Bien plus que le Brexit, la crise sanitaire est venue mettre un coup d'arrêt aux relations franco-britanniques. Alors que la Normandie est à 6 heures de bateau de l'Angleterre et que la restriction des 100 km est levée, peut-on embarquer pour Portsmouth ou Newhaven et séjourner en Grande-Bretagne ?
Alors que la restriction des 100 kilomètres est levée pour tous les français, l'envie de bouger et de se planifier quelques sorties est bien là, dans beaucoup de têtes. Partir ou ne pas partir ? C'est toute la question.
Dans la série des voyages, pas trop loin mais totalement dépaysant, beaucoup ont pris l'habitude,ces dernières années, des petites escapades Outre-Manche.
Depuis la Normandie, l'Angleterre est de l'autre côté de l'horizon : 6 heures de ferry, pas plus. Des passagers peuvent d'ordinaire traverser à pied pour quelques euros. Des forfaits aller-retour sont même proposés par les différentes compagnies maritimes : de Ouistreham (14), Cherbourg (50) ou Dieppe (76) et le Havre (76) partent chaque jour, plusieurs bateaux. Enfin ça, c'était avant la crise du Coronavirus.
Depuis le 16 mars 2020 tout a changé. Qu'en est-il, début juin, 3 semaines après le début du déconfinement ?
La petite escapade de 3 jours : impossible
Il n'est pas interdit à tout résident français de séjourner en ce moment en Angleterre. La frontière est ouverte mais les conditions d'entrée sur le territoire sont strictes.
Les règles seront mises à jour (en accord avec l'évolution sanitaire en Grande-Bretagne) toutes les 3 semaines et les prochaines mesures seront connues le 8 juin prochain.
Pour le moment, il faut pour toute personnes entrant sur l'île soit en mesure de communiquer dates de séjour, coordonnées sur place, etc. "Vous ne serez pas autorisé à quitter l'endroit où vous séjournez pendant les 14 premiers jours de votre séjour au Royaume-Uni, sauf dans des cas très limités", précise le site du gouvernement britannique.
Aussi, si vous restez moins de 14 jours, aucun contact avec l'extérieur ou sortie touristique ne seront envisageables. Il faut, par ailleurs, savoir que tous les pubs et musées sont fermés actuellement en Angleterre. Le voyage n'a donc, dans ce contexte, aucun sens pour les touristes.
Les pubs fermés
"Ne sont ouverts que les commerces d'alimentation, les jardineries et magasin de bricolage. C'est la France, de début mai. Depuis le début, il y a trois semaines de confinement qui nous séparent. Et ca sera pareil pour le déconfinement, à priori", explique Carine, une française vivant à Manchester depuis longtemps.
"Depuis le 23 mars, les autorités britanniques ont demandé que soit respecté un confinement strict, qui n’a été que très partiellement allégé depuis mi-mai, et à un rythme variable dans chacune des nations (depuis mi-mai pour l’Angleterre, à compter de fin mai en Ecosse). Il est demandé de rester à son domicile autant que possible. Il est possible de passer du temps en extérieur et de se déplacer sans limitation de distance, mais en respectant les règles de distanciation sociale (2 mètres entre deux individus qui ne sont pas du même foyer). En tout état de cause, il demeure préférable de limiter ses déplacements", précise l'ambassade de France, à Londres.
Cependant, l'entrée sur le territoire n'est pas totalement impossible. Elle n'a juste pas franchement de sens, si c'est pour découvrir le pays.
Pas de passagers sur la Britanny Ferries jusqu'au 15 juin
La compagnie bretonne Britanny Ferries qui assure de nombreuses liaisons depuis la Normandie a arrêté toute vente de billet aux passagers. "Nous exploitons actuellement un service minimum pour le transport de fret exclusivement. Cette seule activité fret n'est pas viable pour la Compagnie mais elle permet de répondre aux demandes des gouvernements des pays que nous desservons pour l'acheminement de denrées de première nécessité telles les produits frais, les médicaments et le matériel médical. Nous ne sommes actuellement pas en mesure d'offrir des traversées pour les passagers."
Actuellement, et jusqu'au 15 juin, seuls 5 bateaux assurent les traversées, sur les 12 navires de la compagnie. "Le Mont St Michel, le Cap Finistère, le Kerry, le Connemara, et le Pélican n'assurent pour l'instant que des rotations fret."
Après la mi-juin, les réservations pourront très certainement reprendre. Mais les voyages ne se feront pas comme avant.
On peut partir de Dieppe en passager
Les propositions commerciales ne sont pas les mêmes du côté de DFDS, à Dieppe. Depuis la mi-mai, 75 passagers peuvent traverser à chaque départ de bateau. Ils sont actuellement 2 en rotation, chaque jour.
Bien sûr, à bord, les conditions de voyages sont adaptées aux conditions sanitaires.
"Bar fermé, salons également inaccessibles, à bord du ferry le Seven Sisters, les espaces ont effectivement été entièrement réorganisés. Les endroits dont l'accès est autorisé restent encore rares. Les espaces collectifs avec des fauteuils respectent désormais des précautions sanitaires, avec par exemple la condamnation de nombreuses places assises", expliquait France 3 Normandie dans l'article ci-dessus, à la reprise des voyages passagers.
"Le sud, le Pays de Galles et l'Ecosse vont être bondés"
Enfin, pour tous ceux qui souhaitent encore braver l'épreuve du voyage et qui misent sur la levée de quatorzaine dans les semaines qui viennent, il y a une réalité à connaître. L'Angleterre est un pays plus peuplé que la France si l'on ramène le nombre de personne au KM2 disponible.
Et les Britanniques, si prompts d'habitude à voyager l'été vers la France, l'Espagne ou l'Italie, ne vont pas beaucoup partir cette année. L'été à la maison est annoncé par tous les médias. "Les meilleurs sites touristiques du Royaume-Unis vont être pris d'assaut", redoute Carine cette française expatriée. "Il va être difficile de profiter."