Un astéroïde a illuminé le ciel normand dans la nuit de dimanche à lundi 13 février, avant de se désagréger dans une zone située entre Dieppe et Doudeville en Seine-Maritime. Un premier fragment a été retrouvé à Saint-Pierre-le-Viger.
L'astéroïde 2023 CX1 a été aperçu en Normandie dans la nuit de dimanche à lundi 13 février, à 2 h 59 du matin précisément -Temps Universel-, mais aussi observé en Grande-Bretagne, en Belgique et aux Pays-Bas. Un spectacle éblouissant pour les amateurs d'étoile filante, et la promesse d'une belle chasse aux trésors pour les chasseurs de météorites.
L'astéroïde d'un mètre de diamètre s'est fragmenté à environ 25 kilomètres d'altitude, avant de se répandre sur la terre normande
À la suite du passage de ce petit "bolide" comme l'appellent les scientifiques, les passionnés se sont rapidement mobilisés pour tenter de retrouver des fragments tombés à terre.
C'est le cas de Vigie-Ciel un groupement de chercheurs et de scientifiques qui a fait de l'observation des étoiles filantes et de la recherche des météorites son sujet d'étude.
Un chercheur de la Nasa a aussi fait le déplacement jusqu'en France, tant il est rare que l'on puisse observer la trajectoire d'un astéroïde et potentiellement en retrouver des fragments.
Une équipe internationale a dans un premier temps défini la zone de chute de l'astéroïde, établie sur plusieurs kilomètres entre Dieppe et Doudeville, en Seine-Maritime.
Les chasseurs de météorites ont enfilé leurs bottes dès le lieu d'exploration défini, et leurs recherches se sont vite avérées fructueuses.
Une découverte exceptionnelle à Saint-Pierre-le-Viger (76)
C'est une jeune fille de 18 ans qui a fait la découverte ce mercredi 13 février.
Après avoir informé les habitants de la zone concernée et demandé aux communes l'autorisation de chercher sur leur terrain, les bénévoles de Vigie-Ciel ont commencé leurs fouilles. Une dizaine de personnes se sont mises à arpenter les champs, les yeux rivés au sol.
À 16 h 47, Euréka ! Loïs, une jeune étudiante, remarque une pierre noire et plate qui affleure à peine dans la terre d'un champ. De rapides analyses faites par des experts présents, confirment qu'il s'agit bien d'une météorite, fragment de l'astéroïde 2023 CX1.
C'est un caillou qui ne ressemblait pas aux autres. Quand je l'ai pris dans les mains il y avait comme des traces de pouce dessus. On m'avait déjà montré un modèle de météorite. Quand j'ai vu les traces sur le caillou, j'ai compris que c'était bien ça !
Loïs Leblanc, bénévole à Vigie-Ciel
Trouvaille inespérée et exceptionnelle, le petit groupe avait commencé ses recherches depuis à peine vingt minutes, lorsque la découverte fut faite. C'est la première météorite retrouvée par le réseau Vigie-Ciel, et un moment historique !
C'est la troisième fois seulement depuis que l'humanité existe qu'on observe un astéroïde, assez petit, une tonne et demie, qui se balade dans le système solaire. On savait qu'il allait tomber sur la Normandie, et là, il tombe au sol et on en retrouve un morceau !!
Mickaël Leblanc, médiateur scientifique du réseau Vigie-Ciel
Les fragments de météorite sont très nombreux, on en dénombre presque 10 000 tonnes par an, sur terre ou dans les mers. "Ce qui est rare, c'est de trouver un morceau contemporain, poursuit Mickaël Leblanc, on trouve des météorites qui ont des millions d'années, celle-ci date d'hier ! Là ça va nous renseigner sur la formation de notre système solaire. Le caillou qu'on a trouvé hier, il est plus vieux que notre planète !! C'est un vestige de la formation du système solaire".
Comment reconnaître une météorite ?
Une météorite est assez reconnaissable. Il s'agit d'une roche noire plutôt dense, avec une surface plane et des bords arrondis. Le caillou n'est pas dangereux en soi, même s'il faut éviter d'approcher un aimant, sous peine d'altérer ses propriétés magnétiques. "Une météorite, c'est une roche recouverte par une légère croûte noire qui se forme au moment de l'entrée dans l'atmosphère. C'est une roche particulière par rapport à ce qu'on trouve ici avec le calcaire ou le silex. Il faut s'intéresser à tous les petits cailloux noirs !", nous décrit Sylvain Bouley, planétologue à l'université de Paris Saclay, qui a participé aux récentes recherches de météorites.
Une recherche qui peut s'avérer difficile, car l'on recherche plutôt des cailloux de quelques centimètres, et que la zone de chute mesure plusieurs kilomètres de long.
Les scientifiques apprécieraient que les citoyens qui habitent la zone concernée, regardent autour de chez eux s'ils ne trouvent pas d'autres fragments. Particulièrement dans le périmètre de Fontaine-le-Dun, Saint-Pierre-le-Viger et Brametot.
Si d'aventure, vous trouviez une météorite, Vigie-Ciel recommande de bien noter les coordonnées GPS du lieu de votre trouvaille, et de ranger le fragment au sec, dans une petite boîte avant de les contacter.
Ces cailloux n'ont aucune valeur économique, mais une grande valeur scientifique.
"Les météorites sont les cailloux les plus anciens que l'on puisse trouver sur terre, ils sont donc les meilleurs messagers pour nous informer sur notre système solaire et sur la formation de la terre. Les étudier, c'est mieux comprendre nos origines et notre histoire" conclut le planétologue Sylvain Bouley.