Depuis le 6 mars, les grandes surfaces non alimentaires - magasins et centres commerciaux - de plus de 10 000 m² sont fermées aux clients. Ce jeudi, un calendrier de déconfinement progressif a fuité dans la presse. La corporation est rassurée mais attend tout de même une officialisation.
Les doudounes retournent en réserve pour laisser la place aux vêtements d'été. Cela fait une dizaine de jours que les salariés de Matthieu Rolland se sont remis au travail.
Dans sa boutique de prêt-à-porter féminin installée dans le centre commercial du Grand Evreux, on préparait déjà la potentielle réouverture des commerces non-essentiels. "On a préféré être prudent et se mettre dans la tête qu'on allait rouvrir bientôt plutôt que de perdre 3 jours de vente pour tout réinstaller dans la précipitation" explique le commerçant qui a ouvert sa franchise il y a 2 ans et demi, "on adopte la méthode Coué parce que c'est sûr qu'en faisant revenir nos salariés, on met en jeu notre trésorerie puisqu'on les rémunère normalement".
Le commerçant admet qu'il a fait un pari sur l'avenir et il a, à priori, pris la bonne décision, puisque ce jeudi soir, nos confrères d'Europe 1 révélaient un calendrier du déconfinement progressif avec une réouverture effective des commerces le 19 mai.
Pour l’instant c’est de la rumeur. Mais c'est vrai que plus vite ce sera confirmé, plus vite on rouvre et mieux ce sera pour tout le monde !
Comme tous les autres commerçants, Matthieu Rolland attend l'officialisation de ces informations et pour le moment il ne se réjouit pas totalement : "c'est un peu une mauvaise nouvelle parce qu'on militait pour une réouverture le 10 mai. 9 jours de vente en plus, c'est toujours important et là c'est 9 jours de perdu", avant de poursuivre "je ne suis pas sûr qu’en 9 jours la situation sanitaire évolue de manière importante, mais bon on va regarder le verre à moitié plein !".
Pour le commerçant de toute façon, le mal est fait. Il subit les conséquences de la pandémie et les difficultés qu'elle a engendrées depuis plus d'un an maintenant : "On a ouvert en octobre 2019, on n'a eu seulement 16 mois d'activité normale. La perte s'élève a environ 220 000 euros, cela représente entre 2 à 3 mois de chiffre d'affaires". Il estime qu'il faudra au moins 2 ans d'activité normale pour compenser cette année de fermeture et reconstituer un niveau normal de rentabilité.
Si réouverture il y a, elle devra, selon la presse, se faire "dans le respect des jauges et des protocoles, adaptés à chaque lieu et activité".
Une routine pour Delphine Moutier. La directrice du centre commercial d'Hérouville-Saint-Clair près de Caen reste prudente sur cet effet d'annonce."On espère d'abord que les centres commerciaux sont inclus dans cette réouverture potentielle", explique t'-elle.
Ce centre commercial de plus de 20 000 m² compte 66 boutiques, dont 6 seulement sont restées ouvertes depuis le nouveau confinement.
Ce serait un très grand soulagement.
La directrice attend une date officielle avec le texte d'application et les conditions d'ouverture mais s'estime largement prête à rouvrir les portes de sa galerie marchande : "on a un protocole sanitaire qui a été testé et approuvé par nos clients et par nous-même. Les jauges, les parcours des clients, le nettoyage des espace clients, le respect du port du masque, des gestes barrières, la mise à disposition de gel hydroalcoolique, tout ça, on l'a déjà appliqué !".
Delphine Moutier fait partie des 150 dirigeants d'enseignes à l'initiative d'un cri d'alarme lancé au gouvernement il y a quelques jours demandant une réouverture des centres commerciaux au plus tard le 10 mai pour ne pas aggraver les risques économiques déjà existants.
Selon un sondage BVA, 64% des commerçants présents dans les centres commerciaux enregistrent une activité déficitaire depuis le début de la crise. Les commerces ont perdu en moyenne la moitié de leur chiffre d'affaires.
"Si jamais cette réouverture le 19 mai est officielle, ce serait un très grand soulagement", explique Delphine Moutier, avant d'ajouter, "on sera d’autant plus vigilant sur les procédures de réouverture et le sérieux du protocole pour rassurer la clientèle, les commerçants qui reviendront travailler et les pouvoirs publics".