Le changement de préfet a fait bouger les lignes sur ce dossier. La nouvelle préfète de Normandie, Nicole Klein, aurait dit au député-maire du Havre, Edouard Philippe, qu’elle y était "favorable" dès lors qu’un projet serait présenté "dans les formes" pour une création du pôle dès 2016.
C'est une première victoire pour le député-maire LR du Havre Edouard Philippe. Il estimait que le précédent préfet bloquait le dossier à la demande de Laurent Fabius (PS), partisan d'une seule métropole (celle de Rouen) sur le territoire alors haut-normand.
Or, la nouvelle préfète de Normandie, Nicole Klein, serait, elle, favorable à la création d'un pôle métropolitain de l’estuaire de la Seine dès 2016. Elle aurait même indiqué au maire du Havre que refuser le dossier avait été "une erreur".
Un projet qui évolue
Ce changement d’optique coïncide avec une évolution du périmètre du projet qui concerne plus de 500.000 habitants répartis sur les deux rives de l’estuaire. Aux 11 communautés de communes primo-adhérentes (Fécamp, Lillebonne, Le Havre, Beuzeville, Deauville…) s’est ajoutée début 2015 Pont-L’Evêque, dans le Calvados, et devrait s’ajouter prochainement Quillebeuf-sur-Seine, dans l’Eure.Selon Edouard Philippe, le vote a été acquis à "l’unanimité moins une voix" dans cette communauté de communes qui compte 6.000 habitants.
Avec ou sans Honfleur ?
Toujours, rive gauche de l’estuaire, les choses vont nécessairement bouger avec la fusion des communautés de communes de Beuzeville dans l’Eure (9.000 habitants) et de Honfleur dans le Calvados (17.000) qui devrait intervenir au 1er janvier 2017. La première est déjà membre de l’association de préfiguration du pôle tandis que la seconde a refusé d’en être. Les élus rassemblés devront se poser à nouveau la question.Il semble que la position du maire de Honfleur Michel Lamarre (DVD), farouche opposant à l’adhésion jusqu’à présent, ait évoluée. Il estimait que Le Havre lui avait mis des bâtons dans les roues en torpillant la zone d’activités des bords de Seine. Mais il a récemment indiqué dans un entretien à nos confrères de Paris-Normandie qu’il ne voulait pas "vivre sur le passé" et qu’il était prêt à rejoindre le pôle à condition de pouvoir "en sortir" le cas échéant. Il est évident que la participation de Honfleur donnerait un peu plus de relief au pôle même si elle n’est pas indispensable puisque la loi n’oblige pas à la continuité territoriale.
VIDEO : Edouard Philippe, maire du Havre, était l'invité du 19/20, vendredi 22 janvier. Il nous donne son avis sur ce projet de pôle métropolitain de l'estuaire. Il est interrogé par Angèle De Vecchi.
Et l'élargissement de l'agglomération du Havre dans tout ça ?
Si le dossier du pôle métropolitain semble débloqué, il n’en va pas de même de l’élargissement de la Codah (237.000 habitants). Le Havre plaide toujours pour un mariage à trois avec Criquetot-L’Esneval (16.000 habitants) et Saint-Romain de Colbosc (18.000 habitants)."Ce regroupement correspond au bassin de vie du Havre", assure Edouard Philippe. Les élus du Havre et de Criquetot se sont prononcés très majoritairement en ce sens. Une petite majorité de ceux de Saint-Romain ont voté contre mais les minoritaires représentent 60% de la population, fait valoir Edouard Philippe.
Le projet du préfet qui sera soumis à la Commission départementale de coopération intercommunale (CDCI) en mars prévoit le maintien en l’état de la communauté de communes de Saint-Romain et seulement la fusion entre Le Havre et Criquetot. Pour amender le projet dans leur sens, il faudra que les Havrais soient capables de gagner à leur cause les deux-tiers des membres de la CDCI.