Le cornichon français fait son retour près d'Etretat

Pourquoi manger des cornichons de marque française arrivés d'Inde par conteneur ? Un agriculteur de Saint-Sauveur d'Emalleville à la pointe de Caux a décidé de produire des cornichons localement. C'est la saison de la récolte.

"J'avais regardé un reportage d'"Envoyé Spécial" sur les cornichons indiens et j'ai étudié la question. J'ai constaté que les conditions climatiques et le sol étaient bons ici. J'ai tenté le coup". Jean-Baptiste Ricouard a déjà fait 3 récoltes de ces condiments. A la pointe de Caux, il cultivait déjà le lin, la betterave, le blé et le colza. Le terroir bon pour le lin est aussi favorable au cornichon. Il aime la chaleur et l'humidité. 

Ce condiment est acheté en direct par les particuliers et aussi par des restaurateurs et proposé dans des commerces de bouche. Sa provenance est un atout. "En voyant qu'il y a une forte demande de local, on s'adapte au client. Des cornichons, il n'y en avait pas chez nous".

Dans le champ, les graines semées en mai ont donné des touffes buissonnantes vertes dont les fruits sont des cornichons surmontés d'une fleur jaune.

Surveiller la croissance des cornichons et les cueillir à la main

Le cornichon est une plante rustique mais il faut se baisser pour surveiller sa croissance puis le cueillir, comme pour les fraises. C'est une contrainte qui explique pourquoi les marques ont choisi de délocaliser la culture dans les années 2000.

 La main d'oeuvre y est moins chère et le climat tropical permet plusieurs récoltes chaque année.

Sur les bocaux de cornichons, la provenance d'Asie ou d'Inde n'est pas lisible. C'est 90% de la production mondiale.

Près d'Etretat, la famille Ricouard est mobilisée pour que la récolte soit réussie :  "Il faut venir quasiment tous les jours ou tous les deux jours sur le même rang. Il faut être régulier sur la cueillette sinon le cornichon pousse trop vite, on a très vite de trop gros cornichons alors que les gens aiment les cornichons fins" explique Aurélie, la femme de l'exploitant agricole. 

"On les rince à l'eau, on met du gros sel. On les laisse dessaler ensuite on les met dans du vinaigre blanc coupé à l'eau dans les fûts. Ils macèrent pendant environ deux mois et on peut les mettre en bocal"

 

L'agriculteur est résolu à continuer cette culture. Il faudra trouver des parades aux déterrages de graines par les lièvres cauchois. "On démarre doucement mais il faut continuer à progresser,  être plus constant sur la production. Peut-être investir dans un labo, du matériel de nettoyage. Malheureusement la cueillette se fera toujours à la main il n'y aura pas de machine pour ça".

Dans les épiceries et sur les cartes de restaurants à Etretat, ces cornichons affichent fièrement " production artisanale normande".

Ils auraient pu trouver leur place dans le panier du personnage de Maupassant "Boule de Suif", partagé dans la diligence entre Rouen et Dieppe : "Le premier pas seul coûtait. Une fois le Rubicon passé, on s'en donna carrément. Le panier fut vidé. Il contenait encore un pâté de foie gras, un pâté de mauviettes, un morceau de langue fumée, des poires de Crassane, un pavé de Pont-l'Evêque, des petits fours et une tasse pleine de cornichons et d'oignons au vinaigre, Boule de suif, comme toutes les femmes, adorant les crudités. On ne pouvait manger les provisions de cette fille sans lui parler. Donc on causa, avec réserve d'abord, puis, comme elle se tenait fort bien, on s'abandonna davantage." (Boule de Suif, Guy de Maupassant,1880)

 

 

 

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