A Dieppe, selon les soignants le pic d'hospitalisations n'est pas encore passé. A l'hôpital on a tiré les enseignements de la première vague et on s'organise pour faire face à l'afflux de malades. Des malades de plus en plus âgés.
Jamais il y a eu autant de malades du coronavirus à l'hôpital de Dieppe. 55 personnes sont actuellement prises en charge après une infection au Covid-19 et huit d'entre elles sont en réanimation. "Si le nombre de cas reste persistant, on va avoir un problème de place pour accueillir tout le monde", s'inquiète la docteur Stéphanie Robaday-Voisin du service infectiologie. Au deuxième étage de l'hôpital, seules quelques chambres sont encore libres pour recevoir des malades Covid-19. Alors pour éviter de se retrouver dans une situation encore plus délicate, un nouveau service a été créé. Dans un petit bureau, trois soignantes s'activent. "Je viens de recevoir un mail de la réa, un de leur patient sort pour aller en unité Covid. Ce qui nous fait deux lits disponibles ici au Centre Hospitalier de Dieppe", explique une membre du nouveau service. La cellule d'ordonnancement territoriale distribue les malades entre les sept établissements publics du Groupement Hospitalier Caux-Maritime et trois autres privés.
A Dieppe, le pic d'hospitalisation n'est pas passé
Alors que le ministre de la Santé Olivier Véran annonce dans la presse que "la France a passé le pic épidémique", a Dieppe, on temporise ces annonces. "Le haut de la vague est devant nous. Et quand bien même nous atteignions la crête, nous allons avoir un plateau. Le nombre de cas ne va pas baisser soudainement, ici les effets du confinement se sont encore attendre", explique une soignante.
Le haut de la vague est devant nous à Dieppe
En cellule de crise plénière, à l'hôpital de Dieppe on fait le point sur la situation deux fois par semaine. "On prévoit un pic de l'épidémie en réanimation entre le 15 et le 18 novembre et un pic d'hospitalisations sur nos lits Covid dans le courant de cette semaine", commence Franck Esteve, directeur adjoint de l'hôpital. Avec tous les hôpitaux du territoire en visioconférence, les chefs de service exposent la stratégie pour les jours à venir.
Une deuxième vague plus forte que la première
A Dieppe on constate que les personnes âgées sont plus nombreuses dans les services Covid qu'en mars et avril dernier. "Le virus circulaient moins dans les EHPAD lors que la première vague", raconte la docteur Robaday-Voisin. Et à Dieppe, cette réalité a une conséquence directe dans le service réanimation de l'hôpital. 87% des lits en réanimation sont occupés. Un chiffre au-dessus de la moyenne départementale à 83% et régionale à 77%.
"Nous avons plus de patients qu'au printemps dernier et moins de lits disponibles parce qu'il y a moins de déprogrammation. Les soignants sont également plus absents parce qu'ils sont touchés par le coronavirus. Par rapport à mars-avril, l'exercice est beaucoup plus compliqué", souligne l'infectiologue dieppoise.
Pour faire face, l'hôpital recrute. Depuis plusieurs mois, des dizaines de postes étaient restés vacants. "Compte tenu de l'organisation que l'on a mis en place pendant la crise, on a besoin de plus de personnel" souligne le directeur adjoint de l'hôpital. Au moins quarante aides-soignant.e.s et vingt infirmèr.e.s vont rejoindre le centre hospitalier dieppois, "on aura besoin de monde sur le long-terme pour faire face à cette crise", conclu Franck Esteve.