Centrale nucléaire de Penly : une fissure de 15 cm qui affecte la sûreté a été détectée

La fissure a été détectée sur une canalisation qui doit pouvoir refroidir le réacteur en cas d'accident nucléaire. Les réacteurs de la centrale de Penly sont actuellement à l'arrêt. Une nouvelle mauvaise nouvelle pour toutes les centrales françaises dont le redémarrage est précisément retardé à cause de ce type d'anomalies liées à la corrosion.

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15 centimètres de longueur, 23 millimètres de profondeur (sur une épaisseur totale de 27 millimètres) : " On était donc assez proche d'une fuite" constate Karine Herviou, directrice générale adjointe de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), invitée de France Info. 

Une fissure aussi profonde est une découverte inquiétante. Les problèmes de micro-fissures sur des tuyaux à cause de la corrosion étaient connus. EDF contrôle ces canalisations endommagées par la corrosion dans plusieurs centrales françaises

Un évènement significatif pour l'Autorité de sûreté nucléaire

L'autorité de sûreté nucléaire a reçu le 6 mars le descriptif de cette détection de fissure à Penly. Le fournisseur d'électricité avait communiqué dès le 24 février sur son site mais c'est le site "Contexte" qui a attiré l'attention sur cette information, début mars.

L'ASN a donc publié le 7 mars un communiqué qui analyse la situation : 

"Cet évènement n’a pas eu de conséquence sur le personnel ni sur l’environnement. Toutefois, il affecte la fonction de sûreté liée au refroidissement du réacteur. En raison de ses conséquences potentielles et de l’augmentation de probabilité d’une rupture, l’ASN le classe au niveau 2 de l’échelle INES en ce qui concerne le réacteur 1 de la centrale nucléaire de Penly et au niveau 1 pour les autres réacteurs concernés." (NDLR : l'échelle de gravité compte 7 paliers)

Une faille dans le dernier rempart en cas d'accident nucléaire

La canalisation fissurée se trouvait dans une canalisation du bâtiment du réacteur 1 de la centrale de Penly (mise en service en 1990) dans la partie du "circuit de sauvegarde". Or ce circuit est essentiel en cas d'emballement du cœur nucléaire ou de tout autre accident endommageant le réacteur.

Le tuyau en métal fissuré est un élément du circuit d'injection de sécurité appelé RIS (en vert sur le schéma de l'IRSN) "il permet d’injecter de l’eau borée dans le cœur du réacteur afin de stopper la réaction nucléaire et de maintenir le volume d’eau dans le circuit primaire en cas d’accident de perte de réfrigérant primaire" (NDLR : l'eau borée contient un élément chimique, le bore)

L'hypothèse d'une soudure approximative lors de la construction du réacteur

Cette canalisation aurait été rongée par la "corrosion sous contrainte". EDF explique qu'il peut y avoir plusieurs facteurs "le principal est celui de la géométrie des lignes des circuits auxiliaires, le second concerne les conditions de soudage et les contraintes mécaniques qu'elles génèrent dans le matériau".

L'autorité de sûreté nucléaire apporte une hypothèse : "cette soudure a fait l’objet d’une double réparation lors de la construction du réacteur, ce qui est de nature à modifier ses propriétés mécaniques et les contraintes internes du métal au niveau de cette zone."

Dans des termes plus directs, le président de l'ASN, Bernard Doroszczuk, déplore auprès de nos confrères de l'Agence France Presse, ce mercredi 8 mars : "Il y a eu une approche qui n'est pas acceptable, qui a consisté un peu à forcer les tuyauteries pour les aligner pour les souder, et il y a eu sur cette soudure des défauts qui ont conduit à une deuxième réparation". 

Dans son communiqué, l'autorité de sûreté conclut qu'elle "a demandé à EDF de réviser sa stratégie pour tenir compte de ces nouvelles informations."

Un incident commenté en Seine-Maritime et dans le monde

Le nom de Penly a acquis une renommée imprévue. Les internautes allemands, japonais sont les plus nombreux à commenter cette anomalie sur le réacteur français. 

La Seine-Maritime a deux centrales nucléaires, Penly et Paluel, toutes deux sur la côte d'Albâtre. Ce défaut sur un circuit de sécurité, aussi flagrant, remet en question la confiance.

"Heureusement, le réacteur est vide. En cas de dysfonctionnement et de problème très grave dans le réacteur, il n'y aurait pas de solution de secours. On serait au bord d'un incident de type Fukushima ou contamination extrême."

Richard Kobylarz, UFC que Choisir, membre de la commission locale d'information nucléaire

Le député socialiste de Seine-Maritime, Gérard Leseul, rappelle qu'une fusion de l'autorité de sûreté nucléaire et de l'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire est actuellement en débat à l'Assemblée nationale. Il estime que cela nuirait à la sécurité des habitants. 

Le député européen d'Europe Ecologie les Verts, Yannick Jadot, réagit lui aussi. Penly devrait accueillir le chantier de deux réacteurs EPR .

Pour Yves Marignac, expert en énergie et membre des groupes permanents d'experts de l'ASN "le fait que des fissures plus importantes soient possibles pose la question du maintien en fonctionnement des 6 réacteurs de même type P'4", dans l'attente de leur réparation préventive prévue courant 2023.

Sur les 16 réacteurs, les plus récents et identifiés comme les plus sensibles, 10 réacteurs doivent encore être contrôlés et réparés en 2023 : 6 doivent être réparés d'office, sans passer par la phase de contrôle et 4 poursuivront les travaux commencés en 2022, rappelle EDF à l'Agence France Presse. 

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