Le rappeur bas-normand comparaissait une troisième fois devant le justice ce mercredi à Versailles pour les paroles de sa chanson "Sale pute". L'avocat général n'a fait aucune réquisition.
C'est un feuilleton judiciaire qui dure déjà depuis plus de deux ans pour des faits remontant à 2009. Cinq associations féministes (les Chiennes de garde, le collectif féministe contre le viol, la Fédération nationale solidarité femmes, Femmes solidaires et le Mouvement français pour le planning familial) poursuivent Orelsan pour la chanson "Sale pute", un morceau caché de son premier album interprété une seule fois, voilà six ans, sur la scène du Bataclan. Condamné le 31 mai 2013, Orelsan avait obtenu gain de cause un an plus tard en appel. Les associations s'étaient alors pourvue en cassation. Les deux parties se sont donc retrouvées ce mercredi pour la troisième fois devant la Cour d'appel de Versailles.
De nombreux passages de la chanson incriminées ont été cités durant l'audience. "C'est la bitch la moins moche de son bled paumé, donc tous les gars du coin rêvent de la dégommer...", "Si t'es gourmande, j'te fais la rondelle à la margarine" mais aussi l'expression "marie-trintigner". Au rappeur poursuivi pour incitation à la violence contre les femmes, le président du tribunal a demandé: "Est-ce que c'est pas une sorte de blanc-seing à vos auditeurs hommes?" rappelant que "Une femme, tous les trois jours, décède sous les coups d'un homme".
Orelsan, de son vrai nom Aurélien Cotentin, a plaidé "l'humour et l'hyperbole d'hyper mauvais goût". Le rappeur de 33 ans a défendu des textes "ironiques", qui ne représentent que "3% du concert", placés dans la bouche d'un "personnage", "un gars à côté de la plaque". Pour lui, "Y'a la liberté de création (...) On peut pas juger autrement qu'en disant que c'est un personnage de fiction (...)C'est pas votre rôle de juger si c'est de bon ou de mauvais goût, à partir du moment où c'est une oeuvre artistique".
"Les mots tuent, ils peuvent inciter aussi", a lancé Michelle Perrot, 87 ans, historienne, féministe, citée comme témoin. "Je suis d'accord avec le combat des gens qui ont porté plainte", a répondu Orelsan. L'avocat des associations, Me Alain Weber, a fait valoir que les textes incriminés visent "les femmes, comme une catégorie générale". L'avocat général, quant à lui, n'a pas formulé de réquisitions, s'en remettant à la cour. Le jugement sera rendu le 18 février prochain.
Reportage de France 3 Paris - Île de France