Ce que la catastrophe de Fukushima a changé pour nous en Normandie

L’accident de la centrale nucléaire de Fukushima (Japon) le 11 mars 2011 a conduit à la mise en place de dispositifs pour renforcer la sécurité des centrales comme celle de Flamanville (Manche) pour être prêt en cas d’événements extrêmes.

Une tempête extrême s’abat sur le Cotentin, coupant l’alimentation électrique de la centrale de Flamanville (Manche). Les équipes de la Force d'Action Rapide du Nucléaire (FARN) sont affairées… Ce 28 octobre 2020, ce n’est qu’un test, une mise en situation, avec un scénario digne de Fukushima. Ce groupe d’intervention est déclenché "à partir du moment où on a un agresseur qui est "super" au référentiel normal. C’est-à-dire qu’on a une tempête qui est hors-normes par exemple, une tempête qu’on ne pourrait jamais imaginer en France", détaille Frédéric Rigolio, chef du poste de commandement lors de cet exercice.

La FARN est née suites à la catastrophe japonaise. Le 11 mars 2011, un séisme de magnitude 9,1 entraîne un tsunami dans le nord-est du Japon, tuant plus de 18 000 personnes. Le site de la centrale de Fukushima Daiichi, l’une des plus grandes au monde, est englouti. A la catastrophe naturelle s’ajoute l’accident nucléaire, l’un des plus graves de l'histoire. Face à cette tragédie, des mesures ont été prises en France au sein des centrales dont celle de Flamanville (Manche) - composée de deux réacteurs, mis en service en 1986-87, et un troisième réacteur à eau pressurisée de type EPR qui est en construction.

Création du "noyau dur" d’EDF et de la FARN

Après l’accident nucléaire japonais, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a mis en place un "noyau dur" le 26 juin 2012, "à l’issue de l’analyse des conclusions des évaluations complémentaires de sûreté (ECS) qu’elle avait imposées afin de prendre en compte le retour d’expérience de l’accident de Fukushima Daiichi survenu le 11 mars 2011." Ce concept de "noyau dur" vise à "disposer de structures et équipements résistant à des évènements extrêmes assurant les fonctions vitales pour la sûreté du réacteur", est-il détaillé sur le site internet de l'ASN. Et une de ces vitrines est la création de la FARN : 300 personnes mobilisables 24h/24, une unité unique au monde.

Mais du côté de la mise en place des réserves d’eau supplémentaires ou de diesel de secours, cela aura été plus laborieux. Le calendrier de déploiement ne cesse d’ailleurs de glisser, tout comme le coût des mesures post-Fukushima : plusieurs dizaines de milliards d’euros. Des investissements massifs qui ont bien amélioré la sûreté. En 2019, par exemple, les périmètres d’évacuation de la centrale de Flamanville ont doublé.

Mais tout n’a pas été réglé. La centrale de Flamanville vient par exemple d’écoper d’une mise en demeure de l’ASN, le gendarme du nucléaire, après avoir échoué lors d’un exercice qui mettait en scène justement un événement météo extrême.

Enfin, la mise en place des mesures post-Fukushima a été très inégale sur le territoire. Flamanville, 10 ans après, est la seule centrale française, sur les 18 existantes, à disposer d’un centre de crise bunkerisé.

Méfiance vis-à-vis du nucléaire

La catastrophe de Fukushima a forcément eu un fort retentissement pour les Normands avec la présence de la centrale de Flamanville. Et des actions anti-nucléaire ont régulièrement lieu, souvent pour dénoncer les "risques inutiles" pris par EDF, notamment lors de transports de combustibles nucléaires.

Ce jeudi 11 mars, pour le dixième anniversaire de la tragédie de Fukushima, à l'appel du collectif anti-nucléaire de l'Ouest, une manifestation s'est déroulée au Port Dielette de Flamanville. Les manifestant ont installé des photos des liquidateurs de Tchernobyl, près d'une stèle dédiées aux victimes irradiées connues et inconnues. Ils réclament davantage de sobriété nucléaire en développant les énergies renouvelables, et soulignent qu'un autre "accident nucléaire est toujours possible".

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