À moins de 3 semaines du premier tour des élections législatives anticipées, l'ancien Premier ministre Edouard Philippe appelle à un élargissement de la majorité présidentielle. Le maire du Havre assure qu'il va faire campagne, "j'ai libéré tout mon agenda, je vais défendre les candidats Horizons", assure-t-il.
Deux jours après l'annonce choc d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale, son ancien Premier ministre Edouard Philippe a pris la parole chez nos confrères de RTL.
Le maire du Havre ne prend pas position sur la décision du chef de l'Etat mais commente : "nous entrons dans une phase compliquée et déterminante pour le pays, [...] redonner la parole aux Français, ce n'est jamais une mauvaise idée."
"Le RN est favori de la prochaine élection législative"
À l'image des résultats sur tout le territoire, en Normandie, le RN a percé lors de l'élection européenne du 9 juin dernier. Pour le maire du Havre (Seine-Maritime), où le Rassemblement National est arrivé largement en tête avec 27,67 % des voix, le parti de Marine Le Pen part avec une longueur d'avance sur ses adversaires : "Le RN a gagné dimanche dernier et de toute évidence, parce qu'il a gagné cette élection, il est le favori de la prochaine élection législative".
Édouard Philippe s'inquiète aussi de la période qui s'ouvre : "personne n'avait prévu la dissolution de l'Assemblée Nationale le soir des élections européennes. Il y a un effet de surprise évidemment [...] Je ne crois pas que le Front National fera du bien à la France alors je me bats".
Dans les prochains jours l'élu normand assure qu'il va battre la campagne et se concentrer sur l'échéance à venir. Édouard Philippe va multiplier les déplacements dans la région et partout en France pour soutenir les candidats de la majorité. Sera-t-il candidat lui-même ? Non, "je suis maire du Havre et je n'ai pas pour ambition de (re)devenir Premier ministre".
Reste désormais à savoir avec quelle majorité Édouard Philippe entend-il mener campagne.
Une majorité avec le "bloc central", du PS aux LR
Alors qu'il semble difficile pour Renaissance d'obtenir seule la majorité absolue dans l'hémicycle, Édouard Philippe appelle à l'élargissement du camp macroniste.
"La question c'est de construire une nouvelle majorité, en commençant par les idées. [...] Je considère qu'aucun parti politique à lui seul n'est en mesure de mettre en oeuvre une réponse à la demande des Français. Il faut donc être ouvert, accepter de pouvoir travailler avec d'autres."
Edouard Philippe, maire (Horizons) du HavreRTL
Si le RN semble en position de force pour obtenir une majorité d'élus le 7 juillet prochain, Edouard Philippe ne semble pas résigner. Il appelle les partis "républicains" à réfléchir à une alternative à l'extrême-droite. "Comment on construit la future majorité ? En posant des principes clairs. [...] A ceux qui sont à l'extérieur de la majorité nous devons dire : construisons ensemble un projet dans l'intérêt du pays", espère-t-il sur RTL. "Avant 2027, il y a 3 ans. Avant les législatives il y a 3 semaines. [Nous devons construire cette coalition] avec toutes les forces politiques à l'intérieur du bloc central", ajoute-t-il.
En ligne de mire, les candidats PS et LR prêts à rejoindre une future coalition au Palais Bourbon. Pour l'heure, l'initiative d'Édouard Philippe est fraîchement reçue, notamment par le président du parti LR, Eric Ciotti.
Jamais avec nous !
— Eric Ciotti (@ECiotti) June 11, 2024
Edouard Philippe prône une alliance avec ceux qui se sont déshonorés en acceptant l’alliance avec les amis de Mélenchon ! https://t.co/QzDE3mzFq6
A droite également, Xavier Bertrand, s'exprimait sur Franceinfo:, le président de la région Hauts-de-France n'a pas répondu directement à l'appel du maire du Havre, mais il semble exclure toute tractation avec le parti présidentiel et ses alliés.
.@EmmanuelMacron est un moteur de la progression de l’extrême droite. Il ne préside pas pour les Français, il préside pour lui !
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) June 11, 2024
Lors de sa prise de parole, quelqu’un peut lui demander s’il est prêt à se débarrasser de son égoïsme et à se battre pour la France et les Français ? pic.twitter.com/3ikF4d9jVG
Pour l'ancien Premier ministre, tout est à construire. Il devra en trois semaines, avec les cadres de la majorité présidentielle, convaincre une majorité de Français, "sinon l'alternative sera soit le RN et je pense que c'est mauvais pour le pays, soit une candidature fantasmée de l'union de la gauche", prévient Edouard Philippe.