Dix migrants ont été découverts à bord d'une camionnette qui s'apprêtait à monter dans un ferry vers l'Angleterre, jeudi 29 février, au port de Dieppe. Leurs trois passeurs présumés ont été arrêtés. Cinq jours plus tôt, un homme avait déjà été interpellé sur le port, transportant un migrant dans son véhicule. Le parquet annonce qu'il "se mobilise totalement" contre ce trafic.
Le port de Dieppe, en Seine-Maritime, serait-il un nouveau haut lieu de trafic des réseaux de passeurs vers l'Angleterre ?
En une semaine, deux interpellations de passeurs transportant des migrants et s'apprêtant à monter dans un ferry à destination de Newhaven, en Angleterre, ont eu lieu sur le port de Dieppe. Jeudi 29 février, les agents de la douane ont découvert dix migrants vietnamiens derrière le faux plancher d'une camionnette. Leurs trois passeurs présumés, deux hommes et une femme, tous de nationalité roumaine, se trouvaient à bord de la cabine de la camionnette. Ils ont été arrêtés par la police.
Quatre jours plus tôt, le 26 février, un homme avait déjà été interpellé alors qu'il s'apprêtait à embraquer dans le navire avec un migrant à bord de son véhicule. Il a été condamné, en comparution immédiate, à 15 mois de prison. À la mi-février, sept migrants, dont certains inconscients, avaient aussi été découverts bord d'un navire de la compagnie Transmanche Ferries à Dieppe.
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Le parquet se mobilise
Ce vendredi 1ᵉʳ mars, le procureur de la République de Dieppe, Etienne Thieffry, affirmait faire de la lutte contre les passeurs une priorité pour l'année à venir. "Le parquet se mobilise totalement pour lutter contre ces infractions, à la fois parce qu'elles relèvent d'organisations criminelles qui vont assurer aussi une économie souterraine et qui se diffuse dans l'ensemble du territoire européen, jusqu'à notre littoral, mais aussi parce que, bien souvent, il y a la mise en danger de la vie des migrants", a-t-il déclaré.
Le parquet se mobilise totalement pour lutter contre ces infractions (...) parce qu'il y a la mise en danger de la vie des migrants.
Etienne Thieffry, procureur de la Républiqueà France 3 Normandie
La collaboration avec les autorités britanniques sera intensifiée, a-t-il avancé. "L'information communiquée par les autorités britanniques, même si l'infraction est constatée en Angleterre, justifie et permet d'ouvrir une enquête miroir en France qui va permettre d'essayer de comprendre, de reconstituer le cheminement de ces migrants jusqu'au port de Dieppe", indique-t-il. Et d'ajouter que cela devrait "faciliter l'identification de l'organisation criminelle à l'origine de ces agissements".
"Traite des êtres humains"
Une démarche saluée par les associations d'aide aux migrants sur place. Thierry Patinaux, bénévole de l'association Itinérance Dieppe, décrit une situation "fatigante" et "traumatisante" pour les migrants. "On tombe sur des gens malhonnêtes, forcément, qui vous font payer, qui vous obligent à travailler. Pour les femmes, qui obligent à se prostituer. Donc évidemment qu'il faut lutter contre la traite des êtres humains", lance-t-il.
On tombe sur des gens malhonnêtes qui font payer, qui obligent à travailler, qui obligent à se prostituer.
Thierry Patinaux, bénévole de l'association Itinérance Dieppeà France 3 Normandie
Les passeurs encourent une peine de 5 à 15 ans de prison et une amende de 30 000 à un million d’euros. Depuis le début de l’année, le tribunal de Dieppe a jugé quatre affaires liées à des réseaux criminels de passeurs.