moins défroqués". Si le parti d'extrême droite pourrait ne pas censurer immédiatement un nouveau Premier ministre, il le ferait "sans doute" au moment du budget, a-t-il ajouté.
L'impopulaire retraite à 64 ans fait notamment partie des sujets délicats à aborder. Pourquoi pas un "gel" de la réforme et de nouvelles discussions avec les syndicats, plutôt qu'une abrogation pure et simple, a avancé dimanche le député PS Jérôme Guedj.

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