Situé en bord de mer, le centre nucléaire de production d'électricité d'EDF de Paluel est désormais doté de nouveaux équipements pour faire face à un tremblement de terre ou à une inondation.
Après la catastrophe de l'accident de la centrale nucléaire japonaise, la question de la sécurité des installations nucléaires françaises, et notamment celles situées en bord de mer (comme à Fukushima), a été une préoccupation des citoyens, mais aussi d'EDF.
C'est ainsi que dix ans après la catastrophe de Fukushima, la direction de la centrale nucléaire de Paluel (Seine-Maritime) a convié la presse pour une présentation des nouveaux dispositifs mis en place après le "retour d'expérience" de ce qui s'est passé au Japon.
La centrale de Paluel, située entre Veulettes-sur-Mer et Saint-Valéry en Caux a été mise en service en 1985. Elle comprend quatre réacteurs de 1.300 Mégawatts chacun. En 2019, elle a produit 26,2 milliards de kWh, soit 6,9 % de la production nucléaire française (source EDF).
La priorité : refroidir en permanence les réacteurs
Comment assurer la continuité de l'alimentation électrique des installations (ordinateurs, mais aussi pompes et éclairage) en cas d'inondation ou de tremblement de terre ? Pour répondre à cette question EDF a équipé la centrale de Paluel d'un nouveau bâtiment dans lequel ont été installés des groupes électrogènes spéciaux du nom de "diesel d'ultime secours".
Ces "DUS" sont opérationnels depuis la fin janvier 2021.
"Le retour d'expérience de Fukushima nous montre, et on le sait dans la gestion de crise, qu'il faut à tout instant être capable d'apporter de l'eau pour refroidir les réacteurs, de manière à ce que tout ce qui est à l'intérieur du bâtiment du réacteur y reste pour ne rien rejeter dans l'atmosphère."
Et pour refroidir les réacteurs il nous faut de l'eau et de l'électricité pour faire tourner les pompes de nos matériels de sauvegarde."
"Ultime secours"
Le nouveau bâtiment spécial construit au CNPE de Paluel comprend quatre groupes électrogènes "d'ultime secours" (un par tranche nucléaire). En cas de problème majeur un moteur de 75 tonnes doit permettre de fournir de l'électricité de façon totalement autonome pendant trois jours d'affilée. Il est alimenté par deux cuves de fuel d'une capacité de 60.000 litres chacune.
"Son rôle cela va être de se substituer aux 5 autres sources électriques dont on dispose déjà sur l'installation pour venir approvisionner en électricité tous nos matériels de sauvegarde. La particularité de ce bâtiment c'est qu'il a été construit sur des plots parasismiques qui permettent de résister aux séismes."
Ce bâtiment résiste aux inondations, il résiste aux tornades, au grand froid : bref à toutes les situations extrêmes pour être capable de garantir l'électricité quand on en aura besoin."
A Paluel, le dispositif de sécurité est complété par la présence de membres de la "Force rapide du nucléaire" la FARN, dont les équipiers ont pour mission d'agir immédiatement en cas d'alerte maximale. Parmi leurs missions : permettre aux circuits de refroidissement du réacteur d'être toujours en fonctionnement. Ils peuvent également intervenir avec des groupes électrogènes, des pompes à eau et même des pompes à air pour permettre le fonctionnement de certaines valves.
Incendie et sous-traitants : "un risque potentiel"
Invité ce jeudi 11 mars 2021 du JT 12/13 de France 3 Normandie, un des membres du collectif "Sortir du Nucléaire" a salué l'installation des "DUS" et la mise en place de la "FARN" :
"A priori, on peut se satisfaire de cette situation, malgré tout, on considère qu'il y a une marge de progression à avoir. Notamment en ce qui concerne l'incendie, parce qu'il n'y a pas de pompiers professionnels sur le site de Penly, de Paluel ou ailleurs, ce qui est regrettable."
Le militant a par ailleurs dénoncé le fait qu'EDF fasse appel à beaucoup de sous-traitants dans ses CNPE :
"Il faut éviter que la sous-traitance de la maintenance soit si importante : 80% de la maintenance réalisée dans les centrales nucléaires a été effectuée par des sous-traitants qui ne connaissent pas forcément les installations, ce qui peut entraîner des dysfonctionnements par la suite, lors des remises en marche."
Parmi ces sous-traitants, il y a parfois des gens qui ne parlent pas le français, donc pour le passage des informations de ce qu'il y a à faire, des consignes, c'est un risque potentiel..."
Alain Correa fait partie d'un collectif normand qui milite contre le projet d'installation d'un EPR sur le site de la centrale de Penly près de Dieppe.