Les camps cigarettes indissociables de l’Histoire du Havre

La Côte d’Albâtre comptait des dizaines de camps cigarettes à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Un patrimoine historique qui a servi au-delà de la mission des soldats américains.

Si la Normandie se souvient régulièrement des Américains au moment de la Seconde Guerre Mondiale, la région du Havre possède une histoire particulière avec les soldats de l’oncle Sam.

En 1945, plusieurs camps cigarette sont montés à la hâte tout le long de la Côte d'Albâtre du Havre à Saint-Valery-en-Caux. Des logements de fortune qui vont héberger des milliers de GI's en attente de retour aux Etats-Unis à la fin de la Bataille de Normandie.

Des militaires qui côtoyaient quotidiennement la population locale et les familiarisaient à la culture américaine à grands renforts de chewing-gums, coca-cola et bien-sûr paquets de cigarettes.

Ces campements portaient tous le nom d’une marque de tabac pour ne pas être géolocalisés par l’ennemi.

"C'était une bande de copains les Américains"

Bénédicte Drouet a rencontré deux amis Havrais qui se souviennent de leur enfance près d’un camp installé dans la forêt de Montgeon. Agés d’une dizaine d’années, ils passaient beaucoup de temps dans le camp Tareyton pour jouer au base-ball et au basket avec les Américains ou encore leur faire quelques courses.

De cette histoire, il ne reste sur ce site forestier que la cloche de l’église du camp. Mais dans la tête de Maurice Chatigny et Pierre Pariset les anecdotes sont intactes : « le soir quand je repartais chez moi, chaque soldat mettait au pied de son lit soit une tablette de chocolat, soit du pain, des cigarettes et du chewing-gum ! »

« C’était une bande de copains les Américains, j’allais leur faire des courses, chercher du cognac dans les bistrots. Mon cousin et moi on récupérait les bouteilles vides de cognac et on les remplissait d’un mélange d’eau et de café pour retrouver la couleur de cet alcool. A travers le grillage on donnait la bouteille au soldat, on récupérait l’argent et on filait vite ! »

En 1947, les Américains quittent le Havre meurtrie par la guerre et détruite à 85% par les bombardements. Ces logements serviront pendant plus de deux décennies à reloger les Havrais sinistrés.

Le camp Philip Morris situé à Gonfreville-l’Orcher était devenu une véritable petite ville avec près de 310 baraquements logeant plus de 600 familles. Les baraquements étaient divisés en deux logements : d’une part 30 m2 pour loger une famille avec 4 enfants, d’autre part 60 m2 pour une famille avec 8 à 10 enfants, pas de salle de bain et un point d’eau…au fond de la cour. Même si les conditions de vie étaient précaires, il y régnait un immense esprit de fraternité et de solidarité.

Aujourd’hui, vous pouvez visiter deux baraquements reconstitués à Gonfreville l’Orcher : l’un est dédié à la vie des soldats de 1945 à 1947, l’autre propose de revivre le quotidien des familles relogées.

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