Ils sont suivis à la trace. Certains résidents d'un lieu de vie et de soins de l'agglomération de Rouen sont équipés de puces connectées, installées dans leurs chaussures. Un système qui sécurise les personnes atteintes de démence ou de la maladie d'Alzeihmer, sans les priver de leur liberté.
Sur le boîtier qui ressemble à s'y méprendre à un téléphone portable ou une télécommande, est inscrit "Appel anti fugue, alerte SOS", ainsi que l'heure et la date du signalement. "Dans ce service-là, on a à peu près 35 patients, on ne peut pas être tout le temps derrière eux. On a des patients autonomes qui sortent pour fumer, parfois ils sont en fauteuil et ne peuvent pas contrôler les allées et venues des autres patients. Là, si un patient part, on est alertés", explique Émilie Clément, infirmière à l'hôpital Boucicaut de Mont-Saint-Aignan dans l'agglomération rouennaise.
L'établissement teste depuis quelques mois un système de surveillance de certains résidents, grâce à des puces connectées installées dans leurs chaussures, qui permettent de les localiser s'ils venaient à s'éloigner. Les soignants sont alors prévenus en temps réel, et peuvent localiser le patient.
Surveiller pour sécuriser
L'hôpital Boucicaut fait partie des sept sites du CHU de Rouen. Ici sont accueillis des adultes de tout âge, présentant de lourdes pathologies. Parmi les résidents de ce lieu de vie, certains nécessitent une vigilance accrue de leurs faits et gestes, notamment ceux qui souffrent de démence ou de la maladie d'Alzeihmer. L'établissement est ouvert, et il n'est pas rare que des malades s'égarent et soient ramenés par les gendarmes ou les pompiers.
"Dans d'autres établissements, il y avait des bracelets, mais je n'en voulais pas, car c'est très stigmatisant. Des bracelets, qui se déclenchaient quand le résident franchissait la porte. Et esthétiquement ce n'était pas joli. Nous, on a d'abord mis des codes à faire quand les gens veulent sortir de l'établissement" explique Karine Kadri, chef de service à l'USLD, l'unité de Soins de Longue Durée de l'hôpital Boucicaut.
Ce système est toujours en place, mais le temps de latence entre l'ouverture et la fermeture de la porte est suffisant pour qu'un résident sorte. "On était en grande difficulté. On a eu des résidents qui sont allés jusqu'à la voie rapide. Donc c'est très risqué", poursuit-elle.
D'où l'idée de mettre en place ce système de surveillance connectée, qui renforce le précédent.
La puce mesure quelques millimètres à peine, et se glisse tout simplement dans la chaussure du résident qui nécessite une surveillance.
Un système pour remplacer le manque de personnels ?
Sur les 70 résidents de cette unité de soins, trois personnes seulement sont dotées de ce dispositif.
Deux infirmières travaillent dans ce service, soit deux postes et demi. Ce système vient-il relayer également un manque de personnels ?
"Ce n'est pas la mission des infirmières ou des aides-soignantes d'être tout le temps derrière les résidents, qui peuvent bouger comme ils veulent dans la journée dans l'établissement. Ça ne se substitue pas aux soignants, en revanche ça leur évite d'être toujours inquiet et de se demander où sont les résidents. Dès que ça sonne, elles savent où aller récupérer le résident" souligne Karine Kadri.
Ce système n'est pas considéré comme une privation de liberté, mais une sécurisation de l'environnement du résident. Les familles et les tuteurs ont été informés, et ont rendu des avis favorables.