Le Rassemblement National sera au second tour dans 11 circonscriptions sur les 15 de l'Eure et de la Seine-Maritime. Des candidats se retirent pour faire barrage au RN, un fort taux de participation... voici ce qu'il faut retenir du premier tour des élections législatives en Seine-Maritime et dans l'Eure.
Le RN en tête dans 11 circonscriptions sur 15
La vague RN s'abat sans surprise sur la Normandie, pour ce premier tour des élections législatives 2024. "On assiste à une grosse poussée du Rassemblement National en Seine-Maritime et une grosse confirmation dans l'Eure", décrypte notre politologue Bruno Cautrès, au lendemain de ce premier tour.
En effet, le RN est arrivé en tête dans 6 circonscriptions sur 10 en Seine-Maritime et dans les 5 circonscriptions dans l'Eure.
Dans l'Eure, il restait pourtant une circonscription à gauche, mais le socialiste Philippe Brun (34,27%) a été devancé par le candidat du Rassemblement National Patrice Pauper (41,64%). Toutefois, celui qui a été élu en 2022, pourra compter au second tour sur le report des voix qui sont allées à Anne Terlez de la majorité présidentielle (17,46%), qui n'est pas qualifiée pour la suite du scrutin.
"À l'unisson de ce qui s'est passé à l'échelle nationale, on assiste à une grosse poussée du Rassemblement National", explique notre politologue Bruno Cautrès.
Dans l'Eure, on sait que le Rassemblement National était presque à domicile, dorénavant, il pourrait faire le grand chelem dans le département. Ce serait un résultat qui marquerait beaucoup le plan national, car rares sont les départements avec une seule couleur de députés à l'issue du deuxième tour.
Bruno Cautrès, politologue
Mais aucun candidat n'est parvenu à être élu dès hier soir. En Seine-Maritime, les sortants résistent, comme Agnès-Firmin le Bodo, Jean-Paul Lecoq ou encore Edouard Bénard, arrivés en tête dans leurs circonscriptions. Cependant l'écart de voix avec le RN se resserre.
Le Havre, Dieppe et Rouen "limitent la casse"
Si le RN arrive en tête dans une bonne partie des circonscriptions des deux départements hauts normands, certaines villes font exception en Seine-Maritime. "Il n'y a que dans les agglomérations du Havre et de Rouen que la casse a été limitée, soit par de bons scores de candidats de gauche, soit par de bons scores de candidats de la majorité présidentielle, comme dans la 7e circonscription de la Seine-Maritime", poursuit Bruno Cautrès.
À Dieppe, le communiste Sébastien Jumel obtient 50,11% des voix. En revanche, le député sortant se retrouve en danger dans la 6e circonscription (sous la bannière Nouveau Front Populaire), où il a été largement devancé par son rival du Rassemblement national, Patrice Martin (44,90%, contre 34,50% pour le candidat communiste). Faisant basculer à droite une circonscription historiquement communiste.
Le RN réalise son pire score dans la 1ère circonscription de Seine-Maritime, avec 19% des suffrages. Mais Grégoire Houdan est en position de se maintenir au second tour.
"Les triangulaires fondent comme neige"
"Les triangulaires vont fondre comme neige au soleil", indique Brun Cautrès. "Il y a une grosse pression sur les états-majors politiques. La tonalité a été donnée, Edouard Philippe, Gabriel Attal, Jean-Luc Mélenchon... on risque de voir le nombre de triangulaires beaucoup diminuer et ça introduit une petite inconnue sur les résultats du second tour".
En effet, sur les deux départements hauts normands, il pourrait y avoir une unique triangulaire au second tour. Dans la 1ère circonscription de Seine-Maritime, Florence Herouin-Léautey, la candidate de la gauche, affrontera non pas un candidat, mais deux : Damien Adam, député sortant pour Ensemble et Grégoire Houdan, du Rassemblent National.
Ailleurs, les candidats de l'alliance de gauche, arrivés troisièmes, se désistent, pour faire barrage à l'extrême droite. À l'image de Vincent Decorde dans la 2e circonscription, et Florence Martin-Péréon dans la 7e.
Dans la 4e, Laurent Bonnaterre du parti d'Edouard Philippe, se désiste. Reste une incertitude en Seine-Maritime. Dans la 5e circonscription, Jean Delalandre d'Horizons, va-t-il se retirer, au profit du sortant socialiste, Gérard Leseul ?
Dans l'Eure, des deux triangulaires possibles, il n'en restera finalement aucune. Dans la 1ère circonscription, la socialiste Christine Le Bonté se désiste, tout comme l'écologiste Pierre-Yves Jourdain, dans la 5e.
Une participation en forte hausse
Ce premier tour reste marqué par une forte participation : jusqu'à 73% dans la deuxième circonscription de Seine-Maritime. 68,5% des Normands sont allés voter hier, plus que la moyenne nationale à 66,8%."C'est une bonne nouvelle pour notre système démocratique. Les électeurs n'avaient pas bien compris les intentions d'Emmanuel Macron pour faire cette dissolution, Mais ils ont finalement embrayé en allant voter", conclut Bruno Cautrès.