Depuis quelques mois, une opticienne sillonne les routes de l'Orne pour aller au domicile des patients. En zone rurale, les professions médicales et paramédicales se convertissent à l'itinérance, pour lutter contre l'éloignement et pour proposer un service.
Son magasin d'optique tient dans un coffre de monospace. Quand elle fait une halte chez des clients, Stéphanie doit sortir trois grosses valises à roulettes. Les deux premières sont remplies de montures. La troisième contient "mon pupillomètre, mon réfractomètre et tout ce qu'il faut pour prendre des mesures et faire les lunettes par la suite".
Pendant 15 ans, Stéphanie Vincent a exercé son métier d'opticienne en magasin. Elle a décidé de se lancer sur la route. Depuis le mois de septembre 2023, elle exerce dans un rayon de trente kilomètres "autour de Moncy", un village situé entre Vire, Condé-en-Normandie et Flers.
Ce n'est évidemment pas le secteur le plus riche en magasins d'optique. En déballant ses lunettes sur la table de la salle à manger de ses clients, Stéphanie entend bien combler un vide. "Je vous montre des montures hommes, des montures femmes". Ses petits tiroirs amovibles renferment 300 modèles.
"On est actuellement en vacances. Nous pouvons la recevoir. C'est pratique. En magasin, quand il y a du monde, c'est un peu stressant", confie sa cliente. Stéphanie a aussi pensé son activité pour les personnes qui ont du mal à se déplacer. Elle propose désormais ses services sur les lieux de travail, dans les résidences séniors et dans les Ehpad.
La santé sur la route
C'est une tendance qui se confirme : ces dernières années, les professions médicales ou paramédicales développent des services en itinérance pour toucher un public moins mobile dans des secteurs touchés par la désertification médicale.
En 2020, un cabinet dentaire mobile a commencé à sillonner les routes pour rencontrer des patients qui peinent à se rendre jusqu'à un cabinet dentaire. C'est d'autant plus pratique qu'il est aujourd'hui difficile de décrocher un rendez-vous tant les dentistes manquent...
Pour lutter contre la désertification médicale, des généralistes de l'Orne se sont aussi regroupés pour exercer à bord d'un médicobus, un cabinet médical mobile. Le ministère de la Santé cite cette même cette initiative en exemple.
Pour d'autres professions moins concernées par la pénurie de praticiens, l'itinérance permet avant tout de rendre un service.
Depuis quelques années, Émilie Chateiller est vétérinaire à ambulante. Les vétérinaires ont certes l'habitude de se déplacer dans les fermes, mais Emilie ne soigne que les animaux de compagnie. La consultation à domicile, c'est une économie de stress...
En zone rurale où le bassin de population n'est pas le même que dans un grand centre urbain, l'itinérance permet aussi de s'en sortir avec une "petite" clientèle. En choisissant d'être opticienne ambulante, Stéphanie Vincent n'a pas à payer les charges d'un magasin, le loyer, l'électricité.
"J'ai ma voiture, le gasoil. J'ai aussi acheté les montures et le matériel et c'est tout. Pour le reste, je suis aussi plus libre de mes horaires". Stéphanie remballe ses montures. Elle hisse ses grosses valises dans le coffre et s'installe au volant. Son magasin d'optique reprend la route.