48 heures après l’incendie qui a frappé à la raffinerie Esso-ExxonMobil près du Havre, France Nature Environnement Normandie estime dans un communiqué de presse que « l’événement était malheureusement prévisible compte tenu du passif de l’exploitation ».
Publié mercredi 13 mars sur X, le communiqué de presse de la fédération normande des associations de la nature et de l’environnement dénonce « l’incapacité des industriels à prévenir ce type d’accident malgré les alertes répétées de l’administration et de la société civile ».
🔥 Incendie à la raffinerie Esso-ExxonMobil de Port-Jérôme-sur-Seine : la suite logique d’un laxisme à répétition ?
— FNE Normandie (@FneNormandie) March 13, 2024
La réaction de France Nature Environnement Normandie ⬇️https://t.co/V5IfNOECJm
Cinq salariés blessés légèrement
Lundi 11 mars, vers 15h30, un incendie s’est déclenché dans une unité de distillation d’essence au sein de la raffinerie Esso-ExxonMobil, à Port-Jérôme-sur-Seine, près du Havre (Seine-Maritime). Des flammes ainsi qu’un panache de fumée étaient visibles sur ce site classé Seveso seuil haut.
L’industriel a activé un POI, un plan d’opérations interne pour faire face à cet accident. Une partie des salariés a été évacuée et une autre confinée sur le site. Cinq blessés légers sont à déplorer parmi les salariés. Le POI a pu être levé vers quatre heures du matin dans la nuit du lundi 11 mars au mardi 12 mars, après extinction du feu.
L'industriel épinglé à plusieurs reprises
Pour France Nature Environnement, cet événement ne doit rien au hasard, « compte tenu du passif de l’exploitation, habituée des écarts réglementaires majeurs ».
L’association rappelle que depuis une dizaine d’années, l’industriel a été épinglé à plusieurs reprises pour des écarts réglementaires.
Entre 2020 et 2023, l’inspection des installations classées a ainsi constaté plus de 50 non-conformités (corrosion sur les réservoirs de liquides inflammables, défauts des systèmes de détection de gaz, défauts sur les équipements sous pression, des systèmes d’alarmes ou encore des explosimètres) – ayant notamment justifié le placement d’ESSO sous vigilance
France nature environnement
Contactée par nos soins, la préfecture de Seine-maritime confirme 11 mises en demeure pour régularisation de sa situation depuis 2020, le dernier ayant été signé en 2024. Trois amendes et une astreinte ont également été décidées à l'encontre de cette société depuis 2022.
Selon France Nature Environnement, une amende de 15 200 euros a été décidée en 2022 pour ne pas avoir mis en conformité ses équipements sous pression et l’autre de 12 000 euros le 22 février dernier pour ne pas avoir respecté les valeurs limites d’émission dans l’air et dans l’eau de la Seine.
Interrogé ce matin, Xavier Lemarcis, membre du directoire risques et impacts industriels au sein de France Nature Environnement, a l'impression que depuis une dizaine d'années, il y a un laisser-aller préjudiciable à la sécurité.
Quand une plateforme dépend d’une société qui a des moyens financiers immenses, elle devrait au moins respecter les règles de sécurité imposées. La réglementation est une garantie de sûreté pour la population. Quand elle est détournée, évitée, reportée car elle gêne ou que l'industriel n'a pas le temps ou d’autres impératifs, on joue avec le feu, avec la vie des gens. Ce n'est pas acceptable.
Xavier Lemarcis, membre du directoire risques et impacts industriels / FNE
Sollicitée par téléphone pour réagir à cette mise en accusation, la raffinerie d'Esso-ExxonMobil n'a pas souhaité répondre à nos questions.
Hausse modérée du dioxyde de soufre selon Atmo
Concernant la qualité de l’air, Atmo Normandie s’est monté rassurant dès le lendemain de l’incendie.
Dans la nuit du lundi 11 mars au mardi 12 mars 2024, deux de leurs stations de mesure ont enregistré une « hausse modérée et ponctuelle du dioxyde de soufre (SO2) dans l’air ».
Le dioxyde de soufre est un gaz polluant traceur de l’activité de raffinage du pétrole.
Selon Atmo Normandie, cette élévation est restée bien en dessous du premier seuil du dispositif d’alerte à la pollution de l’air.
Par ailleurs, aucune trace de suie n’a été retrouvée sur le chemin parcouru par le panache de fumée.
