C'est un événement qui pourrait être considéré comme les prémices du Débarquement de 1944, sauf que celui-ci est un échec. Le 19 août 1942, l’opération Jubilee menée sur le port seino-marin par les Alliés a fait 1 200 morts ou disparus, 1 500 blessés et 2 000 prisonniers.
C'est l'histoire d'une opération qui avait vocation à n'être que test, un test qui rapidement, va virer au drame. Les Alliés, pressés par Staline d’ouvrir un deuxième front à l’Ouest, décident de lancer un raid censé tester les défenses côtières allemandes. Les missions étaient claires : arrivée des soldats à l’aube, destruction des positions d’artillerie importantes, d'un radar, d'un aérodrome, des bâtiments de guerre dans le port de Dieppe ainsi que le quartier général allemand qui a été localisé.
En cas de succès, les soldats, aidés par des unités d'infanterie, doivent ensuite reprendre la mer avec d’éventuels prisonniers allemands.
Un déroulement inattendu
Pour cette mission, un mot d'ordre : efficacité. Ce doit être une attaque éclair, un premier coup de grâce pour déstabiliser les forces allemandes, les membres de l'Axe. Le raid doit durer à peine 10 heures. D’importants moyens sont déployés : 6 000 hommes au total, près de 5 000 Canadiens font partie des troupes, à cela s'ajoutent un peu plus de 1 000 commandos britanniques, renforcés de 50 rangers américains et de 15 Français du commando Kieffer. Les troupes sont embarquées et soutenues par près de 250 navires et engins de débarquement.
Dans le ciel près de 1 000 aéronefs sont présents en soutien tactique. Les effectifs adverses sont estimés à 2 000, le surnombre semble être la solution et la plus grande force de cette mission.
Le soleil n'est pas encore levé, il est 3 heures du matin, l'opération Jubilee démarre. Les flottes prennent la route pour la côte dieppoise. Il ne suffit que de quelques instants avant de croiser un premier cargo allemand. Le feu est immédiatement ouvert. Pas un pied allié n'a encore touché les galets que les balles pleuvent. Ces mêmes galets qui sont un obstacle pour l'assaut principal sur la plage, prévu à 5 heures. Les chars se déplacent très difficilement, restent parfois bloqués. Les soldats ne franchiront pas le deuxième réseau de barbelés et resteront piégés. Les survivants seront capturés.
Des pertes insoutenables
La journée fut interminable, ce qu'il reste de la flotte rejoint l'Angleterre, une fois la nuit tombée. Le bilan est lourd, surtout pour les troupes à terre : 1 200 morts ou disparus (dont 900 Canadiens), 2 000 prisonniers et 1 500 blessés. Plus de 30 navires et 100 avions sont perdus.
Dieppe pleure aussi ses morts après l'affrontement, 40 habitants décèdent au total, 40 autres sont blessés gravement. L'opération Jubilee, si importante pour la ville, si déterminante pour notre histoire, sera présentée en cette fin de semaine aux quatre coins de Dieppe entre hommages, expositions et représentations artistiques.