La flamme olympique fera le tour de la Normandie ou presque : un coup de com qui ne vaut pas le coût ?

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La ville du Havre a approuvé ce lundi 3 avril le passage de la flamme olympique lors du conseil municipal. Tous les départements normands ont décidé de jouer le jeu. Sauf l’Orne. On vous explique pourquoi.

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Les élus du conseil municipal du Havre ont voté hier en faveur de la délibération permettant l'organisation du relais de la flamme olympique de Paris 2024. La torche parcourra donc les rues du Havre le 5 juillet 2024, trois semaines avant l'ouverture des JO.


Si le tracé officiel reste encore à définir, lors du conseil municipal, Régis Debons, adjoint au maire chargé des Sports a indiqué que "le parcours proposé de quatre kilomètres au Havre passerait par des lieux iconiques de la ville tels que l’hôtel de ville, la rue de Paris, l’esplanade Nelson Mandela, le Volcan, l’église Saint-Joseph, l’avenue Foch, la porte Océane, l’esplanade de la plage". Une "parade active" et des animations festives, culturelles et sportives, émailleront cette journée, de 16h à 19h30, avant l'allumage du chaudron.

Les horaires et le programme seront affinés progressivement. Pour l'heure, malgré nos sollicitations, la Ville du Havre n'a pas souhaité dire davantage que ce qui figurait dans la délibération du conseil municipal.

Quatre départements normands verront la flamme

Le parcours officiel de la flamme olympique en France ne sera dévoilé qu'à la fin du mois de mai, selon le site des Jeux Olympiques et paralympiques de Paris 2024. Mais déjà, quelques annonces ont été faites concernant la Normandie.

Dès novembre dernier, la Seine-Maritime et le Calvados ont confirmé le passage du flambeau par leur territoire. Suivi en décembre par la Manche avec une arrivée très symbolique au Mont-Saint-Michel. 

Plus récemment, le 1er mars, Alexandre Rassaërt, le président du Département de l'Eure, s'est réjoui  d'"un beau moment d'engouement populaire en perspective" lors de la signature de la convention qui officialise le passage de la torche. 

Une somme jugée disproportionnée par l'Orne

Au printemps 2024, la flamme arrivera en France à bord du Bélem, l'un des plus anciens trois-mâts d'Europe toujours en navigation. Après une dizaine de jours de traversée depuis la Grèce, où elle aura été allumée lors d'une cérémonie à Olympie, elle accostera à Marseille. Pour remonter jusqu'à Paris, les relayeurs traverseront un département par jour. En Normandie, seul l'Orne n'a pas souhaité faire partie de l'aventure. 

La somme de 180 000 euros à débourser pour être département d'accueil de la flamme nous a semblé totalement disproportionnée

Alain Pelleray, directeur de cabinet du président du département de l'Orne

France 3 Normandie

Pour Alain Pelleray, "cela représente le montant global accordé par le département aux différentes fédérations sportives de l'Orne". Sollicité à la fin de l'année 2021 par une société privée, Olbia conseil, pour financer le passage de la flamme, le directeur de cabinet se souvient que l'absence de retour précis sur les retombées pour l'Orne ont conduit Christophe de Balorre, le président, à refuser cette proposition. 

Notre département préfère concentrer ses crédits, notamment en aidant les structures sportives à faire face aux conséquences de la crise sanitaire. 

Christophe de Balorre, président du Conseil départemental de l'Orne

Courrier envoyé en décembre 2021 à Olbia Conseil

Et l'Orne n'est pas le seul à avoir décliné l'offre. La Meurthe-et-Moselle, la Creuse, la Loire-Atlantique ont aussi dit non. "Quand vous voyez qu'un département plus riche comme celui de la Loire-Atlantique et ses 1,4 million d'habitants n'y va pas, il n'y a pas vraiment débat. D'autant que plusieurs de nos sites sportifs comme le Haras du Pin ou le centre de tir d'Argentan ont été labellisés centre de préparation des Jeux olympiques" conclut Alain Pelleray, le directeur de cabinet.

Quelles retombées après le passage de la flamme ? 

En 1991, avant l'ouverture des JO d'Albertville, la Normandie avait déjà vu passer la flamme. Le 25 décembre, par exemple, à Avranches, près de 12 000 personnes s'étaient massées pour assister à cette célébration contre les 5 000 attendues. 

Difficile pour autant de quantifier l'impact économique d'un tel événement pour Charles-Edouard Houllier-Guibert, maître de conférence en stratégie et territoire à l’Université de Rouen et rédacteur en chef de la revue Marketing territorial.

Les retombées du passage de la flamme n'ont rien d'économiques. Les spectateurs viennent pour quelques heures seulement, parfois avec leur nourriture. Mais, ça génère une popularité totale. En France, ce type d'événements clés fédérateurs sont rares.

Charles-Edouard Houllier-Guibert, maître de conférence à l'Université de Rouen en stratégie et territoire

France 3 Normandie

L'autre exemple, c'est le Tour de France poursuit le chercheur.  "Et là, les sommes investies ne sont pas les mêmes : il faut compter 300 000 euros pour être ville de départ ou d'arrivée. Mais en dehors de ces deux événements, les logiques événementielles culturelles en France sont très thématisées, rassemblant des groupes d'individus précis, et souvent les élites."

Les retombées à attendre sont donc davantage de l'ordre du symbolique précise Charles-Edouard Houllier-Guibert. "Il faut assumer que l’argent public puisse aussi servir à la valorisation des espaces. Le travail attendu c'est un travail de médiatisation".

Et bien sûr dans ce domaine, tous les territoires ne jouent pas à égalité. "Tout le monde n'a pas un mémorial de Caen, le Mont-Saint-Michel ou le Volcan d'Oscar Niemeyer. Le Havre est déjà une ville médiatiquement originale, dont l'image a été utilisée par exemple dans une publicité pour une grande marque de téléphonie chinoise. Les espaces ruraux avec des paysages interchangeables auront moins d’intérêt à se lancer dans l'aventure."

Même en cette période d'austérité, remarque le chercheur, "la puissance symbolique des Jeux olympiques est telle que certains départements font l’effort financier pour rassembler. Aujourd'hui, il est désormais plus accepté de dépenser de l'argent public pour de l'attrait et plus seulement pour des retombées économiques immédiates".

Pour aller plus loin sur ce thème :

L'Université de Rouen participe à la Semaine olympique et paralympique en organisant plusieurs tables rondes ouvertes au grand public avec des experts, des enseignants-chercheurs, des étudiants, mais aussi des acteurs du monde sportif.

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