Trésor du patrimoine naval, la machine à vapeur du bateau-citerne Ondée est restaurée pour être exposée au Musée maritime et portuaire du Havre. Le public pourra voir la machine fonctionner. 

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L’Ondée sort des chantiers havrais en 1935. Affectée au port de Brest, la citerne à vapeur chauffant au charbon avitaille en eau les navires de la marine nationale, mais aussi certaines îles de l’Iroise comme Sein et Molène, qui manquent fréquemment d’eau l’été.

Capable de transporter 300 tonnes d’eau, le bateau-citerne offre en moyenne dix jours de consommation d’eau pour un village de 1000 habitants.

Pendant la deuxième guerre mondiale, elle se retrouve au fond du fleuve côtier La Penfeld - au nord de Brest -, ainsi qu’en 1982, suite à une voie d’eau accidentelle. Renflouée à chaque fois, l’Ondée a pris sa retraite en 1993, après soixante ans de service.

Un sauvetage collectif

Trop abîmée pour être entièrement restaurée, seule la machine à vapeur a pu être sauvée. L’association parisienne Amerami, propriétaire de la machine, se rapproche du spécialiste de la réparation d’ouvrages métaux havrais Fouré Lagadec au milieu des années 2010 pour lui confier la restauration. Gilles Fournier, alors PDG de la société, n’est autre que le petit-fils de l’un des constructeurs de l’Ondée. La boucle est bouclée.

C’est une pièce exceptionnelle, construite ici. La dernière de ce type visible en France !

Didier Raux, président de L’association du Musée maritime et portuaire du Havre

Amerami propose ensuite à L’association du Musée maritime et portuaire du Havre de récupérer la machine pour l’exposer dans les meilleures conditions. « C’est une pièce exceptionnelle, construite ici. Cette machine à vapeur à triple expansion restera une fois restaurée, la dernière de ce type visible en France », se félicite Didier Raux, président de l’association havraise.

Première étape de la restauration en 2017 : le grenaillage - décapage puissant des surfaces métalliques - chez Sapi, société basée à Saint-Vigor-d’Ymonville. Dans la foulée, traitement et application des peintures chez PBI, basé à Gonfreville l’Orcher. Avec le remontage fin 2021 chez Fouré Lagadec, l’aventure havraise touche à sa fin.

Un chantier à valeur pédagogique ajoutée

Dans l’atelier, quatre maintenanciers s’affairent pour remettre la machine en état de marche… plus de 2500 heures de travail. « Je suis fier de travailler sur une machine comme ça qui a une histoire », s’enthousiasme Kylian Leroux, apprenti chez Fouré Lagadec, « c’est pas tous les jours qu’on voit ça surtout à mon âge », reconnaît le jeune technicien de dix-huit ans.

Même si on a beaucoup évolué sur les machines, il y a beaucoup de similitudes par rapport à ce qu’on fait au quotidien.

Cédric Pimont, responsable du département mécanique

La machine a beau avoir soufflé ses quatre-vingt-six printemps, son fonctionnement reste un cas d’école pour le centre de formation de la société. « Ça permet de faire un parallèle avec tout ce que l’on fait actuellement sur nos sites pétrochimiques, même si on a beaucoup évolué sur les machines, il y a beaucoup de similitudes par rapport à ce qu’on fait au quotidien », explique Cédric Pimont, responsable du département mécanique.

La plupart du temps, les équipes travaillent sur les sites des clients, avec de nombreuses contraintes. Dans l’atelier et sur cette machine plus précisément, les conditions d’apprentissage sont idéales.  « On a plus de temps pour expliquer, pour montrer aux jeunes. Faire, défaire. Ici, on est à l’abri. On a tous les moyens de levage à disposition, tout le matériel, pas de bruit aux alentours… donc plus de facilité pour transmettre le savoir », confie le responsable.

La restauration est financée pour moitié par le mécénat, restent 20% de subventions via l’école de Fouré Lagadec plus 30% de fonds propres de la société.

C’est un rêve qui se réalise !

Jean-Pierre Ollivier, vice-président du Musée maritime et portuaire du Havre

L’exposition en mouvement

Encore quelques semaines avant la livraison de la machine au Musée maritime et portuaire du Havre. Jean-Pierre Ollivier, vice-président de l’association, suit la machine depuis une trentaine d’années. « C’est un rêve qui se réalise », s’émeut-il. « Ce type de machine à triple expansion a permis à la marine française et internationale d’avoir des machines souples, sûres et compétentes ».

Pour aller au bout de la démarche patrimoniale et pédagogique, tous les moyens ont été mis en œuvre pour voir la machine à vapeur à triple expansion fonctionner. « Il fallait que cette machine soit restaurée pour ne pas être présentée en statique mais en dynamique » insiste le président de l’association. « Elle va être animée avec un moteur électrique et on pourra voir les différentes fonctions, les vilebrequins, bielles, tiroirs… Tout ce qui fait que cette machine est exceptionnelle ! », renchérit le vice-président.

Rendez-vous à la mi-janvier pour découvrir ce témoignage rare du patrimoine maritime. Le musée maritime et portuaire du Havre, quai Roger Meunier ouvre ses portes tous les jeudis de 14 heures à 18 heures.

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