Au moins 15 Raümboot ont été coulés dans la Manche durant la Seconde Guerre mondiale. Les passionnés du GRIEME cherchent à retraçer leurs histoires.
Le coefficient de marée était optimal pour découvrir de nouveaux secrets le plus souvent immergés au fond de la mer. En cet avant-dernier week-end du mois d'août la mer s'est retirée loin à Sotteville-sur-Mer. "Dès 9h48, la marée remonte, il ne faut pas louper le coche", averti Pierre-Yves Lepage, Président du Groupe de Recherche et d'Identification d'Épaves de Manche-Est (GRIEME). Habitué de la plongée, Pierre-Yves profite des grandes marées pour effectuer des mesures et en savoir plus sur les épaves identifiées le GRIEME.
A 600 mètres de la côte, les passionnés du GRIEME ont trouvé deux moteurs de bateau. "Nous imaginons que ce sont des moteurs de Raümboot. Des démineurs allemands construits dès 1930 et utilisés durant la seconde guerre mondiale", raconte Pierre-Yves. Très vulnérables, ces navires avaient une coque en bois pour éviter d'attirer les mines. Parfois c'était insuffisant et pendant les opérations de déminages les navires explosaient avec les mines. D'autres étaient attaqués par les airs, sous le feu des Spitfire britanniques. "Impossible pour le moment de savoir comment le Raümboot au large de Sotteville-sur-Mer a coulé", juge Pierre-Yves Lepage. Au moins 15 Raümboot ont été coulés dans la Manche durant la Seconde Guerre mondiale
On va sur place pour prendre des indices, que l'on va ensuite comparer avec les archives du supposé fabricant du navire. On veut identifier le bateau, raconter et mettre à disposition du public son histoire.
Malgré des coefficients favorables, la mer et les vents forts n'ont pas permis à toute l'équipe du GRIEME d'attendre l'épave à pied. Pierre-Yves Lepage y est tout de même allé... à la nage. "Je ne reviens pas sans rien. J'ai trouvé des turbopropulseurs - parties du moteur - ce qui nous indique que le navire a été construit dans la seconde partie du conflit mondial", se réjouit le chasseur d'épave. Les passionnés du GRIEME devront revenir, encore et encore pour scruter, photographier, mesurer les restes du navire allemand. Ainsi ils pourront peut-être retracer son histoire et celle de ses marins échoués sur la côte d'albâtre il y a plus de 75 ans.