La filière des énergies maritimes renouvelables (EMR) en France: c'est 1,3 milliard d'euros déjà investis. Pourtant les travaux d'installation d'éoliennes en mer n'ont toujours pas commencé, ont regretté ce mercredi les acteurs de la filière, réunis au Havre.
Trois projets en Normandie
Les travaux pour installer les champs d'éoliennes en mer prévus en Normandie (Courseulles-sur-mer, Fécamp, Le Tréport), et dans les Pays de la Loire (Saint-Nazaire, Iles d'Yeu et de Noirmoutier) n'ont toujours pas commencé. De multiples raisons à cela. Notamment du fait de multiples recours en justice."Il est temps de passer à l'action, s'il y a des verrous, faisons-les sauter", a déclaré au cours d'une table-ronde le vice-président normand chargé de l'environnement, Hubert Dejean de La Bâtie (UDI).
Peu d'entreprises sur le marché
Selon la première étude de l'Observatoire des énergies de la mer, créé en novembre dernier, 2.086 équivalents temps pleins (ETP) ont été recensés dans cette filière, en prenant en compte les structures de formation, de recherche et développement, les développeurs exploitants et les entreprises prestataires ou fournisseurs.Cette filière est dominée pour le moment par l'éolien en mer posé (éoliennes fixées au fond de la mer) et comprend aussi les projets d'éoliennes flottantes et l'hydrolien, qui utilise l'énergie des courants marins.
"Contrairement aux autres filières plus matures des énergies renouvelables, peu d'entreprises sont aujourd'hui positionnées sur l'installation et la maintenance", indique l'étude.
Le montant des investissements cumulés réalisés depuis le démarrage de la filière française des énergies de la mer, toutes catégories, s'élève environ à 1,3 milliard d'euros et n'intègre pas encore ceux liés à la construction des parcs éoliens.
Des réalisations freinées par les recours judiciaires
Au cours de débats, des représentants des principaux candidats à l'élection présidentielle ont proposé de prendre des mesures pour limiter les recours qui freinent les projets d'installation d'éoliennes en mer.Un décret permet déjà d'accélérer le traitement des recours, a fait observer Béatrice Buffon, présidente du Syndicat des énergies renouvelables (SER), cheville ouvrière des assises avec Seanergy, qui organise jusqu'à jeudi un salon professionnel sur les EMR.
D'autres projets en cours
Les appels d'offres pour les champs éoliens et les fermes hydroliennes se poursuivent cependant.La ministre de l'Energie Ségolène Royal a ainsi annoncé mercredi dans un communiqué que les candidats présélectionnés pour le futur parc éolien situé au large de Dunkerque seraient dévoilés en avril.
Elle a aussi annoncé le lancement d'un "dialogue concurrentiel" en amont d'un appel d'offres pour un parc au large de l'île d'Oléron (Charente-Maritime).
Une usine danoise pour les projets normands
Sur le plan industriel, le Premier ministre Bernard Cazeneuve doit poser jeudi à Cherbourg la première pierre d'une nouvelle usine de fabrication de pales d'éoliennes en mer par la société danoise LM Wind Power(2.500 emplois directs et indirects escomptés).Et mercredi, en marge des assises, la société Adwen a annoncé qu'elle avait déposé des permis de construire pour deux usines au Havre de fabrication de pales et de nacelles.
Le retrait d'AREVA
Adwen a été une co-entreprise d'Areva et du groupe espagnol Gamesa. Mais ce dernier fusionnant avec Siemens, et Areva s'étant retiré de l'éolien, Adwen va passer sous le contrôle du géant allemand.Les engagements pris il y a déjà plusieurs années par Areva de construire ces deux usines "seront tenus", a déclaré à l'AFP Luis Alvarez, PDG d'Adwen.
"Le dépôt de ces permis est une étape importante mais il y a encore du travail", a-t-il ajouté, en restant prudent sur la promesse ancienne d'Areva de créer 750 emplois directs.
La France prévoit d'attribuer jusqu'à 6.000 mégawatts (MW) de projets pour l'éolien en mer posé d'ici à 2023, en plus des 3.000 MW qui devraient être en service à cette échéance.