Les professeurs sont heureux de retrouver enfin les élèves dans leurs classes, après presque six mois à exercer à minima leurs missions éducatives. Mais ils s'inquiètent des protocoles sanitaires à mettre en place, et déplorent de ne pas avoir été concertés.
Trop d'incertitudes, et de questions sans réponses...voilà qui pourrait résumer l'état d'esprit des professeurs à deux jours de la rentrée scolaire, contents de retrouver leurs élèves mais soucieux de la façon dont ils pourront les accueillir.
Depuis le mois d'avril, les syndicats (Snuiipp, Snes-Fsu ) ont demandé d'être associés à la réflexion autour de la rentrée scolaire et des protocoles sanitaires à mettre en place. Sans succés.
Les professeurs déplorent donc de découvrir le 28 août seulement les conditions pédagogiques et sanitaires de leur rentrée.
"Le protocole est applicable, mais il revient à entasser dans les classes 30 ou 35 élèves dans des surfaces qui ne permettent pas la distanciation sociale. On craint que le virus ne se répande facilement dans les écoles et les établissements scolaires, s'inquiète Claire Marie Feret, co secrétaire académique SNES-FSU et professeur de Lettres, il aurait fallu revoir le bâti scolaire et surtout recruter de nouveaux personnels d'enseignement pour alléger les effectifs".
"A deux jours de la rentrée, on ne sait pas encore quelles sont les disciplines qui pourront être pratiquées en EPS, si l'on pourra faire des travaux pratiques en sciences, ou manipuler du matériel en arts plastiques..." poursuit la professeur de Lettres
Faudra t-il désinfecter les outils pédagogiques après chaque élève, comment aérer les salles toutes les trois heures, munies de vitres anti suicide, pourquoi les infirmières scolaires ne sont pas habilitées à faire des tests du Covid sur les élèves qui présentent des symptômes et doivent être isolés ?
Mais surtout, comment excercer correctement son métier quand votre esprit est sans cesse préoccupé par des questions triviales et sanitaires ??
La remédiation au temps du coronavirus
Les professeurs sont confrontés cette année à deux difficultés majeures, difficilement conciliables : lutter contre la propagation du virus, et remettre à niveau des élèves privés d'école pendant plusieurs mois.La remédiation, mot très à la mode depuis le confinement, signifie apporter de l'aide aux élèves en difficultés, dans les apprentissages fondamentaux de la lecture, de l'écriture ou du calcul.
"La remédiation a lieu dans les classes, les professeurs savent apporter des réponses à leurs élèves. Mais pour apporter une aide réelle et concrète, on a besoin d'effectifs réduits dans les classes et de moyens humains supplémentaires, notamment d'un réseau d'aide spécialisé" explique Pierre Viot, co secrétaire du Snuipp Fsu 76 et professeur des écoles. Or, les Rased, réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficultés disparaissent déplore t-il encore.
"Le confinement a révélé les inégalités sociales, certains élèves n'ont pas eu accés à l'ordinateur, et les parents n'étaient pas disposés de part leur propre travail à s'occuper pleinement de leurs enfants."
D'autant qu'une fois les résultats rendus, aucun moyen supplémentaire n'est prévu pour aider les élèves qui en auraient éventuellement besoin.
Du coté du rectorat, on annonce au niveau national un quotat de 1,5 million d'heures supplémentaires pour soutenir les élèves des écoles, collèges et lycées, et une aide au devoir renforcée à hauteur de 3 heures par semaine.
Le masque, un frein à la pédagogie et la communication
"Porter un masque du matin au soir, c'est difficile à titre individuel... Et puis on ne va pas connaitre le visage de son interlocuteur, les élèves ne vont pas voir le visage de leurs camarades notamment ceux qui arrivent en 6ème ou en seconde, les professeurs eux mêmes ne connaitront pas leurs élèves. Le masque est un frein à la communication et à la création d'un contact et d'une relation pédagogique et humaine" s'inquiète Claire Marie Feret du Snes FsuA la rentrée, seuls les élèves des écoles maternelles et élémentaires -jusqu'à 11 ans- ne porteront pas de masques, ce qui est une bonne nouvelle pour eux mais pas pour le personnel des établissements qui sera plus exposé au virus.
Plus que jamais cette année, chacun devra y mettre du sien pour que les conditions d'accueil et de pédagogie bénéficient à tous.
Une équation à plusieurs inconnues et difficile à réussir sur le papier !