L’avocate de Jean-Marc Deperrois a demandé une troisième requête en révision du procès dit « de la Josacine empoisonnée». Elle s’appuie sur un rapport d’expert en toxicologie qui conclut à une incompatibilité entre le dosage retrouvé dans le flacon de Josacine et celui dans le corps de la petite Emilie Tanay.
L’affaire de la Josacine fait à nouveau la Une des journaux. Nos confères du Parisien révèlent que Maitre Valérie Rosano, l’avocate de Jean-Marc Deperrois, a demandé pour la troisième fois une requête en révision du procès de son client. En 2019, elle avait déjà confirmé à l’AFP qu’une troisième requête serait déposée :"C'est en cours, ça fait des mois qu'on est dessus", "Ça ne dépend pas que de moi, on attend des éléments. Quand je les aurai, je mettrai la dernière patte à la requête et je la déposerai à la commission de révision de la Cour de cassation"
La défense s’était déjà vue rejeter à deux reprises une révision et un recours auprès de la Cour européenne des droits de l’homme. Les conditions posées par le Droit français pour une demande en révision sont les suivantes :
"Une demande de révision est possible lors qu’apparaît un fait nouveau ou un élément inconnu au moment du procès et pouvant :
- établir l'innocence du condamné,
- ou faire naître un doute sur sa culpabilité".
Hors cette fois-ci, Maitre Rosano se base sur un rapport du professeur Frédéric Baud, toxicologue clinicien et spécialiste des produits cyanurés. Il conclut à une incompatibilité entre le dosage retrouvé dans la Josacine et dans celui de la dépouille de la petite victime.
La concentration en cyanure retrouvée aurait dû tuer la fillette sur le coup. Hors, la petite Émilie est décédée deux heures après la prise du médicament. Ces nouvelles informations relancent une autre hypothèse : celle d’un accident domestique camouflé par les Tocqueville.
Une affaire qui remonte à 1994
Ce fait divers aura bientôt 30 ans mais continue de faire couler de l’encre tant les doutes dans ce dossier sont nombreux. En juin 1994, Emilie Tanay passe la nuit chez un ami à Gruchet-le-Valasse près de Bolbec dans la famille Tocqueville. Souffrant d’une bronchite, elle doit prendre le sirop Josacine mais après la prise du médicament, la fillette de 9 ans se sent mal. Les secours sont appelés par les Tocqueville mais la petite mourra plus tard à l’hôpital. L’enquête montre que du cyanure a été ajouté à la Josacine. C’est l’amant de Sylvie Tocqueville, Jean-Marc Deperrois qui sera accusé. Il aurait voulu tuer le mari de sa maîtresse, pensant que la Josacine lui était destinée.
En 1997, la cour d'assises de Seine-Maritime a condamné Jean-Marc Deperrois à 20 ans de prison. Libéré en 2006, il a toujours nié les faits et se bat pour démontrer son innocence. Lors d'une de ses rares déclarations après sa libération, Jean-Marc Deperrois avait dit à nos confrères d'Europe 1 : "Ce n’est pas moi qui ai mis le cyanure dans la Josacine, c’est quelqu’un d’autre qui a fait ce geste-là. Moi, j’ai perdu plus de 15 ans de ma vie et maintenant, je me bats pour retrouver mon innocence. Il n’y a pas de preuves, pas d’aveux, pas de témoins… Et malgré cela, j’ai été condamné".
La contre-enquête de la mère d’Emilie Tanay
Corinne Tanay la mère d’Emilie a mené une contre-enquête très détaillée. Le livre "la réparation volontaire" est paru en 2019. Elle estime que les faits du 11 juin 1994 au domicile des Tocqueville ne sont pas résolus par l'enquête et l'instruction.
Des questions restent à poser aux principaux protagonistes, toujours vivants. « Trop tôt, l’hypothèse de l’accident domestique au domicile du couple qui recevait notre fille a été requalifiée en homicide volontaire » (la réparation volontaire, Corinne Tanay, ed. Grasset)