Pourquoi ces écologistes veulent faire annuler 19 feux d'artifice synchronisés pour le 80e anniversaire du D-Day

Le 1ᵉʳ juin 2024, le littoral normand, entre Ranville (Calvados) et Sainte-Mère-Église (Manche) va s'enflammer avec 19 feux d’artifice tirés en même temps. Un spectacle magnifique que dénonce l'association Robin des Bois. Celle-ci parle d'hécatombe pour les oiseaux et les petits mammifères.

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"La commémoration du 80ᵉ anniversaire du D-Day n'a rien de pacifique !" C'est l'association Robin des Bois qui le dit dans un communiqué. L'association écologique dénonce la programmation, le 1ᵉʳ juin 2024, de 19 feux d’artifice synchronisés, sur les 95 km de littoral, entre Sainte-Mère-Église (Manche) et Ranville (Calvados).

Panique dans les nids

"Une guerre du feu" qui risque de coûter cher, selon l'association Robin des Bois, aux nombreuses espèces animales qui vivent dans cet espace naturel. 

Plusieurs milliers d'oiseaux protégés, des alouettes, des gravelots, des hirondelles, des aigrettes, des hiboux et bien d'autres espèces, vivent et surtout nidifient dans ces dunes, falaises et autres plages du Débarquement.

Autant de volatiles qui risquent, selon les écologistes, de paniquer avec ce déchaînement d'explosions, de lumière, de son et de fumée. 

On sait que les animaux auront des réflexes de prendre la fuite, d'abandonner leurs nids et de laisser mourir leurs oisillons.

Charlotte Nithart de l'association Robin des Bois

Selon l'association, il n'y a pas que les oiseaux qui pourraient être victimes des nuisances provoquées par les feux d’artifice. "L'hécatombe" dixit Robin des Bois, n'épargnerait pas les chauves-souris, les phoques dans la Baie des Veys et dans l'estuaire de l'Orne et même les animaux domestiques et sauvages.

Les chevaux, nombreux dans la région, sont sujets au stress dans un environnement perturbé.

Un constat que partage globalement le groupe ornithologique Normand. Pour cette association, les feux d’artifice ont un impact négatif sur les espèces animales, toutes les études mondiales le prouvent. "Il n'est pas faux de dire que les feux d’artifice épouvantent les oiseaux et que cela perturbe les parents qui élèvent leurs petits", précise Jean-Marc Savigny, du Groupe ornithologique Normand.

Un problème alors que le mois de juin est une période de reproduction pour les oiseaux.

C'est plutôt le surcroit de fréquentation qui est à craindre.

Jean-Marc Savigny, salarié du Groupe ornithologique Normand

Mais pour Jean-Marc Savigny, le préjudice le plus important, pour les espèces volatiles, n'est pas les feux d'artifice, mais la foule des milliers de badauds qui "piétinent les endroits, cordons dunaires, plages et affolent ou détruisent, sans le savoir, des espèces qui nichent au sol". 

Difficile de cohabiter dans des zones classées Natura 2000

Les plages du Débarquement, Utah Beach, Omaha Beach, Gold Beach, Juno Beach et Sword Beach, sont situées dans des zones le plus souvent protégées. 

Selon Robin des Bois, 37 Zones Naturelles d'Intérêt Écologique, Faunistique et Floristiques terrestres et marines et 10 zones Natura 2000 sont concernées par les feux d’artifice. Les oiseaux qui vivent sur ce territoire sont protégés par l'arrêté du 29 octobre 2009.

Un texte législatif qui interdit "la perturbation intentionnelle des oiseaux, notamment pendant la période de reproduction et de dépendance, pour autant que la perturbation remette en cause le bon accomplissement des cycles biologiques de l'espèce considérée, ainsi que la destruction, l'altération ou la dégradation des sites de reproduction et des aires de repos des animaux".

Pas question de revoir la copie

Pour le Comité du Débarquement, pas question de répondre favorablement à l'association Robin des Bois, qui demande l'annulation des feux d’artifice. "La question ne se pose pas, il est trop tard", ajoute Jean Quétier, son président. 

À l'avenir, il faudra sûrement tenir compte de ces arguments.

Jean Quétier, Président du Comité du Débarquement

"Je comprends l'argument écologique, mais on ne peut pas éliminer la présence humaine à zéro dans l'espace de la côte normande", argumente Jean Quétier. 

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