Toute la Normandie, comme la majeure partie de la France, est en vigilance canicule samedi 18 juin. Sous les fortes températures, les travailleurs du BTP et de la restauration souffrent davantage que d'autres professions et prennent donc leurs précautions. Illustration au Havre.
Tandis que l'Orne est en vigilance orange canicule, la Manche, le Calvados, l'Eure et la Seine-Maritime sont classés en vigilance jaune par météo France samedi 18 juin 2022. Le mercure pourrait monter jusqu'à 39 degrés à Etrépagny, dans l'Eure. Si cette chaleur étouffante s'avère difficile à supporter, notamment pour les plus âgés, elle l'est aussi pour les travailleurs, notamment ceux du BTP et de la restauration.
Au Havre vendredi, Aurélien Leroy travaille sur le toit d'une maison depuis sept heures du matin. Ce couvreur a tout juste entamé un chantier qui va durer trois semaines. Alors, pour ne pas s'épuiser, il commence ses journées aux premières heures du jour. "On s'habitue avec la chaleur au bout d'un moment. Mais on essaie de travailler au soleil le matin et à l'ombre l'après-midi", explique Aurélien.
"On boit beaucoup d'eau et on prend des pauses quand c'est nécessaire", ajoute-t-il. En cas de fortes chaleurs, des dispositions spécifiques du Code du Travail s'appliquent aux employés travaillant en extérieur, notamment les employés du BTP. L'employeur a l'obligation légale de mettre à disposition des travailleurs au moins trois litres d'eau par jour et par personne et de prévoir un local pour accueillir les travailleurs ou des aménagements du chantier pour les protéger de la chaleur comme un local climatisé à proximité ou des abris.
Hydratation, pauses et rotation
Le couvreur se dit aussi vigilant envers ses collègues : "on se parle entre nous pour savoir si tout le monde va bien sur le chantier. La sécurité avant tout." Lorsque cela est possible, l'employeur doit également prendre des précautions pour réorganiser le temps de travail en aménageant les horaires et en organisant des pauses supplémentaires et/ou plus longues.
Au restaurant "Le Grill", la chaleur grimpe dans la cuisine. Jusqu'à "45-50 [degrés] quand tout est allumé" précise Valérie Julien, employée de l'établissement. Si la chaleur est étouffante, il est compliqué d'enchaîner les pauses en restauration. "Il y a des clients qui attendent donc on est obligés de courir quand même, on n'a pas le choix", souligne-t-elle.
Dehors, en terrasse, les clients tentent de se refroidir à l'aide de leurs éventails. Selon Riles Manseri, le gérant de ce restaurant ouvert il y a trois ans, les températures n'ont jamais été aussi fortes. Pour permettre à tout le monde de supporter la canicule, il a donc dû revoir tous les plannings. "Cette semaine, par rapport à la chaleur, on a mis deux [personnes] à la cuisine en plus, un au bar et un en salle pour pouvoir faire de la rotation", détaille le gérant.
Au total, sur l'Hexagone, 11 départements sont en vigilance rouge et 58 autres en vigilance orange. En Normandie, les températures devraient baisser dimanche avec l'arrivée des orages. Selon Matthieu Sorel, climatologue à Météo France, invité de franceinfo vendredi, "c'est la vague de chaleur la plus précoce jamais enregistrée en France" depuis 1947. "De nombreux records mensuels, voire absolus (...) devraient être battus dans plusieurs régions", prévient-il, y voyant un "marqueur du changement climatique."