Dieppe : la mairie souhaite autoriser les commerçants à vendre sur le trottoir pendant le confinement

Est-ce la mésaventure arrivée dimanche à une commerçante de Dieppe qui est à l'origine de la proposition de la municipalité d'autoriser les commerçants à vendre sur les trottoirs pendant le confinement ? Toujours est-il que la  délibération sera présentée ce soir au conseil municipal.

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Voici  une délibération municipale qui tombe à point nommé ! Ce jeudi soir 25 mars, le conseil municipal de Dieppe votera une délibération autorisant les commerces "non essentiels" à vendre leurs produits sur des étals posés sur le trottoir. Les commerçants occuperont l'espace public gratuitement, créant ainsi un marché permanent. La création d'un marché étant une prérogative de la municipalité, cette délibération a toutes les chances d'aboutir.

Une initiative heureuse et qui n'est pas sans faire écho à la mésaventure arrivée dimanche 21 mars à une commerçante dieppoise, placée en garde à vue pour avoir ouvert son magasin sur un territoire régi par les règles du confinement. Florence Vandeuvre explique avoir ouvert pour prendre des photos d'articles qu'elle souhaitait ensuite mettre en vente sur son site internet. Des policiers passant par là lui ont donc intimé l'ordre de baisser le rideau pour l'après-midi. Mais quand ils reviennent à 15h, la commerçante est encore sur place. "J'étais en train de ranger des articles que je venais de prendre en photo", raconte Florence Vendeuvre. "Il n'y avait personne dans le magasin puisque je n'ai pas le droit, il n'y avait même pas la moitié des lumières. Et là, ils sont arrivés comme des cowboys, ils m'ont bien énervée", ajoute-t-elle. Des renforts de police arrivent alors sur les lieux, et Florence Vandeuvre reconnait que le ton monte. "Ils sont arrivés énervés et moi je l'étais aussi, et oui j'ai dit Vous me faites chier, vous êtes une bande de cons. Voilà." concède la commerçante, qui se retrouve menottée et placée en garde à vue pendant cinq heures. 

L'histoire a choqué les commerçants de Dieppe, nombreux à lui apporter leur soutien. "Florence pourrait être la porte-parole aujourd'hui des commerçants qui ne comprennent plus la règle et à qui on demande trop de choses. Alors oui elle a craqué !" explique Pierre Dulac commerçant dieppois solidaire. Pour tous, la garde à vue de la commerçante est disproportionnée. Elle devrait cependant être convoquée pour un rappel à la loi, avant de suivre un stage de citoyenneté.

Un marché permanent

La délibération proposée ce jeudi soir au conseil municipal par Nicolas Langlois le maire de Dieppe, autoriserait la création de marchés non alimentaires permanents dans les rues commerçantes du centre ville et de Neuville-les-Dieppe. Les nouvelles règles de confinement favorisent les activités à l'air libre et les marchés alimentaires sont eux toujours autorisés.

Dans un communiqué le maire de Dieppe explique sa position. « Encore une fois, des commerces
sont jugés non essentiels, comme les bars et les restaurants le sont depuis trop longtemps. C'est déjà un véritable mépris de l'activité, de l'engagement et de la vie, tout simplement, de ces commerçants. Soyons cohérents. Sur les marchés, ces articles peuvent être vendus, et c'est une bonne chose. Alors, pourquoi ne pas autoriser ces commerçants, de nouveau percutés par des décisions aussi soudaines qu'incompréhensibles, tant ils ont fait preuve de sérieux dans l'application de mesures sanitaires toujours plus contraignantes, à vendre sur des étals, en plein air ? C'est ce que nous souhaitons permettre. L’idée de vivre en extérieur pour limiter les risques de propagation du virus peut être appliquée ici pour nos commerces et c’est dans ce sens que nous avons construit cette solution dieppoise dans le respect des exigences sanitaires et conformément aux déclarations du Premier Ministre. »

Cette idée de marchés permanents en plein air a été imaginée avec l'association de commerçants "Vos belles boutiques", pour tenter de remédier à leurs difficultés sociales et économiques. 

A Compiègne déjà, le maire Philippe Marini (LR) a pris un arrêté autorisant gratuitement les commerces « non essentiels » à vendre sur le trottoir, devant le magasin. Mais la préfète de l’Oise a mis le maire en demeure de retirer l’arrêté. Le maire a refusé d'obtempérer, se disant prêt à aller au tribunal administratif. A Dieppe, le maire a préféré la forme d'une délibération plutôt qu'un arrêté, une solution juridique moins attaquable et qui engage tout le conseil municipal et pas seulement le premier édile. Si elle est votée ce soir au conseil municipal, la délibération serait applicable dès samedi matin. 

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