"La CGT ne fait pas la loi dans ce pays" a déclaré Manuel Valls en réponse à une question d’Edouard Phlippe
VIDEO La Chaîne Parlementaire : la question d’Edouard Philippe et la réponse de Manuel VallsLoi travail: Valls assure qu'il n'y aura "ni retrait", "ni remise en cause" de l'article 2
En réponse à la question d’Edouard Philippe (à lire en bas de cette page), le Premier ministre Manuel Valls a écarté mercredi une "remise en cause" de l'article 2 du projet de loi travail sur les accords d'entreprises, l'un des plus contestés, répétant qu'il n'y aurait pas de "retrait" du texte."La CGT ne fait pas la loi dans ce pays", a-t-il lancé à l'Assemblée nationale au sujet des blocages organisés par la centrale syndicale, après plus de trois jours d'absence pour un voyage au Proche-Orient.
Le Premier ministre a voulu être "très clair" : "il n'y aura ni retrait du texte, ni remise en cause de l'article 2, car c'est le coeur de la philosophie du texte", a-t-il dit devant les députés lors de la séance des questions au gouvernement, répondant au député -maire du Havre (LR) Edouard Philippe.
Après l'intervention de Manuel Valls, Bruno Le Roux est venu devant les journalistes pour affirmer "qu'il n'avait pas compris (dans la réponse du Premier ministre) qu'il n'y avait aucune possibilité de préciser ce texte lors d'une discussion parlementaire".
Le Premier ministre a de nouveau fustigé l'attitude de la CGT, disant agir "pour les Français et pour que notre économie ne soit pas asphyxiée par quelques-uns" et assurant qu'"aucune option" ne serait "écartée" pour lever les blocages.
"Qu'il y ait des oppositions (...), qu'il y ait un débat dans le pays, c'est normal, c'est la démocratie. Qu'il y ait des blocages qui mettent en cause la vie quotidienne des Français qui vont travailler, qui ont pour objectif de bloquer le pays, et pas seulement de faire tomber le gouvernement, ça, c'est inacceptable", a ajouté M. Valls dans une deuxième réponse.
"Je ne suis pas dans une confrontation personnelle avec la CGT. C'est la CGT qui a décidé, notamment à l'occasion de son dernier congrès, de se lancer dans un processus de radicalisation, dans un processus qui peut mener à la violence, et je le regrette, au vu même de l'histoire de cette organisation", a-t-il dit.
Le Premier ministre a aussi fait au passage un lapsus, en parlant d'"apprivoiser" plutôt qu'"approvisionner" les Français en carburant. "Nous considérons que les Français doivent pouvoir s'apprivois... s'approvisionner, se déplacer", a-t-il dit, "sans avoir à attendre des heures devant leur station-service".Question au Gouvernement d’Edouard Philippe, Maire du Havre,
Député de la Seine-Maritime
Ma question s’adresse à Monsieur le Premier ministre.
Monsieur le Premier ministre,
Je ne sais pas si « ça va mieux ». Peu de nos concitoyens le pensent. Et personne au Havre ne me l’a dit.
Le Havre, poumon économique de la Normandie et plateforme portuaire essentielle à notre pays, risque d’être asphyxié.
Sa zone industrialo-portuaire compte 32.000 salariés : elle a été bloquée plusieurs jours et peut l’être encore.
Son port, le 2e de France, se bat depuis des années pour survivre dans un environnement international où la concurrence est féroce : 70 escales ont été déroutées au profit de ses concurrents depuis le début du conflit.
Je ne souhaite pas seulement attirer votre attention sur une situation locale : derrière Le Havre, c’est l’économie de la vallée de la Seine, du Bassin parisien, du pays, qui sont menacées. Partout, la tension est palpable, dans les files d’attentes des stations-service, sur les barrages. Partout monte l’exaspération : de ceux qui se sentent trahis dans votre propre camp par rapport aux promesses de la campagne présidentielle; de ceux qui n’acceptent pas les atteintes à la liberté du travail ; de ceux qui en ont assez de devoir supporter dans leur vie quotidienne les conséquences des surenchères électorales ou des débats internes à la gauche.
Je ne sais pas Monsieur le Premier ministre, ce que vous ferez du projet de loi « Travail ». Personne, et même pas la représentation nationale qui a été privée de débat, ne sait plus ce qu’il contiendra en définitive ni dans quel état il sortira d’un processus législatif qui ne nous fait pas honneur.
Je sais en revanche, que vous vous êtes engagé dans un rapport de force. J’observe que vous avez procédé à quelques déblocages, et j’espère que force restera à la loi.
Ce que je vous demande, Monsieur le Premier ministre, c’est de ne pas faire payer à notre économie, à nos entreprises, à nos emplois, vos difficultés à dialoguer et votre incapacité à entretenir un dialogue social apaisé.
Ce que je vous demande, Monsieur le Premier ministre, ce sont les décisions que vous comptez prendre dans les heures qui viennent pour sortir notre pays des blocages. Comment comptez-vous concilier l’exercice du droit de grève qui est constitutionnel et que tous ici respectent, avec la liberté de circuler et de travailler, qui est constitutionnelle elle aussi, et qui est bafouée. Avez-vous la volonté, Monsieur le Premier ministre, de rétablir la confiance dans notre pays ?