En 2024, 70 migrants ont trouvé la mort dans leurs tentatives de traversées de la Manche. La sous-préfecture de Dieppe (Seine-Maritime) renforce les moyens de surveillance pour venir en aide aux naufragés et pour identifier les réseaux de passeurs.
Chaque semaine, de nombreux migrants tentent de traverser la Manche dans l'espoir de construire une nouvelle vie au Royaume-Uni. Ces traversées font régulièrement la une des journaux pour les drames qu'elles entraînent.
En mai 2024, 66 personnes étaient secourues au large de la côte dieppoise par les gardes-côtes français après que leur embarcation de fortune a été endommagée. Ce sauvetage a permis d'éviter un nouveau drame dans cette mer qui s'est transformée en cimetière depuis le début des années 2010.
Les passeurs au cœur des enquêtes de justice
Une enquête des services de police avait permis d'identifier et d'interpeller un passeur. Ce dernier avait finalement été expulsé du territoire après une comparution immédiate devant le tribunal.
Les passeurs sont au cœur des enquêtes menées par la justice. Ce sont eux qui planifient les traversées de la Manche. Chaque migrant doit leur payer plusieurs milliers d'euros pour espérer avoir une place sur un bateau pneumatique. Une activité très lucrative souvent organisée au détriment de la sécurité des demandeurs d'asile.
Au cours de l’année 2024, 17 passeurs ont été interpellés selon la sous-préfecture de Dieppe. Ces interpellations sont le résultat d'une surveillance accrue grâce à un dispositif déployé baptisé "Salamandre".
"Nous avons 16 gendarmes qui sont postés en permanence pour observer sur les valleuses et sur les grands axes les tentatives de départ. Nous avons renforcé les contrôles sur les routes et les autoroutes. Nous améliorons également la sécurisation du port de Dieppe avec les douanes pour identifier les tentatives de passage", explique Audrey Baconnais-Rosez, sous-préfète de l'arrondissement de Dieppe.
Reportage Grégory Archiapati et Claude Heudes :
Des méthodes toujours plus déshumanisantes
En 2024, sept traversées clandestines ont été relevées au départ de Dieppe (Seine-Maritime) et des communes alentour. Deux de ces tentatives ont échoué. Cela représente une hausse de 22% par rapport à 2023.
Année après année, les autorités et les associations soulignent que les méthodes des passeurs sont de plus en plus déshumanisantes. Désormais les réseaux de passeurs tentent de dissimuler les candidats à la traversée de la Manche dans des sacs de sport ou dans des caches de véhicules.
Selon le président de l'association "Itinérance" qui vient en aide aux migrants, les réseaux de passeurs se multiplient. "La traite d'êtres humains, ça rapporte des sommes équivalentes à celles du trafic de drogue, explique Thierry Patinaux, président de "Itinérance". Des mafias se sont engouffrées là-dedans, c'est une manne financière assez facile à saisir et c'est dramatique."
La côte dieppoise reste aujourd’hui beaucoup moins touchée par ces tentatives de traversées vers le Royaume-Uni que la région des Hauts-de France. Mais les autorités comme les associations craignent chaque jour qu'un nouveau drame humain ait lieu.
En 2024, près de 70 personnes ont trouvé la mort dans la Manche.