Vous avez découvert les plaisirs du jardin, pendant le confinement ? 5 conseils de base d'un pépiniériste de l'Orne

Les jardins n'auront jamais été aussi beaux. Pendant le confinement, les amateurs de fleurs et de légumes, à portée de main, ont pris le grand air dans leur espace vert. Pour certains, ce fut même une découverte. Alors, vous rêvez d'une vigne ou vous butez face à vos tomates ? Pas de panique. 

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En rentrant chez vous, sentez-vous l'odeur parfumée de la pivoine, dans l'allée ? Un petit plaisir, fruit de votre patience. C'est l'une des vertus du jardin. Se ressourcer auprès de la nature et cultiver le bon sens. 

Le petit vent frais de ce début de semaine s'en est allé, signe que les saints glaces sont passées. Vous allez pouvoir vous y donner à coeur joie et repiquer vos plants. Tout jardinier se méfie en effet de ce gel de mai, qui peut ruiner vos efforts et mettre tout par terre.

Depuis vingt deux ans, le pépiniériste Pierre Angué vit, à Durcet, en symbiose avec la terre. Comme si c'était un prolongement de lui-même. Il connaît ses secrets. Et ses bienfaits transparaissent sur sa voix calme et son visage souriant. Suivons le guide.
 

 

Principe numéro 1 : examiner le sol

Pierre Angué suit à la lettre les préceptes de sa grand-mère, qui faisait preuve "de bon sens". Pour savoir quoi planter, il faut d'abord examiner son sol et déterminer s'il est acide, argileux, filtrant ou non. Pas besoin d'être ingénieur agronome pour ça, l'observation suffit.

Si vous avez de la fougère, spontanément, c'est le propre des terrains acides. C'est parfait pour la myrtille, qui demande un PH très très acide. Quand il pleut, si la terre colle aux bottes, c'est signe d'argile. Il faut toucher la terre, la palper, la sentir parfois. Pierre Angué, pépiniériste à Durcet


"Le plus important, ce sont les dix premiers centimètres du sol. C'est là où tout se passe ou presque. Quand un agriculteur tasse le sol avec un gros tracteur, ça dégage beaucoup de CO2 et c'est du non sens. "


 


2. Créer un oasis, une "forêt-jardin"

Pierre Angué se documente beaucoup. Abonné à la revue les quatre saisons, il lit régulièrement sa bible "La forêt-jardin", de Martin Crawford, préfacée par le normand Charles-Hervé Gruyer du Bec Hellouin

Le principe ? La permaculture, c'est-à-dire favoriser la rotation des plantes et leur association. Par exemple, vous mariez le fraisier et la bourrache pour accentuer la pollinisation des fraisiers ou encore la vigne et l'origan pour repousser les ravageurs de la vigne. 
 

Vous créez ainsi un oasis, une sorte de jungle où les plantes vont s'aider mutuellement. Et, ça demande moins de travail du sol, de désherbage et vous aurez une terre beaucoup plus saine. Il faut intervenir le poins possible, la nature est bien faite et moins on intervient, mieux c'est.

 


3- Couvrir son sol

"Quand on voit les grandes plaines de Caen, Argentan ou Falaise, avec des sols nus, en plein soleil, avec l'érosion éolienne et solaire, c'est une catastrophe", explique Pierre Angué.

Les apprentis jardiniers doivent donc couvrir leur terre avec des feuilles mortes, du paillage ou de la végétation. Cela permet de favoriser la vie du sol et de protéger les vers de terre. Vous économiserez l'eau aussi. On peut diviser les arrosages par 2 ou par 3. 
 
 

4- Limiter l'arrosage des légumes

Si le seul est bien paillé de feuilles mortes, ça va capter l'humidité, et moins on aura besoin d'arroser. Les plantes seront ainsi plus solides et capable de faire face au stress hydrique.
 

Vous pouvez arroser vos tomates au début, mais pas trop, il vaut mieux qu'elles aient un peu soif pour ne pas les rendre trop faignantes. Les légumes doivent être le plus autonomes possibles, surtout si on n'a pas trop le temps de les arroser. Et vous verrez une belle différence de goût. Moi, mes tomates, je ne les arrose pratiquement jamais, il faut qu'elles se débrouillent, et elles sont plus savoureuses, moins gorgées d'eau.


 


5- Pour les semences, privilégiez l'autonomie et bannir les hybrides.

Pierre Angué privilégie la nature, vous l'aurez compris, donc vous n'entendrez pas dans sa bouche les noms comme "produits chimiques". 

Il privilégie aussi l'automonie pour les semences. Une fois que vous avez une tomate bien mûre, il suffit de récupérer les graines pour l'année suivante. 
 

Il y a un énorme commerce mondiale sur les semences et cela prive un tas d'agriculteurs du tiers monde de leur souveraineté. Il faut vraiment éviter d'acheter des sachets de graines hybrides F1. Car l'année suivante, elles seront stériles et vous ne pourrez pas faire vos propres semences. Et c'est ça qui empêche la souveraineté des paysans.

 

Ensuite laissez vous guider par vos envies, vivaces, rosiers, arbustes ou arbres fruitiers. Pierre Angué aime particulièrement la vigne. Si, si elle apprécie la Normandie. "On peut même en retrouver au Nord de l'Ecosse. Si le sol est bien aéré et drainant, c'est une plante polyvalente, qui supporte le calcaire et même l'argile. Il faut bien l'exposer au soleil.

C'est pareil pour le figuier. Le myrtiller en revanche, n'aime que les terres acides. Si vous avez du calcaire, ça ne marchera pas, à moins de le garder en pot."


Vous voilà parés pour préparez votre jardin. Cela tombe bien, le petit pont de l'Ascension vous donne l'excuse de pouvoir y passer du temps, prochainement. Et quand vos premières tomates vont mûrir, c'est vous qui allez rougir ... de plaisir.

 
La balade des poètes à Durcet et une visite chez Pierre Angué
Comme beaucoup de pépiniéristes, la petite entreprise de Pierre Angué, qui vend en direct ou sur les marchés, a souffert et enregistre une perte de 80% de chiffre d'affaire au printemps. 

Alors faites court, privilégiez votre voisin pépiniériste ou offrez-vous une escapade à Durcet pour avoir le plaisir de parler jardin avec un passionné. Sur le chemin, vous pourrez même faire la balade des poètes pour profiter des charmes de l'Orne.

Pierre Angué - Lieu dit les closets - 02.33.64.35.93. Vente en direct à la pépinière ou sur les marchés de l'Orne. Il n'a pas la possibilité d'envoyer des plants. 
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